Auteur: Nekheni
Date: 2006-01-04 05:08:12
Bien vu Farida. Cependant, pour être totalement juste, il faut reconnaître que les Imazighen sont sur leurs terres ancestrales et que l'un de leurs droits inaliénables est la conservation de leur patrimpoine culturel et linguistique.
Il est donc facile de dénigrer ce droit en l'affublant de travers à vocation politique.
Mais que recouvre exactement ce vocable de berberiste ? Quelle est la véritable histoire de ce concept ? et d'où vient-il ?
Mohamed Harbi, notre plus grand historien, a publié un article à ce sujet. Je le transmets ci-joint, pour la culture de toutes et de tous. Cela évitera de fantasmer sur un sujet qui semble-il est d'abord une construction mentale et idéologique du pouvoir.
Histoire du Berbérisme
Mohamed Harbi.
« le Développement du mouvement berbériste et la crise de 1949 ».
« Centralisateur, jacobin, le messalisme a, dès les origines, affirmé l'unité culturelle de l'Algérie.
Dans cette optique, le particularisme et la réalité des différences culturelles et linguistiques ne lui apparaissent que comme des survivances entretenues de façon intéressée par la puissance coloniale.
le messalisme surestime donc l'unité culturelle de l’Algérie et ne tient pas compte des réalités.
A ne prendre que le Mzab et la Kabylie, leur originalité est indéniable.
Le particularisme est encore plus prononcé en Grande Kabylie, région rurale cantonnée dans une attitude défensive et fermée sur elle-même.
Avec la colonisation, le sentiment d'appartenance régionale prend de l'importance et se charge d'un contenu nouveau.
Grâce à la multiplication des échanges du fait de la pénétration capitaliste, de petits univers fermés, isolés s'ouvrent aux idées du monde extérieur.
Sanctuaire de la pauvreté, la Kabylie exporte pour survivre ses hommes en France et à l'intérieur de l'Algérie.
Dans les régions de plaine et dans les villes algériennes, ils sont souvent confrontés à une habitude de méfiance et de mépris qu'on nourrit à leur égard à cause de leur position sociale et de leur différence.
Le sentiment d'appartenance régionale s'avive.
Nationaliste face aux Français, le Kabyle se découvre régionaliste face aux Algériens arabophones même si, par la force des choses, il reste unitaire.
Aux différences très sensibles dans le genre de vie et les coutumes d'une région à l'autre du pays s'ajoute en Kabylie le fait linguistique, la résistance du parler berbère (tamazight) à l'arabisation, et l'existence d'une littérature orale très vivante.
Le brassage des populations unifiées par une réaction commune à la domination coloniale ne peut se faire sans heurts majeurs si on fait abstraction de l'histoire particulière des régions qui composent le pays.
On peut se demander pourquoi la question régionale a engendré une crise dans le messalisme et non dans les autres mouvements.
La réponse est aisée.
Le Parti Communiste Algérien reconnaissait l'originalité berbère, même si, à tort, il la mettait sur le même pied que la minorité européenne.
Quant aux partis bourgeois ou mouvements de notables, régionalistes par définition ils n'avaient pas d'organisation à l'échelle nationale.
Au sein du PPA, la conjonction de l'absence de démocratie, de l'impasse politique et d'une orientation où l'arabisme et l'islam tenaient lieu de programme politique vont faire dévier après la Seconde Guerre mondiale les débats sur le problème régional.
L'Algérie est-elle un pays arabo-musulman ? Doit-on définir l’Algérie par la langue arabe et la religion musulmane ?
La question n'est pas nouvelle dans le mouvement messaliste. Elle s'est déjà posée en 1936, dans l'émigration algérienne en France, au cours des luttes qui opposèrent Messali à l'un de ses lieutenants, Amar Imache. Messali met en avant l'idée d'un Parlement algérien, alors qu'lmache s'en tient au programme traditionnel de l'ENA, c'est-à-dire l'indépendance. C'est pour désamorcer les critiques des partis du Front populaire et de ses alliés au sein du Congrès musulman que Messali a avancé l'idée d'un Parlement algérien. Bien que l'antagonisme entre les deux hommes soit politique, il donne lieu à un regroupement régional.
En effet, Imache a derrière lui uniquement des Algériens de Kabylie, alors que Messali rassemble des militants de toutes les régions.
Le même clivage se retrouvera au cours de la Seconde Guerre mondiale, quand les dirigeants de Paris, parmi lesquels Si Djilani (1) et Khider Amar (2), originaires de Kabylie, sont exclus pour avoir voulu engager le PPA aux côtés de l'Allemagne.
Le mouvement berbériste après 1945 prend appui sur trois données de base : les séquelles des luttes entre Messali et ses rivaux de Kabylie depuis 1936, l'expansion rapide du nationalisme en Kabylie et dans l'émigration en France, et les erreurs tactiques de la direction du PPA à propos de la question de l'insurrection.
Mais, cette fois, les plébéiens réalisent leur jonction avec un groupe d'intellectuels qui donneront au problème berbère un contenu linguistique et culturel.
Avec la Seconde Guerre mondiale, le PPA en Kabylie bénéficie du retour de nombreux émigrés, les premiers gagnés au nationalisme et qui ont été mêlés à la vie de l'Etoile Nord-africaine. De ce fait, le niveau politique et organisationnel est meilleur que dans d'autres régions.
En Oranie, dans le Sétifois et la Mitidja, l'émigration intérieure kabyle fraie la voie à l'implantation du PPA.
La conviction, répandue en Kabylie, d'être politiquement en avance sur les autres régions du pays se traduit par une certaine fierté. On n'a plus honte d'être kabyle.
A Alger et ailleurs, on commence à revendiquer ouvertement son appartenance régionale. On chante la patrie en berbère.
Sur cette ambiance générale vont venir se greffer un certain nombre de faits et de situations.
En 1945, au comité d'organisation du PPA, Bennaï Ouali demande l'unification en une seule région de toute la zone berbérophone.
A l'appui de sa proposition, il invoque les liens humains et linguistiques existant entre les populations des deux côtés du Djurdjura.
La direction refuse. On parle déjà du régionalisme kabyle.
En septembre 1945, la direction du PPA ordonne au district de Kabylie d'abattre les candidats aux élections. La région est en proie à la répression.
Des dizaines de militants ont pris le maquis. L'organisation est démantelée. Le chef de district Sid Ali Halit, les chefs de région de Dra el Mizan, Mohand Aouchiche, et d'Azzefoun, Mohand Boudjemaa, sont entres les mains de la police française. Aussi le comité de district rejette la directive. Un notable de douar justifie cette attitude :
« Si nous abattons les candidats, les Français brûleront nos villages. Avons-nous les moyens de les en empêcher ?
Allons-nous évacuer les villages pour fuir vers les montagnes ? Dans ce cas, pouvons nous affronter l'armée qui viendra nous déloger ? Comment et avec
Quoi ? ... Nous pouvons tirer et prendre le maquis si le parti a prévu le « jihad » comme étape suivante. »
Devant le refus du comité de district, la direction du PPA convoque directement à Alger le chef de la région Dellys - Tigzirt, Zeroual, et l'invite à passer à l'action. Zeroual obéit. Avec Mohand Saïd Mazouzi (3) et Omar Haddad, il organise le 5 Septembre 1945 un attentat contre le bachagha Aït Ali près de
Tigzirt en Kabylie. L'attentat échoue. Zeroual et Mazouzi sont arrêtés.
Quand les membres du comité de district s'aperçoivent que l'ordre d'assassiner les candidats n'a été donné qu'en Kabylie, certains d'entre eux pensent qu'on fait bon marché du sort des populations dont ils ont la charge.
A ces faits s'ajoute l'inadéquation des organismes dirigeants du PPA par rapport à la mutation quantitative et qualitative intervenue en Kabylie où de nombreux étudiants ont rejoint le parti. Ceux-ci réfléchissent en groupe sur les problèmes tactiques et stratégiques de la révolution nationale et constituent un brain-trust pour les cadres plébéiens de la région.
A la commission de presse du journal El Maghrib el Arabi*, dirigée par Ben youcef Ben Khedda, les militants de la Kabylie sont majoritaires.
On y retrouve, aux côtés de Ben Khedda, Temam, Belhocine, Henine et Amioud. Leurs exigences politiques et doctrinales sont grandes.
Influencés par le marxisme, ils cherchent à donner au nationalisme un fondement rationnel, trouvent trop simpliste de définir la nation algérienne par la langue arabe et la religion musulmane, trop simpliste de réduire la propagande du parti à l'exaltation du rôle de son chef Messali.
Aussi bien refusent-ils de lui consacrer une brochure comme le souhaite la direction.
Les militants kabyles sont également choqués quand Ben Khedda refuse l'insertion d'un article célébrant la victoire de Mao Tsé-toung en Chine sous prétexte que les partenaires naturels du parti sont dans le camp nationaliste.
La question culturelle berbère fait émerger des problèmes d'importance qui n'ont pas été abordés au Congrès de février 1947 : quel nationalisme pour la libération de l'Algérie, et avec, quels alliés ? Déroutée par la nouveauté des problèmes, la direction refuse toute discussion.
Les opposants mettent alors en cause le fonctionnement interne du parti, l'absence de démocratie, la promotion des éléments les plus conformistes.
De novembre 1946 à mars 1949, la méfiance gagne de proche en proche et obère les rapports à tous les niveaux de l'appareil.
Les arrestations successives d'Amar Ould Hamouda, Omar Oussedik et Omar Boudaoud (4) vont l'attiser. Des étudiants, Aït Medir Hadjerès (5), et Mabrouk Belhocine, sont convaincus qu'ils ont été livrés à la police par la direction du PPA.
Une question se pose : le mouvement berbériste s'est-il constitué en fraction à l'intérieur du PPA pour y développer une politique concertée à tous
les niveaux ? Messali y répond positivement : « Grâce au clan Lamine- Bouda, les berbéristes, « grands et petits, pénétraient dans le corps du parti, un peu partout comme un microbe dans un corps déjà affaibli. Ils se déplacèrent facilement et allèrent ainsi semer le virus dans toute la France… ».
A vrai dire, pendant quelque temps, ils étaient les maîtres du parti.
Certes, les documents saisis par la police sur Bennaï Ouali, arrêté à Oran alors qu'il s'embarquait à destination de la France à l'insu du parti, constituent des preuves de l'existence d'une fraction.
Mais la question n'est pas épuisée pour autant : on ne sait pas quand cette fraction s'est constituée et à quelles fins.
Sur ces points précis, les documents disponibles ne permettent pas de trancher. Et c'est l'attitude des protagonistes face à la direction du PPA qui nous permet de juger des buts du mouvement berbère.
Ce mouvement n'est pas homogène, sa tactique et ses buts ne sont pas identiques dans l'émigration algérienne en France et en Algérie.
En France, Rachid Ali Yahia, élu au comité fédéral par le congrès de novembre 1948 et appuyé par Bennaï Ouali et Amar Ould Hamouda, s'oriente vers la création d'un mouvement populaire berbère (MPB) et lance ses partisans dans une épreuve de force avec la direction du PPA-MTLD.
Sur 32 membres du comité fédéral, 28 rejettent toute idée d'une Algérie arabe et musulmane et se prononcent pour la thèse de l'Algérie algérienne.
La crise prend de l'ampleur au moment où le PPA ouvre une souscription pour la Palestine. Rachid Ali Yahia s'y oppose.
De la défense de l'originalité berbère, on glisse très vite vers l'hostilité à tout ce qui est arabe.
En avril 1949, la direction du PPA réagit, prononce la dissolution de la fédération de France et charge Belkacem Radjeff (6), le capitaine Saïdi Sadok et Chawki Mostefaï tous les trois berbérophones, de reprendre la situation en main.
Les affrontements commencent avec la tentative des loyalistes d'occuper les locaux du parti qui se trouvaient 13, rue Bisson, dans le 20e arrondissement à Paris.
Ils sont particulièrement violents à Rouen, où Mohamed Khider (homonyme du « chef historique du FLN », (assassiné à Madrid en 1967), député et membre du bureau politique, est battu et une dizaine de militants hospitalisés.
L'implantation en France du courant berbériste nous donne une idée des régions algériennes les plus réceptives à la question de l'identité berbère.
Ce courant est puissamment représenté dans la région parisienne et dans toutes les localités où les émigrés sont originaires de Fort National et d'Aïn el Hammam (Michelet). , Les bastions du courant berbère étaient Saint-Denis, Saint-Ouen, Puteaux, Nanterre, Courbevoie et le 18e arrondissement de Paris.
Là où les émigrés viennent de Tazmalt et du Guergour (en particulier dans les 19èm et 20èm arrondissements de Paris), il n'arrive pas à s'enraciner.
Dans le sud de la France, en Meurthe-et-Moselle et dans le Nord, régions dirigées par Bachir Boumaaza et Bourzah, tous deux originaires de la Petite Kabylie, l'impact du courant berbériste est nul. En définitive, le mouvement tire toute sa force de la Grande Kabylie.
Il est utile de relever dans quels milieux se recrutent les idéologues du mouvement berbériste. Certains d'entre eux, dont Ould Hamouda et Omar Oussedik, sont des produits de l'Ecole normale de Bouzareah. Ils sont profondément marqués par son enseignement et, malgré un attachement profond à la cause populaire, ils restent élitistes et affichent un laïcisme agressif. D'autres, comme Ali Yahia Rachid, sont issus de familles de statut français.
Ils ont dû ressentir dans leur jeunesse les blessures infligées par une société hostile à tout ce qui touche à l'idéal communautaire parce qu'elle confond nationalité et religion. Ils y ont réagi diversement, les uns en se réfugiant dans la dévotion religieuse, les autres en s'attaquant ouvertement à l'islam...
Commencée en janvier en France, la crise de 1949 s'étend à l'Algérie au mois de mars.
A ce moment, seul Aït Ahmed se trouve en liberté. Les autres membres du comité central, Bennaï Ouali, Ould Hamouda, Oussedik, sont en prison. Aït Ahmed a pour ligne de conduite de poser les problèmes au sein du parti et rejette toute initiative qui peut mener à une scission ou même au séparatisme berbère à l'échelle du pays. Dans cet esprit, il se différencie de Bennaï Ouali tout en se refusant à le condamner comme le souhaitent Messali et Lahouel.
Il rallie à ses vues Amar Ouamrane et Cheikh Amar (7), tous les deux futurs officiers de l'ALN, et dépêche un militant de l'O.S (Organisation spéciale), Khelifati, en France pour signifier à Rachid Ali Yahia que la discussion du problème culturel en dehors du parti conduiront droit à l'impasse.
Les maquisards de Kabylie appuient la direction. Krim tire sur Ferhat Ali, un des adversaires les plus décidés de Messali, et le blesse.
La Kabylie restera messaliste.
Mêlant étroitement les problèmes politiques et la question culturelle berbère, la crise de 1949 a de lourdes conséquences pour l'avenir du nationalisme populaire.
En France, la fédération du PPA perd son autonomie. Ses dirigeants sont désormais nommés et non plus élus.
Ils constituent une délégation qui relève de l'exécutif du parti à Alger. Il n'y a pas de scission ethnique dans le parti.
La majorité demeure encore' berbère, mais la suppression des structures démocratiques va empêcher l'émigration ouvrière de s'exprimer librement et de peser sur son orientation.
Les organismes dirigeants connaissent des changements importants :
- Au bureau politique, une nouvelle majorité se dessine. Par cooptation, les vaincus du congrès de 1947 entrent au comité central qui est remanié.
En sont exclus Bennaï Ouali, Ould Hamouda, Oussedik et, en .dépit de ses positions nuancées, Aït Ahmed.
Les sections de l'O.S en Kabylie, que dirige OuId Hamouda, sont dissoutes. Aït Ahmed est remplacé à la tête de l'O.S par Ben Bella. Le Dr Lamine Debaghine est isolé. Les alliances de Messali et son relus de prendre en considération la question régionale en Kabylie, (8) ont pour résultat logique que l'épuration est utilisée non seulement contre les cadres de cette région, mais également contre la coalition radicale qui, en février 1947, a hissé Lamine Debaghine au premier plan. Messali ne l'emporte qu'en apparence, car il devient le leader d'une coalition ou les réformistes sont plus nombreux. – Le PPA et le MTLD fusionnent. Seule l'organisation paramilitaire (l'O.S) conserve, son caractère clandestin.
- Le courant « berbériste» se disperse. A sa sortie de prison, Bennaï Ouali se rend en France, prend contact avec le PCF et lui demande, mais sans succès, de l'aider à créer un parti nationaliste progressiste. L'échec de cette démarche donne le signal de la dispersion. Une partie des militants adhère au PCA ou au PCF (9), une autre partie jouera le rôle de compagnon de route.
En analysant ces itinéraires, on constate que ces militants qui revendiquent la démocratie, et la révolution armée rejoignent les partis qui
ne s'accommodent ni de l'une, ni de l'autre. S'ils y cherchent manifestement une reconnaissance de l'originalité berbère, une doctrine indépendante de la religion, ils n'y trouvent néanmoins pas les satisfactions politiques qu'ils en attendent puis qu'ils réintègrent massivement le FLN après novembre 1954.
Cependant, leur (cheminement et leurs" excès de langage contre la religion donnent au PPA-MTLD une justification a posteriori dans la mesure où ils sont présentés comme le cheval de Troie du PCA dans le mouvement messaliste. Désormais, l'étiquette « berbéro matérialiste » constituera un barrage efficace contre tout courant rationaliste et une arme, utilisée par tous les ambitieux pour écarter leurs rivaux.
La crise de 1949 annihile les espoirs de voir un nationalisme radical se développer indépendamment de la foi religieuse.
L'aventure de Bennaï Ouali, de Ali Yahia Rachid a engagé la lutte pour la démocratisation du PPA-MTLD dans une impasse.
La saisie rationaliste et laïque du problème politique s'efface dorénavant au profit d’une approche mystique. L'épuration du mouvement berbériste a abouti à l'élimination des cadres de valeur pour faciliter la promotion des médiocres liés à l'appareil et redoutant par dessus tout d'être taxés de matérialistes et de marxistes.
Les chefs plébéiens de Kabylie resteront très méfiants à l'égard des intellectuels.
Et cette attitude persistera clairement au sein du FLN.
De tout le groupe « berbériste », seul Aït Ahmed demeure au MTLD. Cependant, il sera désormais condamné à ne jouer qu'un second rôle sur le plan national :
ses adversaires des années 1947-1949 ne lui pardonnent pas son intransigeance hautaine et sa lucidité dont le rapport au comité central de décembre 1948 porte témoignage. Dans le micro-miIieu de la concurrence qu'est tout parti politique, ce sont des qualités de caractère qu'arrivistes et médiocres n'apprécient guère.
Une dernière conséquence enfin de la crise de mars 1949, et c'est la plus grave : la seule région du pays (la Kabylie) où la fusion entre le courant plébéien et les intellectuels est réalisée perd ses meilleurs éléments. Il en résultera une baisse au niveau politique qui fera cruellement sentir ses effets au cours de la guerre de libération. L'aile radicale du PPA-MTLD en sort affaiblie.
* Organe du PPA dont le directeur, Cheikh Saïd Zahiri, n'appartenait pas au parti. Accusé d'être lié au service des liaisons nord-africaines, celui-ci sera exécuté par le FLN au début de la guerre.
(1) Djilani : membre fondateur de l'ENA (Etoile Nord-africaine) et directeur de son journal. Hostile au transfert du siège du PPA (Parti du peuple algérien) en Algérie.
(2) Khider Amar : personnage très attachant, berger en Kabylie, puis ouvrier saisonnier, émigre en France en 1933. Milite dans les syndicats.
A toujours appartenu à l'aile la plus radicale du nationalisme algérien. Collabore avec l'Allemagne pour des raisons nationalistes.
(3) Mohand Saïd Mazouzi : arrêté en 1945, libéré à l'indépendance.
Responsable de la fédération de TizI-Ouzou. Membre du comité central du FLN et député (1964-1965).
Préfet de Tizi-Ouzou, ministre du Travail, puis des Anciens Moujahidin. Membre du bureau politique du FLN (1979).
(4) Omar Oussedik est arrêté au Jardin Marengo, Ould Hamouda dans un autobus, Omar Boudaoud à la descente d'un car à Robeval. Boudaoud sera responsable de la fédération de France du FLN de 1957 à 1962. Après cette date, il sera député et membre du comité central du FLN jusqu'en juin 1965.
(5) Hadjerès : médecin, adhère au PCA (Parti communiste algérien) après 1949.
Dirige, avec Camilie Larribère et Hadj Ali Bachir, le PCA au cours de la guerre. Premier secrétaire du Parti d'Avant-Garde Socialiste (PAGS).
(6) Belkacem Radjeff : adhère à l'ENA en 1933. Membre de la direction du PPA (19371939, puis 1947-1954).
(7) Cheikh Amar : premier chef de l'Armée de Libération Nationale dans la région de Michelet. Après sa mort au combat, son successeur sera l’illustre Amirouche.
(8) Dans son rapport au congrès d'Hornu, Messali affirme : «. Je continue à croire que les berbéristes étaient une création colonialiste pour détruire l'arabisme, force de résistance et de lutte permanente. » Mais il constate aussi que l'épuration avait été poussée très loin et, qu'elle a touché des éléments qui n'avaient rien à voir avec le courant berbère.
(9) Belkacem Benyahia, qui en 1962 sera directeur d'El Moujahid, puis ambassadeur en Guinée, au Congo Brazzaville et enfin en ex-Allemagne de l’Ouest, Abbad Ahmed et Smaïn Menaa.
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