Auteur: aghras
Date: 2001-07-11 21:25:09
Sommaire Histoire Le séjour des arabes en France par Gustave Lebon
Le séjour des arabes en France, plus de deux siècles après Charles Martel, nous prouve que la victoire de ce dernier n'eut en aucune façon l'importance que lui attribuent tous les historiens. Charles Martel, suivant eux auraient sauvé l'Europe et la Chrétienté. Mais cette opinion bien qu'universellement admise,nous semble entièrement privé de fondement. L'expèdition d'Abdérame n'était qu'une campagne destinée à enrichir ses soldats, en leur procurant l'occasion de faire un riche butin. Sans le fils de Pépin d'Héristal, l'expèdition se fut terminée par le pillage de Tours et de quelques autres villes, et les Arabes se fussen, suivant leur habitude, éloignés pour reparaitre sans doute les années suivantes, jusqu'au jour ou ils eussent rencontré une coalition capable de les repousser. Charles Martel ne réussit à les chasser d'aucune des villes qu'ils occupaient militairement. Il fut obligé définitivement de battre en retraite devant eux et de laisser continuer à occuper tranquillement tous les pays dont ils s'étaient emparés. Le seul résultat apprèciable de sa victoire fut de rendre les arabes moins aventureux dans leurs razzias vers le nord de la France; résultat utile, assurément, mais insuffisant tout à fait à justifier l'importance attribuée à la victoire du guerrier franc.
Les mêmes historiens, qui donnent une importance capitale à la victoire de Charles Martel près de Poitiers, supposent naturellement que sans cette victoire, les Arabes eussent continué leurs invasions, envahi l'Europe, et se demandent avec effroi ce qu'il serait advenu des peuples Chrétiens sous la bannière du Prophète.
"C'était le sort le sort du monde qui venait de se décider, écrit à propos de cette bataille, M. Henri Martin dans son histoire populaire. Si les Francs eussent été vaincus, la terre eut été à Muhammed.. Et alors l'avenir de l'Europe et du monde eut été perdu, car l'activité qui pousse les hommes vers le progrés n'était pas dans le génies des musulmans. Leur génie se résume dans l'idée qu'ils ont de Dieu. Le Dieu des musulmans qui, après avoir crée le monde, se repose dans la solitude et dans son immobilité, n'excite pas les hommes aux progrès."
Supposons cependant que les chrètiens n'eussent jamais reussi à repousser les Arabes; supposons encore qu'au lieu d'un climat froid et pluvieux qui ne pouvait excercer aucun attrait sur eux, les musulmans eussent rencontrés dans le nord de la France le même climat qu'en Espagne, et eussent cherché à s'y établir de façon définitive. Pour savoir ce qu'eût été dans ces hypothèses impossibles le sort du nord de l'Europe, il suffit de rechercher ce que fut celui de l'Espagne musulmane.Or,comme sous l'influence des Arabes, l'Espagne jouissait d'une civilisation brillante, alors que le reste de l'Europe était plongé dans la plus grossière barbarie, il est évident qu'au point de vue de la civilisation de l'époque, les populations chrétiennes n'auraient eu qu'à gagner à se ranger sous la bannière du Prophète (Muhammed). Adoucis dans leurs moeurs, les peuples de l'occident eussent sans doute évité ainsi les guerres de religion, la Saint-Barthélemy, l'inquisition, en un mot, toutes ces calamités qui ont ensanglanté l'Europe pendant tant de siècles, et que les musulmans n'ont jamais connues.
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A mesure qu'on pénètre dans l'étude de cette civilisation, on voit des faits nouveaux surgir et les horizons s'étendre. On constate bientôt que le Moyen Age ne connut l'antiquité que par les Arabes ; que pendant cinq cents ans, les universités de l'Occident vécurent exclusivement de leurs livres, et qu'au triple point de vue matériel, intellectuel et moral, ce sont eux qui ont civilisé l'Europe. Quand on étudie leurs travaux scientifiques et leurs découvertes, on voit qu'aucun peuple n'en produisit d'aussi grands dans un temps aussi court. Lorsqu'on examine leurs arts, on reconnaît qu'ils possédèrent une originalité qui n'a pas été dépassée. L'action des Arabes, déjà si grande en Occident fut plus considérable encore en Orient. Aucune race n'a jamais exercé une influence semblable. Les peuples qui ont jadis régné sur le monde : Assyriens, Perses, Egyptiens, Grecs et Romains ont disparu sous la poussière des siècles, et n'ont laissé que d'informes débris; leurs religions, leurs langues et leurs arts ne sont plus que des souvenirs. Les Arabes ont disparu à leur tour ; mais les éléments les plus essentiels de leur civilisation, la religion, la langue et les arts sont encore vivants, et du Maroc jusqu'à l'Inde, plus de cent millions d'hommes obéissent aux institutions du prophète. Des conquérants divers ont renversé les Arabes, aucun n'a songé à remplacer la civilisation qu'ils avaient créee. Tous ont adopté leur religion, leurs arts, et la plupart leur langue. Implantée quelque part, la loi du Prophète y semble fixée pour toujours. Elle a fait reculer dans l'Inde des religions pourtant bien vieilles. Elle a rendu entièrement arabe cette antique Egypte des Pharaons, sur laquelle les Perses, les Grecs, les Romains avaient eu si peu d'influence. Les peuples de l'Inde, de la Perse, de l'Egypte, de l'Afrique ont eu d'autres maîtres que les disciples de Muhammed : depuis qu'ils ont reçu la loi de ces derniers, ils n'en ont pas reconnu d'autre.
Dr Gustave LE BON (Medecin et homme d'état Français) (LA CIVILISATION DES ARABES pages 236, 237 et page 8 pour finir)
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