Auteur: al djazaïri
Date: 2001-06-17 01:21:20
Bien que relativement dépourvu d'imagination et ignorant en matière de science politique j’ai essayé de décrypter le message des manifestants kabyles du 15 juin à Alger. Je suis parti de l’hypothèse que le langage qu’ils utilisaient était assez proche de celui qui se parle assez couramment dans cette chère ville de Vénissieux où j’ai grandi (des parlers assez voisins sont pratiqués dans d’autres lieux tels Vaulx-en-Velin, Rillieux-la-pape, La Courneuve etc.). Il s’agit essentiellement d’un langage gestuel dont la pratique demande un haut niveau de culture physique. Voici ma proposition de décryptage avec d’abord la séquence gestuelle puis sa traduction en termes politiques (les thèmes ne sont pas classés par ordre d’importance) :
*destruction et arrachage des panneaux de signalisation : revendication d’une meilleure signalétique dans la ville d’Alger. Ou peut-être de panneaux en « tamazight » : la destruction signifierait alors « pas de panneaux sans « tamazight ».
*destruction de la caisse d’assurance et dispersion des documents relatifs aux assurés sociaux : exigence d’une sécurité sociale totalement informatisée afin d’éviter le recours aux documents papiers.
*destruction du siège de l’entreprise de maintenance des ascenseurs : revendication d’une meilleure politique sportive afin de lutter contre l’obésité qui guette tant d’Algériens. En attendant cette nouvelle politique, il conviendrait que même ceux qui ont la chance de disposer d’un ascenseur qui fonctionne s’adonnent aux joies de la grimpette. L’exercice physique sera également salutaire pour les brancardiers des hôpitaux qui avaient encore le bonheur de disposer d’un monte-charge utilisable.
*incendie du dépôt d’autobus : augmenter substantiellement le revenu moyen afin que chacun puisse disposer d’un véhicule particulier
*incendie d’une station d’essence : début d’un ambitieux programme national de développement de véhicules électriques ou à pédales en fonction de notre potentiel scientifique (dans le premier cas les Allemands, les Russes, les Japonais etc. vont crever de jalousie)
*saccage des locaux de l’entreprise des bois et dérivés : bannir à jamais la langue de bois
*bris des vitres du cinéma « Algéria » : à quoi bon des salles de spectacle puisque le western est proposé gratuitement aux Algérois dans les rues de leur ville ?
*destruction d’une unité industrielle : signal du lancement d’un vaste effort de développement et de réhabilitation de l’artisanat ( chéchias, gandouras pour habiller nos manifestants torses nus, poterie, macramé, tapis etc.)
*saccage d’une partie de l’hôtel Sofitel : marquer par là que nos traditions d’hospitalité nous dispensent d’hôtels. Chaque visiteur de la capitale ou du reste de l’Algérie, riche ou pauvre, algérien ou étranger, sera désormais hébergé gracieusement par les habitants de notre beau pays.
*pillage et incendie des voitures de la société KIA : instaurer une politique énergique de défense du consommateur algérien. Kia est la première ciblée en raison de la mauvaise qualité notoire de ses véhicules. Les autres firmes n’ont qu’à bien se tenir.
*incendie du restaurant « El Mourabitoun » : même remarque que pour Kia. La sécurité alimentaire passe par les propriétés germicides du feu.
*arrachage des arbres devant le musée du Bardo : nécessité de dégager la vue devant tous les espaces culturels. Ces espaces sont trop rares pour qu’on les dissimule. Signe annonciateur d’un effort soutenu de développement des espaces culturels en question.
*incendie d’un espace vert : nouvelle politique d’aménagement urbain visant à rétablir l’équilibre entre verdure et bâti à Alger, la part du béton ayant dangereusement reculé.
Il va sans dire qu’à côté de ce programme, la proclamation du 1er novembre 1954, le Manifeste du parti Communiste, l’appel Gaullien du 18 juin etc. font vraiment riquiqui (et manquaient vraiment d'imagination).
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