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Le Blog
Interview du Webmestre sur France3
 Re: Une liste
Auteur: al djazaïri 
Date:   2001-07-04 15:12:14

Peut-être. J'observe que dans la tragédie que vit l'Algérie depuis une décennie la plupart des victimes ne sont pas forcément du côté que l'on croit. Bien sûr les escadrons de la mort ne publient pas de liste, ils se contentent de biffer un à un les noms (quand il ne s'agit pas de la masse des victimes anonymes) de ceux qui ont été éliminés.
Ci-joint un texte de François Burgat pour illustrer mon propos.

Les droits de l'homme non barbu
Pour eteindre l'incendie de la violence, peut-on isoler les "mauvaises" flammes et souffler sur les "bonnes" dont on pourrait s'accommoder ? C'est ce curieux procede que classe politique et medias francais ont paru longtemps faire leur. Dans les medias, le monopole de representation de la population algerienne va tres vite etre conquis par les avocats de la seule rhetorique eradicatrice. La grille de lecture de la violence qui s'impose alors s'en trouve formidablement tronquee: il existe en Algerie un "terrorisme" qui menace la democratie. Heureusement, l'armee du fond de ses casernes, les "democrates", kabyles pour la plupart, "du haut de leurs montagnes", et, partout ailleurs, "les intellectuels" et "les femmes", veillent, raison pour laquelle les integristes s'emploient a les assassiner. Dans la realite, les mobilisations associatives laïques ne renouvellaient pourtant aucun des equilibres attestes par les deux scrutins successifs, et ne pouvaient pas davantage etre erigees en expressions credibles d'une societe civile qui leur etait largement etrangere. Les quelques sigles vides brandis par une petite dizaine de specialistes de la communication politique vont pourtant disposer en France d'une surface mediatique inversement proportionnelle a la realite de leur ancrage social en Algerie. De meme, la capacite de mobilisation de l'Union generale des travailleurs algeriens (UGTA, dont la direction etait tres proche de l'ex-PAGS, communiste) ne pouvait pourtant aucunement se mesurer serieusement en 1992 au nombre des adherents qu'elle avait quatre ans plus tôt en tant que syndicat unique d'un systeme politique non pluraliste. Enfin, sans mettre en doute la bonne foi d'une majorite d'entre elles - il est avere que certaines associations feministes seront detournees de leur itineraire initial par les autorites militaires pour capter a leur benefice les dividendes de l'emotion occidentale dans ce domaine. Toutes celles d'entre elles qui refuseront de s'identifier au discours du regime se verront en effet refuser les moyens de s'exprimer, alors que les projecteurs de la presse nationale monteront en epingle celles dont le combat s'identifiait a la ligne eradicatrice. La strategie d'une partie au moins de cette "societe civile" autoproclamee a donc ete de se rapprocher de celle du regime militaire jusqu'a s'y identifier totalement. Dans une trop large partie de l'intelligentsia francaise, la desinformation va pourtant exercer durablement ses ravages et la guerre psychologique declenchee par les services secrets algeriens remporter de formidables succes. Pendant de longs mois, un double corporatisme va circonscrire a peu de choses pres les protestations des intellectuels a la seule defense de leurs pairs, pour autant qu'ils ne soient pas islamistes. Il etait pourtant difficile d'oublier que les campagnes electorales de juin 1990 et de l'automne 1991 ne s'etaient pas jouees a la Kalachnikoff; que les "bons" intellectuels du RCD et de l'ex-PAGS et que telles militantes feministes qui allaient ensuite monopoliser les medias francais avaient bel et bien eu l'occasion de s'y exprimer en toute liberte. Mais voila - tout le probleme est bien la -, ils avaient eu egalement le loisir d'y verifier que leur capacite de communication avec leur propre societe etait proche de zero. Candidate a la deputation, Khallida Messaoudi (depuis lors nommee depute par le pouvoir) avait en decembre 1991, recueilli moins de 1% des suffrages exprimes. Le RCD, quant a lui, en avait capte moins de 3%. Et le PAGS, qui pretendait avoir derriere lui les "trois millions d'adherents de l'UGTA", beaucoup moins encore. Si le FFS d'Aït-Ahmed avait fait mieux, c'etait surtout en terre kabyle, sur la base de reflexes de solidarites ethniques et regionalistes qu'en Yougoslavie notamment, il est de bon ton de denoncer. Et il faut etre de fort mauvaise foi ou bien naïf pour interpreter ce vote kabyle comme un desaveu du camp islamiste ou un engouement particulier pour la democratie. Si l'on s'en tient aux termes et a l'esprit des definitions les plus communement admises, la societe civile existe pourtant bien en terre algerienne. Elle y est meme plus developpee, plus active et plus autonome vis-a-vis de l'Etat qu'on ne le pense generalement, a cela pres toutefois que ce sont les puissants reseaux associatifs... islamistes qui la representent. La suite allait le demontrer. Les pieges de la desinformation En Algerie, "tout ceux qui pensent francais" ont-ils vraiment ete de ce seul fait "condamnes a mourir" sous les coups de la violence islamiste ? Formule bien brutale que celle que nous a longtemps assene Bernard-Henri Levy aux heures de grande ecoute. Il y manquait tout de meme une precision essentielle. Dans la tourmente algerienne, nombre d'intellectuels ont bel et bien ete assassines, dont une bonne part n'avaient jamais manie d'autre arme que leur plume. Mais lorsque Rachid Mimouni, en mai 1994, en denombre une dizaine , ils sont deja infiniment plus nombreux : plusieurs centaines, au faîte de leur carriere ou fraîchement sortis des universites, surpris le matin sur le pas de leur porte ou enleves en pleine nuit, tortures sauvagement et brises a vie, abattus au grand jour, devant leur famille ou au fond d'une geôle, brises, asphyxies, electrocutes et bien evidemment enterres loin de toute cameras. Certains pensaient comme Rachid Mimouni ou comme Rachid Boudjedra . D'autres, par centaines, au nombre desquels les 1 224 enseignants membres ou sympathisants du FIS arretes en 1992, pensaient differemment. Mais tous pensaient. Certains etaient les heritiers prestigieux des nationalistes dits laïques des annees soixante ou des oppositions marxistes nees dans leur sillage. D'autres etaient les emules d'un courant islamiste qui bien avant d'envahir la rubrique des faits divers avait, en la personne de l'ingenieur Malek Bennabi, donne a l'Algerie l'un de ses plus prestigieux cerveaux ; pas seulement arabophone d'ailleurs . Un courant bien loin d'etre aussi hermetique qu'on nous l'a longtemps ressasse a tout ce que notre culture a pu produire, surtout lorsque elle ne tente pas de s'arroger un pretentieux monopole d'acces a la modernite. Il faudra pourtant pres de deux ans pour que les rapports d'Amnesty International et la volonte d'un petit nombre de journalistes ou d'universitaires de s'abstraire des communiques du ministere algerien de l'Information devoilent quelques pans d'une realite infiniment plus ambivalente. Comme le titrera Liberation en commentant le rapport d'Amnesty d'octobre 1994 , en matiere de violence, groupes armes et Etat "devaient etre renvoyes dos a dos". Le secretaire general du FLN, revenu plus vite que bien des "democrates" de l'impasse de l'option eradicatrice, officialisera le bien-fonde de ces premiers soupcons en declarant en novembre 1994 a Rome : "Il y a des pays qui ont le soldat inconnu. Nous, nous avons les cadavres inconnus. Ces cadavres dont aucun communique n'accepte de parler mais dont le peuple tient le compte. Nous avons souvent demande la mise sur pied de commissions d'enquete independantes pour laver l'Etat du soupcon qui pese sur lui d'etre l'auteur de ces crimes. Nos demandes sont demeurees sans reponse. [...] Nous avons fait admettre a l'opinion internationale et notamment a beaucoup de pays europeens que la violence ne relevait que d'un phenomene de terrorisme qui appelait un traitement securitaire. Or, malgre toutes les deviations qu'il a connues, ce qui se passe en Algerie est loin de relever du terrorisme : c'est un mouvement de resistance qui a le soutien d'une partie de la population." Declarations tardives mais essentielles pour qui voudra comprendre la chronologie et la structure de la violence "islamique". En Algerie, se sont effectivement places en danger de mort tous ceux qui ont pense, en arabe tout autant qu'en francais, qu'ils pouvaient, contre la volonte d'une evidente majorite de la population, se maintenir eternellement au pouvoir par le fer et par le sang. La violence a laquelle ils se sont progressivement trouves confrontes n'est a bien des egards que celle qu'ils ont initiee pour certains d'entre eux, appelee de leurs voeux ou activement legitimee pour d'autres. Lorsque se multiplient les arrestations massives, que se banalise l'usage des tortures les plus barbares, lorsque les familles des sympathisants reels ou supposes du camp islamiste retrouvent les corps demembres de leurs proches, brûles, transperces, emascules, lorsque se generalisent les executions sommaires et les represailles collectives, l'extraordinaire selectivite et l'exceptionnel parti-pris de la presse eradicatrice quittent le registre du "journalisme", de la "pensee" ou de l'"intelligence" pour celui d'une guerre sans merci où les coups echanges par les deux camps participent d' une identique violence. La figure d'un "double terrorisme" a laquelle vont se rallier tres progressivement les observateurs internationaux n'en conserve pas moins une dimension dangereusement opacifiante. S'ils appartiennent a n'en pas douter a la meme famille, s'ils doivent etre denonces avec la meme fermete, les "deux terrorismes" algeriens n'en constituent pas moins en effet de bien etranges jumeaux. Le "terrorisme islamique" est ne en effet de la derive radicale (et, sous reserve d'enquetes a venir, du possible devoiement de certains de ses elements) d'un puissant mouvement populaire sorti a deux reprises vainqueur des urnes et soumis pour cette raison a une formidable offensive repressive. Le terrorisme de l'aile radicale du pouvoir militaire algerien n'est en revanche que le terrain de repli, la solution de desespoir, la derniere carte d'un regime abandonne non seulement par son electorat naturel mais par des bataillons entiers de ses propres cadres. L'"explication" de la violence passe des lors par la restauration d'une causalite essentielle. Les "deux terrorismes algeriens" ne sont pas des jumeaux : l'un a tres consciemment enfante le second et l'a ensuite aide de surcroît a se developper. Pour le pouvoir, la radicalisation du camp islamiste a moins ete un obstacle que la consequence logique de son comportement ; mais surtout, cette radicalisation est devenue un objectif delibere de sa strategie, l'indispensable point d'ancrage de sa politique de communication locale et internationale. Si le terrorisme "islamique" se passerait volontiers du terrorisme du regime, l'inverse est donc loin d'etre vrai. Car les militaires redoutent bien moins la violence des bombes aveugles qui confortent leur rôle suppose de "gardien de la paix civile" que celle des bulletins de vote susceptibles d'attester l'ampleur de leur discredit. Non seulement la violence aveugle ne leur est-elle ainsi que tres indirectement prejudiciable mais ils en ont a bien des egards un "besoin" politique vital. C'est donc aux historiens de l'Algerie des annees quatre-vingt-dix et a eux seuls qu'il appartiendra de nous dire un jour, qui au juste, depuis fevrier 1992, a assassine qui. Il leur appartiendra pour ce faire de demeler bien sûr l'echeveau de la violence "islamique" et de la violence repressive. Il leur faudra cerner ensuite, plus difficilement, l'impact d'une delinquance tres peu politique que l'effondrement de l'Etat de droit et la remise en circulation de milliers de detenus a considerablement renforcee. Il leur faudra egalement faire la part des violences internes aux deux camps en presence, longtemps attribuees aux seuls islamistes. Au sein du pouvoir, une partie de la violence d'Etat a vise en effet a intimider les adeptes d'une solution negociee ou tous ceux dont la "foi eradicatrice" venait a vaciller. L'assassinat de Mohamed Boudiaf, en juin 1992, en constitue un remarquable exemple. Celui de Kasdi Merbah, en août 1993, egalement : meme s'il a, comme bien d'autres apres lui, ete dûment "revendique par le GIA" et les noms de ses responsables presumes, passes au prealable de vie a trepas, brandis devant la presse, l'assassinat de l'ex-Premier ministre (et ex-responsable de la Securite militaire), leader du petit parti du MAJD, qui venait d'entreprendre une mediation avec des representants du FIS en exil, entre tres vraisemblablement aussi dans cette categorie-la . Mais tout autant celle de certaines personnalites jugees trop critiques et dont la mort pouvait de toute facon etre inscrite avec profit, on va le voir, sur l'ardoise de la "violence du FIS". Car les historiens devront ensuite et surtout recenser les innombrables provocations sur lesquelles les forces armees ont manifestement erige leur politique de communication et de mobilisation. Hocine Aït-Ahmed, le leader du FFS, a ete l'un des premiers a denoncer publiquement cette "culture de la manipulation" qui caracterise de longue date le regime algerien et qui a joue un rôle plus important que jamais a partir de fevrier 1992. Des lors, un autre axe de lecture permet de mieux comprendre la derive algerienne : une fois chasses les correspondants etrangers, terrorises les envoyes speciaux, museles les relais de la presse locale, en commanditant l'assassinat de quelques dizaines de personnalites de la scene culturelle et religieuse, les autorites militaires algeriennes ont place l'opinion publique occidentale sous une perfusion anesthesique qui leur a permis de deployer a l'abri des regards et de la reprobation internationale une entreprise de repression sans precedent depuis la guerre contre le colonisateur. A cette sinistre besogne, la frange radicale du courant islamiste, les "islamistes habilles en militaire", a a l'evidence pris une part active. Capable a n'en point douter de tuer "l'autre" en raison de sa seule alterite religieuse ou raciale , la frange extremiste du mouvement a sans l'ombre d'un doute joue le rôle que l'on attendait d'elle : tisser avec "les militaires deguises en islamistes", c'est-a-dire les officines occultes de l'armee, une mortelle collaboration . Vis-a-vis de l'opinion internationale, l'objectif du pouvoir etait bien sûr de faire apparaître l'option eradicatrice comme la seule viable. Le verrouillage de la presse et le lobbying systematique et etonnamment efficace des milieux associatifs et des medias francais ont vite reussi a perturber le flux normal d'informations sur la structure, la distribution et la logique de la violence. Pour les manipulateurs de tous bords, la tâche s'est en fait revelee etonnamment facile. Il a suffi de flatter une repulsion tres instinctive a l'egard du courant islamiste pour que l'intelligentsia francaise, ailleurs si sourcilleuse, se montre d'une extraordinaire credulite et que la presse accepte de reproduire fidelement les communiques des services de securite. A la moindre sollicitation de la baguette militaire algeroise, televisions et radios en tete, journaux reputes "serieux" et militants souvent de bonne foi dans leur sillage, ont longtemps repondu ainsi avec un extraordinaire empressement, faisant surenchere de manchettes accusatrices, d'editoriaux vituperants, de chroniques vengeresses, de "debats" unanimes et de caricatures definitives. Le FIS "s'en prend a la matiere grise". Il "refuse l'intelligence" et "la culture". Il "interdit de penser". Le 29 juin 1992, Boudiaf est-il assassine par ceux-la memes qui l'ont porte au pouvoir, que les explications peremptoires fusent de tous bords, y compris bien sûr de ceux qui, en toute bonne foi, entendent defendre "les droits de l'homme" et "des femmes", "contre 'integrisme". "Boudiaf", analyse alors l'un d'entre eux "representait plusieurs symboles [...] : celui du heros historique [...] et celui de l'integrite [...]. C'est ce double symbole qu'il fallait abattre ." C'est la un debut d'explication puisque chacun sait que l'integrite est une vertu insupportable aux islamistes. Mais les professionnels algeriens de la communication etaient la pour aider a affiner l'analyse. Boudiaf a ete assassine dans une maison de la culture ? Ce n'est pas un hasard vient donc "expliquer" Rachid Boudjedra aux telespectateurs de TF1, c'est parce que "le FIS hait la pensee, l'intelligence, la culture" . A l'interieur du pays, la tâche du regime etait evidemment bien moins facile. C'est une population par definition mieux informee et moins credule qu'il convenait de detourner par tous moyens de l'"impasse islamiste" dans laquelle elle avait commis l'"erreur incomprehensible" de venir se fourvoyer. Les mots, de ce côte-ci de la Mediterranee, ne pouvaient donc suffire.

 Sujet Auteur  Date
 Nahnah sort le glaive  nouveau
Hacéne 2001-07-02 12:36:25 
 Une liste  nouveau
Azrem 2001-07-02 20:47:00 
 Re: Une liste  nouveau
al djazaïri 2001-07-04 10:50:14 
 Re: Une liste  nouveau
Hacéne 2001-07-04 12:33:20 
 Re: Une liste  nouveau
al djazaïri 2001-07-04 15:12:14 
 ça gène !!!!  nouveau
AGAMESTAN 2001-07-04 18:58:56 
 Re: sortir de son trou pour balaye devant sa porte  nouveau
al djazaïri 2001-07-05 06:20:03 
 Re: ça ne me gêne pas de vous prêter un balai  nouveau
al djazaïri 2001-07-05 09:55:34 
 Re: ça ne me gêne pas de vous prêter un balai  nouveau
Hacéne 2001-07-05 13:10:35 
 Re: le balai, mode d'emploi  nouveau
al djazaïri 2001-07-05 14:56:15 
 Re: le balai, mode d'emploi  nouveau
Hacéne 2001-07-05 18:07:52 
 Re: ramasse miettes  nouveau
al djazaïri 2001-07-06 07:06:08 
 Re: ramasse miettes  nouveau
Hacéne 2001-07-06 11:51:03 
 Re: ramasse miettes  nouveau
al djazaïri 2001-07-06 13:17:55 
 Re: ramasse miettes  nouveau
Hacéne 2001-07-06 14:07:20 
 Re: ramasse miettes  nouveau
al djazaïri 2001-07-06 15:55:20 
 Re: Une liste  nouveau
nabila 2001-07-04 12:22:45 

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