Auteur: al djazaïri
Date: 2003-02-06 22:41:26
Je me permets de reposter ce message en le complétant s’il peut vous être utile. Parler d’arabo-baathisme est une forme de pléonasme dans la mesure où qui dit Baath dit arabisme, une forme d’arabisme particulier, laïque et socialisant basé sur le critère linguistique : est arabe qui est de langue maternelle arabe ou plus simplement veut bien se dire arabe ou encore a la nationalité d’un pays dont la majorité des habitants se considèrent comme arabe au moins sur le critère linguistique. Le terme arabo-baathisme est couramment usité dans la presse algérienne à des fins de stigmatisation particulièrement de ceux qui prônent la promotion de la langue arabe dans les usages officiels ou académiques ou encore de ceux qui sont soupçonnés de vouloir pactiser avec les islamistes. Ce qui est un comble quand on sait le sort qu’a réservé le pouvoir baathiste syrien aux frères musulmans. En tout état de cause comme je le précise un peu plus loin, le baathisme a toujours eu une importance anecdotique en Algérie.
Tout régime autoritaire ou même toute dictature ne peut être qualifié de fasciste (même si un régime autoritaire n’est guère plus souhaitable qu’un régime fasciste). Ce qui caractérise le fascisme, ce n’est pas seulement son aspect autoritaire mais aussi sa conception de la société qui donne à l’Etat la mission de réunir patrons et ouvriers dans des corporations (caractéristiques communes au régime de Mussolini, à celui de Pétain et à l’opposition à M. Chavez au Venezuela qui se présente pourtant comme démocratique) . Outre cette première caractéristique idéologique essentielle, un parti fasciste « digne de ce nom » est d’emblée un mouvement politique et un mouvement militaire ou para-militaire. Compte tenu de ces observations, le simple fait pour un parti de prôner une action violente dans le but d’établir un régime (autoritaire ou non) ne permet pas à lui seul de le caractériser comme fasciste.
Si on examine le parti Baath et sa doctrine, on constate que c’est avant tout un mouvement politique élaboré par des intellectuels et qui prône à la fois une forme de socialisme et le pluralisme politique. C’est seulement dans un second temps que le Baath sera rejoint par des militaires qui l’orienteront vers une approche autoritaire.
Le Baath est nationaliste, ce qui n’est pas franchement un défaut pour un parti politique né dans une zone où des Etats étrangers tiraient (et tirent toujours) les ficelles. Reprochera-t-on le nationalisme des Algériens ou des Vietnamiens face à l’occupation coloniale ? Son but est l’unité des pays arabes, ce qui n’a rien de fasciste (qu’on soit d’accord ou non avec ce projet est une autre question), sinon il faudrait qualifier Garibaldi construisant l’unité italienne ou, plus près de nous dans le temps, les Européens qui tentent de faire l’unité de ce continent de l’Atlantique à la frontière russe voire au-delà, de fascistes. On remarquera que Hitler et Napoléon avaient le même projet mais je ne me permettrais pas de comparer les responsables européens actuels à l’un ou à l’autre.
Sur le fait que l’idéologie du Baath soit « spécifique », « pour » les Arabes, c’est absolument le cas dans la mesure où elle est avant tout nationaliste, c’est-à-dire porteuse du projet évoqué plus haut d’une unité nationale arabe.
La notion de « baath » implique que les tenants de cette idéologie pensent que les Arabes ont une vocation particulière dans le monde, un peu comme les Français qui pensent être dépositaires de valeurs universelles qu’ils ont mission de faire rayonner dans le monde, sentiment qui est très fort dans leurs élites intellectuelles et politiques; ou encore les Américains qui pensent avoir pour tâche (selon la volonté divine ?) de protéger la liberté partout où elle est menacée (au Vietnam communiste ou à Cuba par exemple). De ce point de vue les baathistes n’ont pas le monopole de la prétention.
Autre chose : le Baath , sur la question des minorités non arabophones, a une conception à la fois d’exclusion et d’inclusion sur un schéma qu’on peut comparer à celui de la France : refus de reconnaître collectivement une spécificité culturelle mais reconnaissance des droits de l’individu et égalité devant la loi de ces citoyens considérés comme appartenant à la communauté nationale arabe.
Aucune de ces caractéristiques ne permet de ranger le Baath parmi les mouvements fascistes même s’il est indéniable que les 2 régimes qui s’en réclament aujourd’hui (Irak et Syrie) sont autoritaires.
Dernier point, le Baathisme n’a jamais eu qu’une influence tout à fait négligeable en Algérie dont le nationalisme s’est avant out bâti dans la confrontation avec la France. Même Ben Bella que d’aucuns classeront comme panarabiste était surtout influencé par le charisme du colonel Nasser. Or Nasser n’était pas baathiste.
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