Auteur: Amirouche
Date: 2001-09-14 22:57:25
Congrès Mondial Amazigh
Lettre d'Information, N° 2, septembre 2001.
Arbitraire au Maroc
Des militants amazighs menacés par les autorités marocaines
Deux militants amazighs viennent d'être victimes de l'arbitraire des
autorités de la monarchie marocaine. Il s'agit de Ali Harcherras,
vice-président du Congrès mondial amazigh (CMA), président de l'association
Tilelli à Goulmima ainsi que Hamid LIHI, président de TADA (coordination des
associations amazighes au Maroc) et militant de l'association Tilelli à
Goulmima.
En effet, suite à une convocation des autorités provinciales d'Errachidia,
il a été fait savoir aux deux militants qu'il leur est interdit d'organiser
de manifestation publique sous peine qu'ils soient poursuivis pour
trahison....
Une manifestation publique de toute la région du Sud-Est du Maroc (pays de
Tafilalt) était prévue à Goulmima. En plus de la revendication identitaire,
la manifestation a pour objectif de formuler un certain nombre de
revendications propres au pays de Tafilalt. Ces deux militants sont parmi
les organisateurs qui travaillent depuis des mois à la préparation de cette
manifestation.
Est-ce pour empêcher cette marche que les autorités marocaines ont agit de
la sorte ? Une chose est sûre : les autorités marocaines ne veulent pas que
les Imazighen sortent dans la rue. Plusieurs activités (rassemblements,
conférences, réunions publiques,...) ont été déjà interdites par les
autorités marocaines.
On se rappelle bien également de l'épisode 1994 quand Ali Harcherras et six
de ses collègues enseignants, tous de Goulmima, ont été arrêtés suite à la
manifestation du 1er mai 1994 à laquelle ils ont participé avec des
banderoles revendiquant la reconnaissance de Tamazight. La forte
mobilisation suscitée, aussi bien dans la région qu'ailleurs dans le monde,
a contraint les autorités marocaines à les libérer quelque temps plus tard.
Et c'est suite à cela que Hassan II, lors de son discours du 20 août 1994 ,
promet l'enseignement "des dialectes berbères", promesse qui est restée
lettre morte.
Le Congrès mondial amazigh condamne fermement cette attitude des autorités
marocaines et exprime son soutien et sa solidarité indéfectibles avec les
deux militants. Et nous appelons l'ensemble des acteurs du mouvement
amazigh partout dans le monde à dénoncer la politique anti-amazighe des
autorités marocaines et apporter leur soutien à Ali Harcherras et Hamid
Lihi.
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Communiqué
Nous, Hamid LIHI et Ali HARCHERRAS, citoyens marocains, militants du
Mouvement Culturel Amazighe et membres de l'association socioculturelle
TILELLI à Goulmima :
- Informons l'opinion publique nationale, amazighe et internationale que les
autorités provinciales d'Errachidia, qui nous ont convoqués le mercredi 29
août 2001, nous ont notifié que nous sommes "interdits d'entreprendre toute
sorte de manifestation publique, sous peine d'être poursuivis pour
trahison", en nous rappelant les évènements qui ont secoué la région depuis
l'indépendance, notamment l'affaire Addi Ou Bihi en 1957 et l'épisode de
1973,
- Considérons cette forme d'interdiction anticipée, fondée sur un jugement
d'intentions, comme une atteinte grave à nos droits civiques et politiques,
garantis, pourtant, par la Constitution et le code des libertés publiques,
- Appelons les citoyens épris de justice et les organisations des Droits
Humains à nous soutenir et à dénoncer ces agissements intimidants des dites
autorités, qui privent des citoyens de leurs droits de manifestation et
d'expression,
- Exprimons notre gratitude à la population de la région pour le soutien
qu'elle nous a apporté dans cette épreuve,
- Réaffirmons notre détermination à continuer notre combat jusqu'à
satisfaction des revendications légitimes de notre région et du Mouvement
Culturel Amazighe.
Goulmima, le 4 septembre 2001
Hamid LIHI
Ali HARCHERRAS
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