Auteur: Michel Béhagle
Date: 2002-02-28 22:15:42
Bonjour,
Certains et certaines d'entre vous ont-ils regardé cette émission diffusé sur Arté le 12 février dernier ?
Je vous donne mon impression, dans l'espoir d'ouvrir le débat :
- conformément à l'habitude des production d'Arte, l'émission commence par une remise en situation de l'histoire, très bien faite : torture par le FLN, exaction de l'arméee française. On y trouve la preuve de ce que dont tout le monde se doutait, à savoir un accord secret entre le FLN et le gouvernement de De Gaulle : l'armée française se retire calmement en échange de la livraison de harkis, qui seront torturés et excécutés publiquement, souvent avec des atrocités inqualifiables. Le documentaire fait bien la part des choses, ne blanchissant pas les Harkis pour autant, puisque certains d'entre eux furent des bourreaux (mais pas tous ne l'oublions pas).
Le cynisme des uns et des autres est bien expliqué.
Mais il commence y avoir quelques fautes de gouts, si on ose dire sur un sujet aussi cruel : la musique de fond, c'est Idir, Takfarinas - dont "irwihene" lorsque le documentaire parle des exactions du FLN ! - et Natacha Atlas (extrait de l'intro de "Mistanek",donc si je ne me trompe un chant d'amour"). Là ça commence à devenir bizarre : le documentaliste a du se gourrer, mais je me suis étranglé en entendant ça, sans vouloir jouer les puristes.
Deuxième partie : les harkis en France. Description poignante: le camps dans lequel ils ont été parqué dans des conditions indignes, témoignages dans des réunions d'associations. Là, on leur oppose un journalsite proche du FLN et une interview de Président Bouthefika qui évidemment, explique que l'on ne peut leur pardonner comme les français ne peuvent pardonner aux collabos des nazi sous la deuxème guerre mondiale.
Et la fin du documentaire est étrange : des vieux harkis explique que ce sont de vieilles histoires. Le témoignage d'un fils de Harkis explique qu'il en assez de porter l'opprobe du aux agissement de son père qui a ses yeux est un traitre.
Bref la fin du documentaire est un enterrement de première classe !
Personnelement il ya deux choses que je n'ai vraiment pas compris :
- Pas un mot sur les fameux plans d'actions psychologiques de l'armée française dans cette guerre - dont pourtant, si je ne m'abuse, les harkis faisaient partis -. Mais, sans les dédouanner nullement, il ne faut évidemment pas parler des actions des services secrets français, qui était pourtant très actif dans la propagande (comme on le comprend dans l'Opium et le Bâton de Mouloud Mammeri, livre curieusment non réédité en france) Pourtant l'auteur du documentaire ne pouvait pas ignorer cette réalité. A-t-il du s'autocensurer ?
- La partie consacré aux enfants et petits enfants des HArkis est très courte : ils portent les fautes de leurs parents, ce qui est injuste, évidemment, mais on ne creuse pas plus loin. Pourquoi ? Je veux bien comprendre que les autorités algèriennes ne pardonnent pas aux Harkis, mais que viennent faire leurs enfants dans cette terrible page de l'histoire. En France, nous n'avons pas reporté les ignobles fautes des collabos des nazis sur leurs enfants, me semble-t-il, et fort heureusement. Aurait-on demandé au réalisateur de s'autocensurer ?
Sur ce sujet douloureux, j'aurait aimé que le reportage aille plus loin.
Qu'en pensez vous ?
Je vous demande évidemment d'éviter les polémiques. Evidemment, que les algèriens considérent les harkis comme des traitres est naturel. En tant que français, je pense fermement que le comportement de la France dans cette guerre est une terrible faute, et qu'il faudrait que toute la lumière soit faite sur cette guere et sur la période coloniale.
Cependant, je reste sur l'impression d'un "politiquement correct" dans cette émission. Vieille histoire qui va tout droit vers l'oubli ? Mais alors que vivent les fils et filles de Harkis, qui n'y sont pour rien dans cette histoire ? J'aurais voulu beaucoup plus l'entendre. Victime en France du racisme, là bas de l'opprobe... Doit on porter les fautes de ces parents ?
Je ne le pense pas.
Cordialement
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