Google
Publications | Forums | Annonces classées |Rencontrer ou correspondre | Annuaire |Médias |
Le Blog
Interview du Webmestre sur France3
 Re: Berbersiser ou arabiser???
Auteur: Celsius 
Date:   2002-06-27 12:06:07

Tout le monde peut aller puiser des textes qui disent et contredisent les autres, pour ma part, je préfère la lecture de l'histoire telle qu'elle est dans toute son objectivité et rejetter les pseudo-universitaires arabo-baathistes qui en arrivent même à reprendre la théorie fumeuse que celui qui soutient tamazight et condamne l'arabisation est à la solde du colonialisme français.

ENCORE UNE FOIS, JE SUIS BERBERE, SEULEMENT BERBERE ET TOUJOURS BERBERE : METS LE TOI DANS TA TETE SH (ET CONSORS)


I- Données générales : historique, politique, sociologique et éducative

A- L'Afrique du Nord, une terre amazighe

Tous les historiens de l'Afrique du Nord attestent que le pays est peuplé de Berbères depuis les temps les plus anciens. Ainsi, Ibn Khaldoun dans son Histoire des Berbères, peut écrire à propos du pays que l'on appelle le Maghreb et que nous appelons Tamazgha ou pays des Imazighen :

" Depuis les temps les plus anciens, cette race d'hommes habite le Maghreb dont elle a peuplé les plaines, les montagnes, les plateaux, les régions maritimes, les campagnes et les villes.(1) "

et concernant tamazight, la langue des Imazighen :

" Leur langage est un idiome étranger, différent de tout autre : circonstances qui leur a valu le nom de Berbères.(2) "

finalement sur les religions professées en Afrique du Nord :

" Il y avait parmi eux [des tribus] qui professaient la @!#$ juive ; d'autres chrétiennes, et d'autres païennes, adorateurs du soleil, de la lune et des idoles. Comme ils avaient à leur tête des rois et des chefs, ils soutinrent contre les musulmans plusieurs guerres très célèbres.(3) "

Plus près de nous, en 1931, l'historien anticolonialiste Charles-André Julien pouvait constater que

" Aujourd'hui, on ignore généralement que le Maroc, l'Algérie et la Tunisie sont peuplés de Berbères, que l'on qualifie audacieusement d'Arabes. Quant aux indigènes, ils se désignèrent souvent du nom d'Amazigh (Tamazight au féminin, Imazighen au pluriel) qui signifiait les "hommes libres", puis les "nobles" et s'appliqua à plusieurs tribus avant l'occupation romaine.(4) "

Actuellement, le lecteur exigeant, qui souhaite avoir l'avis de grands savants du domaine berbère, peut lire utilement L'Encyclopédie berbère, publiée en France avec le concours du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines de l'UNESCO.



B- La négation du fait amazigh par l'arabo-islamisme

Comme nous le verrons plus loin, la négation du fait amazigh est devenue une donnée constitutionnelle, mais il importe de savoir qu'elle remonte aux premières années du mouvement national dans lequel s'affrontèrent deux voies : la voie berbériste, qui défendait l'option d'une Algérie algérienne pluraliste, et la voie arabo-@!#$ qui défendait l'arabo-islamisation du pays, ce qui signifiait clairement qu'il était loin d'être arabe à ses yeux ni assez islamique. Un aveu, dès l'origine — et en creux — de la berbérité du pays. Mais pourtant.



a- Une négation qui vient de loin

En 1927, Messali Hadj, porté à la tête de l'Etoile nord-africaine (ENA), première organisation nationaliste algérienne, dans l'union, par l'immense majorité des cadres issus de la Kabylie, fait un discours au Congrès anti-impérialiste de Bruxelles dans lequel il expose le programme d'un futur Etat indépendant algérien en affirmant, déjà, devant les berbéristes nationalistes de l'ENA médusés que

"… la langue arabe est considérée comme langue officielle.(5)"

Et que

"… L'ENA appelle les Algériens à se conformer aux principes de l'@!#$ et à ne pas accepter de porter les armes contre d'autres musulmans. (6)"

L'option arabo-islamique est ainsi clairement affirmée. Elle fait désormais partie, note, Harbi, des principaux aspects de ce programme :

" L'arabo-islamisme. L'accent est mis unilatéralement sur les particularités linguistiques et culturelles de l'Algérie.(7) "

Ce faisant, l'@!#$ devient un " substitut à la nationalité.(8) "

Et il en résulte que :

" Ces conceptions ferment la voie à la recherche d'une nouvelle identité culturelle et empêchent la remise en cause des contraintes sociales, familiales et morales de l'ancienne société.(9) "

La divergence entre la voie berbériste, qui propose d'assumer toute la courbe plurielle historique du pays et la voie arabo-islamique, qui veut réduire cette courbe à n'être qu'arabe et islamique, conduira bientôt à une crise au sein du mouvement national, puis à la liquidation ou la marginalisation des militants berbéristes par la violence (dont des assassinats, y compris, plus tard, au maquis, durant la guerre d'Algérie, comme a pu en témoigner par exemple un berbériste célèbre, Mohand Aarav Bessaoud, ancien officier de l'Armée de libération nationale durant la guerre d'Algérie, opposant aux régimes de Ben Bella et Boumédiène, fondateur de l'Académie berbère à Paris en 1967.(10)).

En 1949, est déclenchée la répression des militants nationalistes berbéristes partisans d'une "Algérie algérienne" arabo-berbère et laïque, au sien du PPA-MTLD (11), alors sous la direction de Messali Hadj, qui leur était opposé en tant que chef de file du courant arabo-islamique, partisan d'une "Algérie arabe et musulmane".

Analysant cette crise, l'historien algérien Mohamed Harbi écrit :

" La crise de 1949 annihile les espoirs de voir un nationalisme radical se développer indépendamment de la foi religieuse.(12) "

Et plus loin :

" La saisie rationaliste et laïque du problème politique s'efface dorénavant au profit de l'approche mystique. L'épuration du mouvement berbériste a abouti à l'élimination des cadres de valeur pour faciliter la promotion des médiocres liés à l'appareil et redoutant par-dessus tout d'être taxés de matérialistes et de marxistes.(13) "

Depuis lors, le courant arabo-islamique, qui deviendra à la faveur des circonstances hégémonique au sein du FLN puis de l'Etat national, n'a eu de cesse de nier toute expression amazighe, traquer toute ouverture sur l'Occident, toute expression laïque, pour favoriser a contrario tout ce qui peut les combattre : l'anti-berbérisme dans les années 50 ; l'arabisme, sous Ben Bella et Boumédiène, dans les années 60-70 ; l'islamisme, sous Chadli, dans les années 80 ; enfin, la tragédie que l'on observe depuis les années 90. La légitimation du pouvoir va se faire désormais par l'@!#$ et la langue arabe, sacralisée en référence au @!#$.

Ainsi, à la veille de l'indépendance, Ahmed Ben Bella, appelé à devenir le premier président de l'Algérie indépendante, affirme à Tunis :

" Nous sommes des Arabes, des Arabes, dix millions d'Arabes ! (14)"

La politique de négation de tamazight est engagée d'emblée sur une voie qui demeure la même jusqu'à nos jours.



b- Une négation constitutionnalisée et inscrite dans la loi

Ce fait simple et massif qu'est la berbérité du pays est donc nié de toutes les façons possibles par tous les Etats nord-africains, dont l'Algérie qui, au mépris de toute réalité historique, sociologique, linguistique… a inscrit dans sa Constitution que

" Article 2 : L'@!#$ est @!#$ de l'Etat

Article 3 : L'arabe est la langue nationale et officielle. "

Cette inscription est la traduction constitutionnelle du diktat politique du courant arabo-islamique du mouvement national, pourtant à l'origine pluriel, qui n'a eu de cesse, depuis les années 40-50, de vouloir confisquer à son profit l'expression politique pour arabiser et islamiser le pays.

Tout se ligue pour éloigner du pouvoir une expression amazighe, puisque l'arabe s'impose à tous les niveaux de l'activité officielle, bien que longtemps en concurrence avec le français, et aujourd'hui encore. Toutes les institutions de l'Etat et de la République vont concourir à imposer l'arabisation depuis l'indépendance.

Ainsi, l'Assemblée nationale vote, dès le 12 juin 1963, une motion en faveur de l'arabisation, et les Assemblées suivantes, jamais démocratiquement élues, feront de même, jusqu'à la loi de généralisation de la langue arabe, amendée, du 17 décembre 1996, qui entrera en application le 5 juillet 1998, quelques jours après l'assassinat du chanteur kabyle Matoub Lounès.



c- L'Etat mis au service de la négation de tamazight

Les représentants de l'@!#$ officiel aussi bien qu'officieux jettent toutes leurs forces dans l'imposition de l'arabisation, invoquant à tout bout de champ le caractère sacré de la langue du @!#$. Ainsi, dès le 21 août 1962, les oulémas lancent un appel dans la presse en ce sens. L'association Al-Qiyam (15), dans laquelle se retrouvaient alors plusieurs chefs intégristes actuels, comme Abassi Madani du FIS, s'activent pour imposer l'arabe en commençant par un meeting à Alger le 5 janvier 1964. Aujourd'hui, toutes les tendances de l'islamisme sont d'accord sur cet objectif, et au pouvoir, l'organisation @!#$ de Mahfoud Nahnah, le MSP, est l'une des plus zélées, allant jusqu'à provoquer la Kabylie par des lettres ouvertes ou des commentaires injurieux. Le ministère des Affaires religieuses sous Boumédiène n'a pas été en reste, il a balisé le terrain de cette offensive durant près de vingt années. Le ramadhan est une occasion spéciale pour tous ces activistes officiels de redoubler d'efforts et imposer le caractère sacré de la langue arabe. Enfin, pour renforcer cela au quotidien, on institua le week-end hebdomadaire islamique du vendredi en août 1976.

La culture institutionnelle, les bibliothèque, les médias — particulièrement la télévision —, les salles de spectacles… sont unies, depuis l'indépendance, dans l'imposition quotidienne de la langue arabe au détriment de la langue berbère, le français ayant encore un espace d'expression. On tenta officiellement à plusieurs reprises d'empêcher le fonctionnement normal de la chaîne de radio nationale 2, d'expression kabyle, pour faire oublier jusqu'à l'existence de cette langue, par exemple encore en 1968 quand Mohamed Sedik Benyahia était ministre de l'information. De même le théâtre d'expression kabyle fut réprimé et cela est allé jusqu'à l'exclusion de lycéens qui le pratiquaient, dès 1967, à Tizi-Ouzou. La chanson kabyle de contestation subira le même sort, et certains chanteurs iront en prison. En 1969, Boumédiène interdit par exemple à la romancière kabyle Taos Amrouche ainsi qu'à d'autres berbérophones de représenter l'Algérie au Festival culturel panafricain.

L'école est la grande victime de la politique d'arabisation(16). Dès le 5 octobre 1962, Ben Bella annonce dans un discours à la télévision l'introduction de l'enseignement de la langue arabe à l'école, dans le même temps où il répétait : " Nous sommes arabes, nous sommes arabes, nous sommes arabes ! " Cet enseignement, fait dans un esprit et avec une orientation rétrogrades, aboutira à appauvrir l'univers des écoliers, handicapera gravement ceux dont la langue maternelle — le berbère — est ainsi niée à l'école, et marginalisera le français, dont l'écrivain Kateb Yacine pouvait dire qu'il est un butin de guerre. L'école produira en fin de compte une cohorte d'analphabètes trilingues selon l'humour populaire. L'université est arabisée dans ses principales filières, ce qui amènera une dramatique chute du niveau d'instruction des étudiants, incapables d'étudier dans une langue étrangère puisque empêchés de l'apprendre depuis bientôt une vingtaine d'années. Par ailleurs, l'endoctrinement religieux à l'école a fini par disqualifier dans l'esprit des écoliers et lycéens la vérité de la raison au profit de la vérité religieuse.

L'environnement social a été l'objet d'une arabisation anarchique et précipitée que ne pouvait expliquer aucune urgence. On arabisa, par exemple, de nuit, en 1976, en mobilisant des éboueurs armés de goudron, les plaques urbaines. Les plaques minéralogiques commencèrent à l'être également en mars 1976. L'arabisation des inscriptions publiques est alors dirigée par les walis (préfets) au moyen d'arrêtés. Naturellement, toute inscription en berbère est interdite.

L'administration subit, dès 1968, une tentative d'arabisation à vaste échelle. Ainsi, il est imposé aux fonctionnaires une bonne maîtrise de la langue arabe, ce qui obligera nombre d'entre eux à suivre des cours d'arabe, le plus souvent inefficaces. Le Parti unique FLN s'en mêle et crée en son sein une Commission nationale d'arabisation pour imposer sa pression. En 1976, une tentative d'arabisation de l'Etat-Civil a lieu dans la plus grande discrétion. Aujourd'hui encore, de nombreuses mairies prétendent interdire aux citoyens de donner des prénoms berbères à leurs enfants. Les actes de justice sont rendus en langue arabe, ce qui oblige à plaider et à témoigner en arabe. Pour des berbérophones ne comprenant pas l'arabe, on mesure ainsi l'ampleur des atteintes qui sont faites à leurs droits à une défense qu'ils peuvent suivre et comprendre.

Le Mzab est le théâtre d'un racisme antiberbère aux conséquences graves. Ainsi, en juin 1985, est déclenchée une violente attaque contre les Mozabites berbérophones de la part des M'dabih-Chaambas, arabophones. Deux personnes trouvent la mort et 50 sont blessées. Les arabophones, encouragés par le déni fait aux berbérophones, vont aller jusqu'à contester l'installation par l'Etat des berbérophones sur des terres situées dans des communes sous autorité arabophone. Les berbérophones dénoncent alors dans une lettre au président de la République " l'indifférence et la passivité des autorités locales.(17) " Ils estimeront leurs biens détruits à 700.000.000 DA. Cinq années plus tard, les mêmes événements se reproduiront à Berriane, autre ville du M'zab lors des élections communales de juin 1990. Le FIS faisait tout pour arracher la commune aux Mozabites berbérophones inscrits dans une liste indépendante. Des violences vont être déclenchées contre ces derniers durant toute une nuit, ce qui entraîna l'assassinat de deux Mozabites berbérophones Mass Daddi Addoun Nacer et son fils Salah devant la porte de leur maison. Après ces actes violents, des dizaines de Mozabites berbérophones sont arrêtés et jetés en prison alors que les assassins du FIS sont ignorés. Entre temps, à Guerrara, à 110 km de Ghardaïa, en octobre 1989 est nommé au lycée de la ville une personnalité symbolique et historique mozabite, chikh Brahim Bayoud, l'un des grands Azabas du M'zab, par les autorités locales. Opposés à cette nomination, les arabophones de la région ont déclenché une série d'actes violents contre les berbérophones et provoqué de nombreux dégâts matériels comme en 1985.

biblio :

Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, Paris, Geuthner, 1999, p. 167.

Ibn Khaldoun, 1999, opus cité, p. 168.

Ibn Khaldoun, 1999, opus cité, p. 177.
C.-A. Julien, Histoire de l'Afrique du Nord, Paris, Payot, 1931, p.2
Mohammed Harbi, Le FLN, mirage et réalité, des origines à la prise du pouvoir (1945-1962), Paris, éditions JA/STD, 1985 (2e éd.), p. 16.
Harbi, 1985, opus cité, p. 16.
Harbi, 1985, opus cité, p. 17.
Harbi, 1985, opus cité, p. 17.
Harbi, 1985, opus cité, p. 18.
Mohand-Aarav Bessaoud, - Heureux les martyrs qui n'ont rien vu, Alger, Colombes, Imp. Cary, 1963. Réédité aux Editions berbères, Paris, 1991 ; - " Les Kabyles dans le FLN ", in Historia magazine, n°42, Paris, Librairie Jules Tallandier, 1972.
PPA-MTLD : Le PPA, parti du peuple algérien, est créé en mars 1937 pour succéder à la première organisation nationaliste algérienne en France, l'ENA, ou Etoile Nord-africaine, dissoute par l'administration coloniale ce même mois. Le PPA est à son tour dissout par l'administration coloniale en 1939, mais il continue à activer dans la clandestinité. Après guerre, en 1946, le PPA crée une nouvelle organisation légale, le MTLD, Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, pour participer aux élections législatives. Le congrès du parti clandestin, en 1947, confirme le duo clandestin/légal constitué par le PPA-MTLD.
Harbi, 1985, opus cité, p. 66.
Harbi, 1985, opus cité, p. 66.
Ali Guenoun, Chronologie du mouvement berbère. Un combat et des hommes, Alger, Casbah éditions, 1999, p. 28.
Aissa Khelladi, Les Islamistes algériens face au pouvoir, Alger, éditions Alfa, 1992, p. 15.
Mohamed Benrabah, Langue et pouvoir en Algérie. Histoire d'un traumatisme linguistique, Paris, Séguier, 1999 ; Gilbert Granguillaume, Arabisation et politique linguistique au Maghreb, Paris, Maisonneuve&Larose, 1983.
Ali Guenoun, Chronologie du mouvement berbère. Un combat et des hommes, Alger, Casbah éditions, 1999, p. 70

 Sujet Auteur  Date
 Berbersiser ou arabiser???  nouveau
sh 2002-06-26 13:31:17 
 Re: Berbersiser ou arabiser???  nouveau
Celsius 2002-06-27 12:06:07 
 Re: Berbersiser ou arabiser???  nouveau
sh 2002-06-28 13:08:42 
 Re: Berbersiser ou arabiser???  nouveau
Amirouche 2002-06-30 08:34:31 
 Re: Berbersiser ou arabiser???  nouveau
Ali 2002-07-01 20:10:40 

 Répondre à ce message
 Votre Nom:
 Votre Email:
 Sujet:
 Copiez   qechucag  en face:
    

© 1997-2016 Frebend Concept. Tous droits réservés. Envoyez vos commentaires et questions au Webmaster. 15 personnes connectées