Auteur: Amirouche
Date: 2001-06-13 11:11:39
Depuis l'émergence et le développement du nationalisme algérien, on observe une rupture continuelle encre les générations. L'absence de transmission débouche sur une violence récurrente encre les vieux et les jeunes, due au "sacrifice" de l’ancêtre. En effet, un enfant n'est pas immédiatement relié à son père: il n'est que le dernier maillon de la chaîne ancestrale. Un ancêtre se trouve à l'origine de chaque cercle, système d'emboîtement dynamique, comprenant des groupes allant de la famille à la confédération, mobilisés par une conception duelle du monde - ceux du haut, ceux du bas - traversés par des ligues (sof / leff) en rivalité. C'est de l'ancêtre que vient la fertilité, la prospérité, la fécondité, la richesse, la protection…. Il est parfois représenté par un sanctuaire.
La plupart des familles se référent à un ancêtre dont le nom diffère de celui donné par l'administration. L'état-civil français, instauré en Kabylie vers la fin du 19ème siècle, a évincé les noms de tribus. Les enfants de seconde génération n’ont pas toujours accès à toutes ces filiations-affiliations. Quant aux Kabyles, en général, ils se sont adaptés à une double appellation ethnique et administrative. Ils ne semblent pas revendiquer leurs noms d'origine.
L'ancêtre est remis en cause à plusieurs niveaux, tout d’abord par l’Etat qui continue, apparemment, l’œuvre de désagrégation et d’homogénéisation des groupes (ethnies, castes, confréries, etc.) entamée par la colonisation. Nous savons néanmoins que les notions de région et d’ethnie, tout en étant, selon les contextes, occultées ou pointées du doigt, restent d’une brûlante actualité. D’ailleurs, elles sont utilisées dans toutes les stratégies du pouvoir.
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