Auteur: Amirouche
Date: 2002-01-09 01:09:31
Le Matin du 05/01/02
Bessaoud Mohand Arab, fondateur de l'Académie berbère de Paris n'est plus
Une fidélité à toute épreuve
Bessaouad Mohand Arab est décédé des suites d'une longue maladie dans son exil londonien, mardi 1er janvier 2002, à l'âge de 78 ans. Cet ancien officier de l'ALN est l'auteur du célèbre témoignage resté longtemps interdit en Algérie Heureux les martyrs qui n'ont rien vu, édité au lendemain de l'Indépendance, en 1963, titre devenu une sorte de dicton pour dire les revers des luttes intestines au sein de l'ALN. Nourri dès son adolescence aux idéaux de l'Etoile nord-africaine et admirateur inconditionnel du militant-poète berbèriste, Laïmèche Ali, Mohand Arab Bessaoud exerce le métier d'instituteur dans sa région natale avant de rejoindre les rangs du FLN/ALN au déclenchement de la lutte armée. En janvier 1955, Krim Belkacem le nomme responsable des liaisons pour la Wilaya III puis en Wilaya IV. Dans cet ouvrage, qui a longtemps circulé sous le manteau, Bessaoud exprime son écurement face aux pratiques humiliantes dont il fut victime au cours d'une de ses missions.
Arrêté par ses « frères » de combat, il a dû la vie sauve à l'intervention de Ferhat Abbas et de Krim Belkacem. Réfugié au Maroc, il rentre au pays en 1962. Une année après, il rejoint l'insurrection d'Aït Ahmed dont il devient l'adjoint en Basse Kabylie. Après l'échec du soulèvement armé, il rejoint clandestinement (caché dans une armoire) Paris au début de l'été 1968. Deux années auparavant, il récidive sur un autre écurement : FFS, espoir et trahison (1965), témoignage dans lequel il fait une sorte d'autocritique de son engagement dans une insurrection avortée, comme il l'avait fait contre « le panarabisme rampant dans les maquis » tel qu'il le décrit dans Heureux les martyrs qui n'ont rien vu. En 1966, avec le soutien de deux célèbres personnalités algériennes en exil, l'écrivain Taos Amrouche et le professeur Mohammed Arkoune, islamologue, il fonde l'Académie berbère de Paris qui uvre, durant de longues années, à la promotion de la langue et de la culture berbère. Par sa revue Imazighen, Bessaoud et son équipe universitaire font découvrir à de nombreux lycéens algériens, dans les années 70, l'alphabet tifinagh comme signe de l'identité berbère. Cette école accusée à tord d'avoir été à la solde des services secrets français a été le terreau des principaux animateurs du Printemps berbère de 1980, date à laquelle il publie Identité provisoire. Réfugié en Angleterre, il tente un retour dans son village natal. Echec. Il rejoint Londres et écrit une sorte d'autobiographie L'histoire de l'Académie berbère.
Rachid Mokhtari
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