Auteur: Amirouche
Date: 2002-02-20 22:56:01
Ak yaâfu rabi !! C'est exactement ce que je clamais depuis deux ans sur ce forum à qui voudrait l'entendre. Il y a un boulot fou à faire sur la berbérité. On n' a même pas une vraie carte linguistique réactualisée. Il est vrai que le facteur favorisant l'assimilation n'est pas bien cerné en Berbérie. On ne connaît pas tout. Or, comme vous le dites très justement, nous avons des populations isolées en voie d'arabisation, un phénomène observable in vivo. S'il existe des universitaires dignes de ce nom (les berbérisants surtout), la matière est là, en danger de disparition, à jamais. Il est très urgent de commencer par délimiter les zones ou isolats linguistiques et de procéder au recensement (parfois le nombre ne dépassant pas quelques dizaines de vieillards, si ce n'est moins), enregistrer ces parlers, toute cette littérature qui se meurt, partout en Algérie, idem ailleurs.
Vous l'avez bien compris. On s'égosille à déblatérer à propos de Massinissa et autres, alors que nos ancêtre sont ceux qui vivent avec nous, ou ceux qui se meurent sans que personne ne s'en émeuve. Si j’étais à la place de Salem Chaker, j'enverrais tout le monde en Afrique du Nord travailler sur le terrain. On n'a pas besoin de compilation, mais d'un travail neuf, vrai, vivant. Le matériau existe mais pour combien de temps encore? En fait afin d’aller encore plus pertinemment, nos parents eux-mêmes présentent une richesse inouie. Il suffirait de savoir les écouter et de formaliser leurs pensées, notre système de pensée, ne pas les prendre pour des analphabètes, des attardés ou encore plus grave : des croyants superstitieux. Une catégorie de pensée complètement étrangère à nous, divisant le monde entre rationalistes (donc La vérité) et non rationalistes (donc charlatanesque). Enfin, c’est un autre débat celui-là.
Votre copain devrait en premier lieu s’assurer si le nom qu’il porte est celui de sa tribu. Souvent ce n’est pas le cas au Maghreb. L’Etat civil a été imposé en Algérie de façon abjecte et humiliante, et ce dans un esprit de domination en divisant les tribus, les familles pour les affaiblir et de les contrôler ensuite. Généralement, comme c’est le cas en Kabylie, l’usage populaire garde l’ancienne (appellation) appartenance familiale ou tribale. J’ai déjà évoqué ce sujet.
Pour revenir aux parents gardiens de nos valeurs, surtout les femmes, je n’ai vu aucune association insister sur l’apport fabuleux des vieux, donc de leur importance dans la transmission et la reconstruction identitaire. La présence africaine est aussi nulle. On fait appel souvent aux Bretons (très respectables au demeurant) mais jamais leurs voisins authentiques. Notre profondeur historiques, psychologique, anthropologique est magistralement ignorée. C’est ce qu’on appelle l’acculturation.
A bientôt.
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