Auteur: Amirouche
Date: 2001-09-17 18:41:44
C'est une conception (Algérie algérienne)qui date des années 20 avec l'Etoile Nord-africaine. Mais ceci est vite remplacé par la conception française de l'Etat, un phénomène décrit depuis bien longtemps par Ibn Khaldoun. L'école française n' y est pas pour rien aussi. Il suffirait de voir toute la conception anthropologique des ethnies calquée sur une grille d'analyse révolue de la tribu, de l'ethnie, de la religion, en un mot : de la culture. D’où des mots tels que achaisme, sauvage, carcan, superstition, coyance, primitif, etc. Et on débouche dans le meilleur des cas sur ce qu’on appelle « luniversalité ». Mais laquelle ? La mienne ou la vôtre !!! Le pire nous vient plutôt de notre pays où l'élite là-bas est en retard d'une guerre. Les conceptions changent ici, mais traînent au pays. Maintenant que le jacobinisme centralisateur et raboteur de l'altérité est mis à mal en France, nos intellectuels et décideurs en Algérie ne savent plus sur quel pied danser ; plus de modèle, celui du maître. Dans cette évolution (ou involution) des Etat, l’Orient lui-même a fait du mimétisme, auparavant manipulé pour détruire la puissance ottomane, le dernier système du califat connu. Ensuite est venue s’articuler l’idée du citoyen seul devant l’Etat. C’est l’Etat-nation avec tout un savoir non recyclé de la psychologie et du savoir être en général. On s’est contenté de faire de la traduction bête et méchante sans aucune critique. Il n’existe pas une psychologie arabe ni musulmane. Les premiers qui allaient en pâtir : les minorités existants dans l’aire arabo-quelque chose. L’arabisme est déjà, en soi, une acculturation qui a fait beaucoup de mal chez les Arabes du proche Orient. L’islamisme est arrivé ensuite pour rendre encore la situation plus compliquée, inextricable, sachant que l’arabisme est prosaïquement l’œuvre des chrétiens et le réformisme islamique (islahia)l’œuvre des non arabes.
Pour revenir à l’autonomie, très peu de nos intellectuels traitent de la culture véritable des Kabyles. La langue elle-même est considérée comme un instrument froid, la langue culturelle est mise sous le boisseau. Il m’arrive de lire parfois des textes incompréhensibles en kabyle, des textes d’une platitude navrante, car la pensée est plutôt française sous un habillage kabyle. Cela donne des aberrations. C’est pour cela qu’une personne parlant spontanément français, développe un autre discours, un autre contenu dès qu’il commence à parler kabyle. La spontanéité piège les gens généralement. On redevient kabyle dès qu’on parle kabyle réellement. J’ai souvent remarqué ce phénomène chez quelques artistes et non des moindres (Idir, Jamel Allam, Aït Menguellat, etc). Entre ce qui se dit en français et ce qui est chanté ou dit à la radio en kabyle, il existe deux appréciations presque antagoniques du monde . Cela mériterait une étude sérieuse.
L’autonomie, on y est déjà. Je peux témoigner (n’importe qui pourrait le faire à condition de connaître la Kabylie) que l’adduction d’eau, le château d’eau, l’éclairage, l’ouverture des routes, aménagement des terrains de foot et autres, des bibliothèques, des coopératives de toutes sortes, construction de mosquée et autres sites culturels sont l’œuvre des habitants et non de l’Etat. Ce sont tous ces habitants présents ou absents (l’émigration) qui se mobilisent pour une œuvre utile vu la carence des décideurs à Alger. Parler de l’économie comme un facteur contraignant dans la construction de cette autonomie est un non sens. La Kabylie comme certaines régions en Algérie vivent sous perfusion grâce à l’argent de l’émigration (la Kabylie, les Aures, la région de Nedroma-Ghazaouette). La seule contrainte à mon sens qui resterait difficilement gérable est la question des frontières.
En fait cette question dépasse même le cadre national (kabyle), cela touche beaucoup de pays africains et au-delà. Nous devons trouver un moyen de concertation avec ces peuples pour trouver un autre modèle que ce que nous offre la camisole de force de l’Eat-nation.
Ar tufat
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