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Le Blog
Interview du Webmestre sur France3
 Mea culpa
Auteur: Amirouche 
Date:   2001-09-19 10:24:16


Suite au mea culpa du directeur du Quotidien l'Expression, M. Ahmed Fattani, nous avons décidé de publier l'éditorial du 04/08/2001 qu'il nous a envoyé et dans lequel il s'était courageusement remis en question suite à l'appel au meurtre qu'il avait lancé contre Ferhat Mehenni.

Ceci, mérite à notre humble avis que l'on s'y arrête, en dépit de l'extrême violence dont M. Fattani s'était rendu coupable, non seulement envers M. Ferhat Mehenni, sa victime expiatoire, mais aussi à l'encontre de toute la famille démocratique, des militants et du peuple amazighe qui s'étaient tous sentis profondément outrés, moralement et potentiellement victimes sur le plan physique.
Car à travers la vie de cet homme mise en jeu, avec autant de légèreté et d'inconséquence c'est celle d'un peuple que les uns et les autres depuis plus de 2000 ans n'ont pas cessé de martyriser, de nier et d'occire.



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Voici L’Editorial paru dans l’Expression du 04/08/2001

Dangereux, pas dangereux ?
Par Ahmed Fattani

Un journal peut se tromper. N’est-il pas fait par des hommes… et pour des hommes ?

Quand un tel constat est établi, l’honnêteté intellectuelle exige alors de reconnaître son erreur, de la corriger et de s’en excuser auprès de celui qui en a été la victime expiatoire. Mais cela suffit-il à réparer l’outrage commis ?

L’article consacré par L’Expression, mercredi dernier, au militant berbériste, Ferhat Mehenni, entre dans cette catégorie. Le titre plein, cinq colonnes à la Une, avec photo à l’appui, «Cet homme est dangereux» traite des idées politiques et du projet autonomiste, décrié par la majorité des Kabyles.

La démarche journalistique adoptée se veut dénonciatrice. Mais en aucun cas, elle ne voulait désigner à la vindicte populaire, son auteur. Sa sémantique ne prête donc à aucune équivoque, et pourtant, il y en a une. Elle est de taille. Depuis que la crise ronge insidieusement ce pays, jamais à ma connaissance un titre aussi violent, inquisiteur et agressif, n’a barré la première page d’un quotidien national ne serait-ce que pour dénoncer les méfaits d’un serial killer des GIA.

Est-il donc raisonnable, aujourd’hui, d’accepter, face à ce dilemme, la politique de deux poids deux mesures ?

Des émirs du GIA ont commandité des massacres, égorgé des bébés et éventré des femmes. Ces hommes, qui ont perpétré ces crimes abominables, sont au ban de l’humanité. Et il ne fait aucun doute qu’ils sont réellement dangereux.

Cela explique, je crois, aisément, pourquoi le titre consacré à Ferhat Mehenni pèche par son manque d’objectivité. Pour être honnête, je reconnais qu’il est excessif. C’est bien le mot. Mea culpa.

Ce n’est pas l’homme qui fait peur. Mais ses idées que d’aucuns taxent de dangereuses parce qu’elles sont exprimées dans un contexte politique survolté où il devient difficile de faire, comme toujours, la part des choses entre la passion et la raison.

Autrement dit, Ferhat Mehenni n’est pas le loup-garou. Il milite et il plaide pour une autonomie de la Kabylie. Il est foncièrement convaincu que cette option, qui n’est pas sa trouvaille exclusive, allégerait le fardeau de la Kabylie, puisqu’elle lui offrirait alors toute latitude de s’autogérer et de s’autoadministrer dans un système politique fédéral à l’image de ce qu’il voit aux Etats-Unis, en Allemagne ou en Suisse.

Ferhat, je le lui concède, a tous les droits de rêver. Et peut-on l’en empêcher ?

Mais il est d’autant plus vrai que l’autonomie reste une autonomie, et qu’à ce titre, elle recèle de dangereux germes de division qui, à terme, pourraient devenir fatals pour l’unité nationale. Je ne crois pas que Ferhat veuille à ce point la mise en terre de l’Algérie.

Ses détracteurs lui imputent volontiers la quasi-responsabilité de son rêve «autonomiste» en expliquant que si les idées de partition qu’il a développées sont dangereuses, leur auteur en reste le seul et véritable instigateur. Par conséquent, Ferhat Mehenni, selon eux, est dangereux parce qu’il se fait l’avocat du diable. Ainsi, ce ne sont pas les laves de l’Etna en éruption qui sont dangereuses, mais le volcan en soi.

Personnellement, je suis contre. Accepter cette vision avec ses conclusions reviendrait carrément à favoriser l’amalgame. Mais où est alors la place de cet homme qui a consacré toute sa vie à un noble et pénible combat ? Pour les droits de l’Homme, pour la démocratie et la liberté. N’a-t-il pas été arrêté, torturé et emprisonné pour ses idées ? N’a-t-il pas été injustement trahi par ses frères de combat qui ont fini par épouser les pires thèses de la compromission ?

Je connais assez bien Ferhat Mehenni et je puis affirmer que cet homme n’est pas dangereux pour l’Algérie.

Que l’artiste, que le poète que j’ai aimé et soutenu, accepte donc mes excuses.


A. F.

 Sujet Auteur  Date
 AUTONOMIE  nouveau
Amirouche 2001-09-18 15:25:29 
 Re: AUTONOMIE  nouveau
Azrem 2001-09-18 21:06:38 
 Mise au point  nouveau
Amirouche 2001-09-19 10:17:47 
 Mea culpa  nouveau
Amirouche 2001-09-19 10:24:16 
 Réaction  nouveau
Amirouche 2001-09-19 12:53:10 

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