Auteur: Amirouche
Date: 2001-06-10 12:21:53
Bonjour, slam fellawen,
Vous avez complètement raison mon ami. La jonction doit se faire pour la survie de ce grand peuple riche et altier. Les régions doivent se parler en dehors du système. C’est de cette manière que la guerre de libération a été faite, sur la base de région, de mentalités différentes et de respect mutuel. Parler de l’autonomie, de fédéralisme ou autre n’empêcherait jamais ce peuple de se parler, lui qui a forgé son histoire, son destin, en vivant ensemble, en se battant ensemble et on se respectant. Dans la langue populaire, dès qu’on décline son identité régionale ou tribale, la réplique est immédiate : « khyar ness », meilleures gens. Parler en français, vous ne trouveriez jamais ce genre de réponse spontanée et généreuse connue dans les langues populaires du Maghreb. Vous parlez d’Oran, une ville où j’ai grandi et étudié. Dans cette région, les Kabyle sont désignés par le terme « zwawi », la meilleure définition qui soit, très proche de la réalité ethnique. L’arabe parlé de cette contrée est truffé de lexique et d’expressions berbères (connus par les Kabyles ou non). Car le berbère utilisé dans cette région est plus proche de celui du marocain, des parlers berbères disparus depuis peu ou en voie de disparition (isolat linguistique berbère de l’extrême ouest). Ce qui est remarquable, c’est que les termes espagnoles s’effacent progressivement (excepté le lexique marin), alors que ceux du berbères restent vivaces. Evidemment il faut être bilingue pour les reconnaître et avoir une bonne connaissance en matière linguistique arabe et berbère. Enfin, j’oublierai pas ce que nous fournie l’onomastique ; beaucoup de noms berbères de lieux et de personnes, à commencer par le célèbre nom oranais « Houari ». Et de lieux comme Témouchent, Tassala, frenda, Msirda, Tounen, Relizane, Tlemcen, Tamazougha, Zamoura, etc.
Dans un post précédent, j’ ai évoqué l’immense confusion que le pouvoir entretient et comment manipule-t-il la division en coupant tous les liens allant jusqu’à la liquidant physique de tout médiateur crédible. Et la grande médiation qui fait frémir le pouvoir, c’est la culture populaire (langue et sagesse). A une époque pas très lointaine, c’était les marabouts (les vrais cheikhs) qui jouaient ce rôle. Cette « caste » a été brisée, corrompue puis disqualifiée et par le colonialisme et par le pouvoir assassin actuel.
Nos élites sont-elles capables de retisser les liens entre individus, entres les générations et enfin entre régions ? J’ose espérer. Car les martyrs kabyles, Oranais ou autres, sont morts tous pour que vive l’Algérie. Hélas pas pour celle que nous vivons actuellement. !
qim di lahna !
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