Google
Publications | Forums | Annonces classées |Rencontrer ou correspondre | Annuaire |Médias |
Le Blog
Interview du Webmestre sur France3
 Aarch Aarch Aarch (Tribus, Tribus, Tribus)
Auteur: al djazaïri 
Date:   2002-04-10 23:04:13

Entretien avec Daho Djerbal,(historien, actuellement directeur de la revue Naqd d’études et de critique sociale)
El Watan, 08 avril 2002

Comment expliquez-vous le fait que le débat sur les élites politiques ait été ignoré pendant longtemps en Algérie ?
Ne croyez-vous pas qu’il existe une crise au sein des élites politiques ?

Nous arrivons, encore une fois, à l’accumulation de travaux, de préoccupations et de recherches universitaires qui
permet d’aborder des questions importantes dans «l’interdisciplinarité». On peut organiser des rencontres entre
sociologues, politologues, historiens et économistes autour d’un thème. Cela était à peu près impossible il y a quinze
ou vingt ans. Il y a eu des crises successives qui ont porté des coups mortels à l’institution universitaire. La machine
se remet difficilement mais résolument à tourner.
Aujourd’hui, le système de représentation politique est en train de traverser une crise majeure. Il y a un problème de
Représentation institutionnelle qui ne peut plus être géré par les formes habituelles de délégation par le haut, par
l’intervention permanente du pouvoir central au niveau local. La représentation ne peut plus se renouveler par
l’usage massif et systématique de la fraude électorale.
Apparemment, les institutions de l’Etat, et par voie de conséquence l’université, et quelques chercheurs se posent
les mêmes questions et s’interrogent : y a-t-il aujourd’hui de nouvelles modalités pour qu’il y ait véritable
représentation de la demande publique, de la demande civile et citoyenne ou de la demande politique ? Est-ce que le
système politique en place est en mesure d’engager des initiatives pour se réformer et réformer le mécanisme de
représentation ?
A-t-il la volonté et les moyens politiques nécessaires pour pouvoir mener à terme cette réforme? Tel qu’il est
Constitué aujourd’hui, et par sa propre histoire, le système politique ne pourra pas mener une réforme à son terme. Il
ne pourra pas réaliser un renversement radical des formes de la représentation, et surtout de ramener la source du
pouvoir souverain au niveau de la volonté populaire.

Dans ces conditions, les intellectuels ont-ils cette puissance de pousser vers cette réforme ?

Les intellectuels ne constituent pas un ensemble homogène, en ce sens qu’en fonction de leurs itinéraires,
trajectoires, objectifs et intérêts, ils forment u n ensemble hétérogène. Il y a diversité : des intellectuels d’Etat qui
sont dans l’office public, des intellectuels de partis qui sont au niveau du gouvernement et en dehors, des
intellectuels organiques qui représentent un autre versant de la demande sociale en terme de production des idées,
etc. Tout cela n’est pas encore homogénéisé par les crises et les luttes qui se déroulent dans le pays.

Le mouvement citoyen de Kabylie exprime-t-il, d’une manière ou d’une autre, la crise de la représentation que vous
évoquez ?

Il est l’expression pleine et entière de cette crise. D’un côté, il y a une volonté de sortir des formes classiques de la
Représentation pour mettre en place un nouveau dispositif plus en conformité avec l’attente de la population de la
Kabylie, et de l’autre, il y a ce rejet du politique et de la représentation, laquelle passe notamment par les partis. Il y a
également refus de la verticalité (absence de hiérarchie, ndlr). On reste dans l’horizontalité et on revendique
l’alternance : une contradiction. Voilà un mouvement se voulant citoyen et démocratique et refusant des modalités
politiques classiques, qui ne se donne pas les moyens de poser les problèmes non pas à l’échelle d’une région mais à
l’échelle nationale. Qui se pose comme alternative au système politique pas seulement pour la Kabylie mais pour
l’ensemble de la société algérienne. C’est là le grand problème de ce mouvement. Je ne peux pas le considérer
comme mouvement citoyen dans la mesure où 50 % de la Kabylie n’y sont pas représentés dans les conseils et
comités, que ce soit à Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira ou ailleurs. Par ailleurs, il y a reprise de la terminologie moderne,
citoyenne et démocratique. Dans les faits, c’est autre chose. Par exemple, les formes de délégation ne sont pas
électives mais par consensus et par quota. Dans certaines circonstances, à l’occasion de marches par exemple,
certains groupes villageois ou familiaux délèguent, par quota, leurs représentants.
De l’autre côté, il y a l’utilisation des vieilles structures qui sont, en fait, des coquilles vides. Parce que les structures
traditionnelles reposent sur le système de parenté, le système de la relation agnatique, avec le patriarcat comme mode
de référence principal. Quand on se rend sur le terrain, on remarque que ce n’est pas ce modèle qui est en jeu bien
qu’il y ait une sorte de machisme du masculin par rapport au féminin et de primauté du jeune sur le vieux. Il y a des
renversements de situations avec recours à des termes qui appartiennent à d’autres structures.

Peut-on parler d’opposition tradition-modernité ?

C’est une fausse opposition. Nous assistons à une désintégration des formes anciennes remplacées par de nouvelles
Structures d’expression et de nouveaux liens sociaux. De nouveaux agents sociaux émergent un peu partout. Des
phénomènes qui transforment l’espace communautaire, l’espace public, l’espace politique et autres. Je crois qu’on
ne tient pas vraiment compte de cela, y compris dans la presse nationale.
La remise en cause des partis, reconnus universellement comme une forme élaborée de la représentation de la
société, ne conduit-elle pas à une dépolitisation qui peut être, d’une certaine manière, dangereuse ?
Il y a une forme de dépolitisation sous les aspects d’une exacerbation des politiques. Et il y a le refus de ce
mouvement (des archs, ndlr) de se doter d’une structure par délégation de pouvoirs et par élections. Ce mouvement
ne peut, à aucun moment, constituer une alternative au système politique faute d’un programme global pour
l’ensemble de la société algérienne (...).
Comme cela est arrivé pour le mouvement @!#$, le mouvement dit démocratique et citoyen de la Kabylie risque
d’être poussé dans des marécages desquels il ne sortira pas...

Il est souvent dit que la Kabylie a été le terrain où existe une forte culture démocratique et de contestation.

Du point de vue historique, on ne peut pas considérer que la Kabylie a toujours été à l’avant-garde de ce combat.
D’autres régions ont produit des élites politiques et des alternatives nationalistes et révolutionnaires.
Si l’on prend l’histoire du PPAMTLD, et en fonction des régions, la Kabylie était fortement représentée parmi les
nombreux militants nationalistes et indépendantistes. D’autres régions l’y étaient tout aussi comme le Nord-
Constantinois, les Aurès ou l’Oranie. Elles y étaient dans la structure dirigeante du mouvement nationaliste et dans
les bases militantes dans les partis les plus révolutionnaires de l’Algérie contemporaine. Mais quelque part, il y a
comme une sorte de revendication de leadership de ce combat.

Les partis politiques ne fontils pas face, eux aussi, à une certaine crise, du fait notamment de la fermeture totale du
Champ politique dans le pays ?

La question démocratique se pose également au sein des partis démocratiques. Eux aussi sont mis en demeure de
résoudre la question de la représentativité et des fonctionnements internes. Beaucoup de partis sont pris dans le
fonctionnement de type traditionnel avec des leaders charismatiques et des formes de disqualification de la
représentation de la base. Je prends pour exemple la façon avec laquelle les crises sont résolues au sein de ces partis,
toutes tendances confondues.

Cette crise de la représentation n’appelle-t-elle pas des changements au sein du système politique, du moins là où il
Le faut ? La domination des militaires sur la scène politique n’at- elle pas atteint ses limites ?

Le problème est de savoir si «là où il le faut» c’est bien là où il le faut. Aujourd’hui, il faut s’interroger si les centres
de décision au sein de l’Etat ne sont pas en train de se déplacer par un mouvement de bascule depuis l’armée vers
d’autres centres ? Je pense aux nouvelles oligarchies qui se mettent en place.

On revient, en somme, à la théorie de Toffler sur «les nouveaux pouvoirs». Cela semble presque évident...

Oui, je crois qu’on est en train d’assister à la naissance de nouveaux pouvoirs qui seront peut-être en mesure de
Transformer l’armée en auxiliaire et non plus en centre de décision. Il y a des pertes de souveraineté au niveau
national qui sont beaucoup plus graves que les problèmes qui se posent au niveau du pouvoir de décision, qu’ils
soient dans une institution ou dans une autre.

Vous êtes un homme engagé dans le combat pour les droits humains. Quelle évaluation faites-vous de la situation en
Algérie ?

La lutte pour les droits de la personne humaine a été pendant longtemps focalisée sur une pression exercée sur les
Institutions et sur l’Etat pour les amener à entamer des réformes et mettre en place des dispositifs juridiques de
défense de ces droits. L’un des problèmes centraux de l’Algérie d’aujourd’hui est que la société n’est pas encore
arrivée au point où elle considère comme intolérables les atteintes systématiques physiques ou morales à l’intégrité
de la personne humaine. Tant que la société algérienne ne se soulève pas dans chaque cas d’atteinte aux libertés ou
aux droits, nous continuerons de voguer dans les formes autoritaires et tyranniques. C’est peut-être injuste mais je
pense que l’élite vit actuellement dans le privilège. Tant qu’elle y est installée, elle ne peut pas regarder de l’autre
côté. Du côté des gens d’en bas. On ne voit que très rarement ce qu’on appelle les intellectuels ou les universitaires
se mobiliser lorsqu’il y a une atteinte individuelle ou massive aux droits de la personne humaine. Dommage.

PROPOS RECUEILLIS P A R FAYÇAL M ETAOUI

 Sujet Auteur  Date
 Aarch Aarch Aarch (Tribus, Tribus, Tribus)  nouveau
al djazaïri 2002-04-10 23:04:13 
 Re: Aarch  nouveau
sh 2002-04-11 10:17:40 
 Re: Aarch  nouveau
al djazaïri 2002-04-11 12:53:51 
 Re: Aarch  nouveau
sh 2002-04-11 15:28:43 
 Re: Aarch  nouveau
al djazaïri 2002-04-11 17:03:58 
 Re: Aarch  nouveau
Ali 2002-04-14 19:37:38 
 Re: Aarch  nouveau
al djazaïri 2002-04-15 10:55:48 
 Re: Aarch  nouveau
ali 2002-04-15 19:53:51 
 Re: Aarch  nouveau
al djazaïri 2002-04-16 13:29:03 
 Re: Aarch  nouveau
ali 2002-04-16 20:31:08 
 Re: Aarch  nouveau
al djazaïri 2002-04-17 09:59:06 
 Re: Aarch  nouveau
ali 2002-04-17 14:06:01 
 Re: Aouch !!!!  nouveau
sh 2002-04-17 16:36:30 
 Re: Aouch !!!!  nouveau
ali 2002-04-17 16:52:24 
 Re: Aouch !!!!  nouveau
sh 2002-04-17 17:00:12 
 Re: Aouch !!!!  nouveau
ali 2002-04-17 22:15:51 
 Re: Aouch !!!!  nouveau
sh 2002-04-18 09:47:01 
 Re: Aarch Aarch Aarch (Tribus, Tribus, Tribus)  nouveau
Rafik 2002-04-12 15:48:07 
 Re: Aarch Aarch Aarch (Tribus, Tribus, Tribus)  nouveau
al djazaïri 2002-04-13 01:21:22 
 Re: Aarch  nouveau
Celsius 2002-04-17 00:09:15 
 Re: Aarch  nouveau
sh 2002-04-17 09:06:16 
 Re: Aarch  nouveau
MarlboroMaN 2002-12-10 18:52:43 
 Re: 41° celsius de fièvre = délire  nouveau
al djazaïri 2002-04-17 12:37:56 
 Re: 41° celsius de fièvre = délire  nouveau
Celsius 2002-04-17 13:06:13 
 Re: Fahrenheit  nouveau
sh 2002-04-17 16:40:59 
 Re: Aarch Aarch Aarch (Tribus, Tribus, Tribus)  nouveau
jean jacques lecomte 2002-04-17 18:43:00 

 Répondre à ce message
 Votre Nom:
 Votre Email:
 Sujet:
 Copiez   spethucl  en face:
    

© 1997-2016 Frebend Concept. Tous droits réservés. Envoyez vos commentaires et questions au Webmaster. 15 personnes connectées