Auteur: al djazaïri
Date: 2001-06-19 09:35:25
El Watan 18 juin 2001
« Nous n’étions pas contre les manifestants»
Situé à l’entrée de la maison de la presse Tahar Djaout, le siège de notre confrère Le Matin a été pris d’assaut hier par des jeunes du quartier que tous les locataires de la Maison de la presse connaissent au moins de vue.
Ils sont venus décidés à «laver un affront et rétablir leur honneur».Nos confrères du Matin ont été surpris en
pleine conférence de rédaction par des vociférations et autres insultes. Accusation d’un représentant du groupe :
«Vous nous avez humiliés à travers vos écrits en nous trai-tant de voyous.» Dehors, un attroupement commence à se former. Il était devenu très difficile de comprendre, dans la cacophonie ambiante, la teneur des propos des uns et des autres. De temps en temps, un jeune élevait la voix en menaçant : «Vous n’avez plus intérêt à sortir dans le quartier, vous allez avoir affaire à nous, et nous allons vous prouver de quoi nous sommes capables, nous les fameux voyous des Groupes.»
Après des pourparlers, le groupe de jeunes accepte d’entrer à l’intérieur de la Maison de la presse et d’improviser une conférence de presse. «Je me présente : je m’appelle Mustapha Arab et je suis l’initiateur de cette démarche.» Le silence se fait. L’objectif de cette démarche, explique Mustapha, «est de dénoncer tous ces écrits que nous avons lus dans la presse nationale et qui nous accusent d’être des voyous, des voleurs, des pilleurs, des repris de jus –tice et autres tares ».
Pour l’initiateur, qui commence par préciser que les habitants du quartier n’étaient pas contre les manifestants, mais plutôt contre les casseurs, «nous étions à nos balcons et nous avons vu de nos yeux certains manifestants casser tout ce qu’ils trouvaient sur leur passage».
Et pour justifier la réaction des jeunes du quartier qui se sont opposés aux manifestants, Mustapha précise : «Nous avons voulu protéger nos familles et nos biens, ce qui est normal. Car en voyant certaines entreprises publiques et autres édifices en feu, nous avons pris peur.» Et de marteler à plusieurs reprises : «Nous n’étions pas contre les manifestants, nous étions contre les casseurs.»
Pour l’orateur qui s’en prend aux journalistes en termes de «n’écrivez pas n’importe quoi», puis «comment vous osez nous accuser d’être manipulés par les services de sécurité!», et «nous vous demandons de dire toute la vérité au lieu de cacher certains faits qui sont pourtant facilement vérifiables », la réaction des jeunes du Champ-de-Manœuvre est légitime. Et d’ajouter : «S’agissant de hogra, nous aussi nous la subissons.» Et un peu pour donner du crédit aux propos de Mustapha, un jeune exhibe une photographie parue dans l’édition du Matin d’hier qui le représentait au moment où il avait porté le corps inanimé de notre regrettée consoeur Fadhila Nedjma. Un autre jeune exhibe quant à lui une ecchymose au bras. «Nous aussi nous avons été tabassés par les services de sécurité.» Un autre témoigne : «J'ai empêché un manifestant de mettre le feu au niveau de la pompe à essence et vous me traitez de voyou !»
H. B.
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