Auteur: kahina
Date: 2002-01-25 20:19:06
Voici le texte que le grand sociologue qui nous quitte tragiquement a envoyé à lire à Alger , par le biais de tassadith yacine , qui dirige AWAL , deouis la disparition tragique de Mammeri. Mammeri , grand ami de Bourdieu, leurs affinités remontent à loin, le celebre dialogue Bourdieu_Mammeri dans la revue (de Bourdieu) Actes de la recherche en sciences sociales , ou le fils du bearn etablit les rapprochement de son pays natal avec la kabylie de l'Amusnaw Mammeri . Sa solidarité agissante ne s'est jamais démentie (revue Awal, hommage à la mort de mammeri dans le monde , hommage à Sayad à l'institut du monde Arabe, bouleversement à la lecture de l'autobiographie de Fadhma Ath Mensur Amrouche , "Histoire de ma vie" , cet ami de tous ceux qui luttent , dont le concept -clé est la domination symbolique , ne pouvait pas ne pas agir avec les cultures qu'on veut faire disparaître au nom de @!#$, de la civilisation , de la @!#$ …etc .
'AURAIS voulu étre parmi vous, aujourd'hui, pour participer à l'hommage rendu à Mouloud Mammeri à son oeuvre, et dire ce qui, selon moi, constitue sa contribution majeure à la culture de ce pays.Je voudrais montrer, briévement, que l'histoire du rapport de Mouloud Mammeri à sa société et à sa culture originelles peut être décrite comme une odyssée, avec un premier mouvement d'éloignement des rivages inconnus, et pleins de séductions, suivie d'un long retour, lent semé d'embûches, vers la terre natale. Cette odyssée, c'est, selon moi, le chemin que doivent parcourir, pour se trouver ou se retrouver, tous ceux qui sont issus d'une société dominée ou d'une classe ou d'une région dominée des sociétés dominantes.C'est en cela, selon moi, que l'itinéraire de Mouloud Mammeri est exemplaire. Le premier temps, donc, c'est le mouvement qu'il faut faire pour s'approprier la culculture,la culture tout court, celle qu’on a pas besoin de qualifier, et qui se vit comme universelle, celle qui s'enseigne ofticiellcmen dans les universités celle qu'on ne peut acquérir qu'en laissant à la porte des tas de choses, souvent sa langue maternelle et tout ce qui va avec. Ce mouvement de répudiation du reniement, s'ignore le plus souvent comme tel ; il est toujours opéré, en tout cas, avec le consentement du ceux qui l'opèrent et il s'accompagne d'une certaine forme de bonheur.Le processus pourrait s'arrêter là et nombreux sont ceux qui, intégrés dans l'univers dominant, connus et reconnus par la société et la culture qu'ils reconnaissent, n'en demandent pas plus. Mouloud Mammeri commence là où tant d'autres auraient fini : l'écrivain de langue française se remet à l'écoute des poètes-forgerons, des poètes-démiurges (Homère emploie plusieurs fois le mot de dêmiourges pour désigner le poète) et enregistre les poésies, souvent aussi sophistiquées que celles des poètes symbolistes, qu'ils fabriquent. Lui qui avait dû payer son accès à la culture Iégitime d'une sorte de meurtre symbolique du père, il renoue avec la culture paternelle.Mais cette culture longtemps refoulée, c'est encore une intention dominée de réhabilitation qui le porte à s'y intéresser.
|
|