Auteur: al djazaïri
Date: 2001-06-16 14:56:12
El Watan 16 juin 2001
Des émeutiers incontrôlables
Les organisateurs de la marche de jeudi n’ont pas pu maîtriser les milliers de jeunes survoltés qui ont fait basculer une manifestation, voulue pacifique, dans l’émeute.
La marche des archs devait démarrer à 13 h 30 des Pins maritimes, selon ses initiateurs. Pourtant à 11h, des milliers de jeunes marcheurs arrivaient déjà à Belcourt, par le front de mer. Torses nus, ou simplement vêtus d’un maillot de corps sans manches, le visage peinturé, beaucoup étaient munis d’armes blanches (bâtons en bois, barres de fer, haches, marteaux, tournevis...). Ils noyaient, quasiment, un carré formé par des étudiants des universités d’Alger et deux autres par les manifestants de Seddouk et Bouzeguène. Les mots d’ordre de la marche devenaient inaudibles sous l’assourdissant bruit des bâtons qu’ils abattaient sur les rambardes de la bande séparant les deux voies de l’autoroute. Au fur et à mesure que la procession avançait, des manifestants mettaient le feu aux pneus et les laissaient brûler sur les bas-côtés.
Vers 11 h 30 , un groupe d’adolescents s’apprêtait à prendre d’assaut la station d’essence du Caroubier, protégée par cinq policiers, en vue de l’incendier (elle le fut d’ailleurs quelques heures plus tard).
Deux organisateurs, reconnus à leur badge, aidés par des manifestants,
les en empêchèrent in extremis. Quelques encadreurs de la marche, isolés, donnaient l’impression d’être complètement dépassés par la tournure que prenait la manifestation. On était loin — très loin même — de l’ordre impeccable qui a caractérisé la marche des archs à Tizi Ouzou, le 21 mai dernier. Les signes de dérapages étaient perceptibles dès le départ. De jeunes casseurs ont pris au dépourvu les délégués des archs en arrivant à
Alger à l’aube, c’est-à-dire bien avant les marcheurs disciplinés.
Ils ont pris de facto la tête de la manifestation, décidés à faire la «guerre à Alger», si on les empêche de parvenir jusqu’au palais présidentiel. C’est ce que déclaraient les manifestants, de l’embouchure de l’échangeur de Mohammadia à la place du 1er Mai, en brandissant leurs objets contondants.
A partir de là, il était impossible de les raisonner, encore moins de contenir leur rage et de sauver une manifestation qui aurait pu se dérouler dans des conditions normales. Les initiateurs de la marche de jeudi, qu’on présentait avec beaucoup d’espoir comme «historique», ont sans doute une
part de responsabilité. Selon les témoignages d’habitants de villages de la Kabylie, les jeunes se préparaient à l’affrontement suite à la circulation de rumeurs sur l’interdiction de la marche, puis du changement de son itinéraire.
SOUHILA H.
|
|