Auteur: I.M
Date: 2004-04-29 20:05:15
"Massinissa n’est pas algérien"
Rencontré au séminaire du MCB qui s’est déroulé ce week-end à Tizi-Ouzou, M. Belkheïr Rachid est déboussolé. Et pour cause, il est père de deux jumeaux nés le 6 octobre 2000 qui, à ce jour, ne sont pas inscrits sur le registre de l’état civil de leur commune de naissance, à savoir Aïn-Touta dans la wilaya de Batna (Aurès).
Lorsqu’ils sont venus au monde, le père se présente au guichet de la marie de Aïn-Touta pour les inscrire sous les prénoms de Gaya et Macipsa. Refus de l’administration, ces noms ne sont pas algériens, lui a-t-on dit ! "Le 10 octobre 2000, le procureur du même tribunal m’a écrit pour me dire "ces noms ne sont pas algériens" et 8 mois après le verdict tombe : ce tribunal se déclare incompétent."
Décidément, en Algérie, l’incompétence est un mot qui revient souvent. Trois années après leur naissance biologique, les deux fils de Rachid n’ont pas d’existence juridique ! On imagine le désarroi de ce père. Interrogé sur ce fait, un historien affirme : "Si Gaya et Macipsa ne sont pas algériens, il est autant pour Massinissa donc. Je vous rappelle que le premier était son grand-père tandis que le second fut son arrière-petit-fils." Pour la petite histoire, Massinissa a régné sur la Numidie. Le siège de son royaume fut Cirta, actuellement Constantine qui est située à quelques encablures du pays de la Kahina, reine des Aurès.
Ainsi donc, par la volonté de l’administration et de la justice, les Constantinois ne peuvent plus s’enorgueillir de l’algérianité du roi de la Numidie. Sous d’autres cieux, on ne s’empêche pas d’exhiber le moindre os ou morceau de pierre pour se revendiquer du passé, chez nous on a honte d’un roi qui a participé - ce sont les historiens qui le disent à façonner l’histoire du bassin méditerranéen. Certains fonctionnaires, moulés dans l’idéologie islamo-baâthiste, ne voient l’authenticité que dans tout ce qui porte le sceau des potentats du Moyen- Orient. Pour faire de l’humour noir, un séminaire commente : "Monsieur Belkheïr aurait dû choisir des noms de quelques sanguinaires commençant par Abou..."
Abachi L.
www.lesoirdalgerie.com, cité par www.kabyle.com, 13/07/2003
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