Auteur: Amirouche
Date: 2001-01-09 12:18:58
Avant de commencer, cette autre contribution (que certains ont déjà lue), je me permets de répondre juste pour dire que la « photocopieuse » a eu l’obligeance de demander à deux reprises sur ce forum de mentionner la bibliographie quand une assertion capitale est introduite faisant référence à l’histoire et autres sciences. Par ailleurs, comme vous le remarquez, j’ai toujours divulgué la mienne. Aussi, ce qui est « photocopié » a toujours été inséré avec des guillemets. Quand aux articles que je trouve très intéressant, je l’ai partage avec mes concitoyens. Je ne les ai jamais fait miens sauf au niveau de la vision, de l’analyse, de la pertinence. « La photocopieuse » ou le plagiat est à chercher ailleurs.
On voudrait parler des Hyksos, perdus dans l’histoire au demeurant, ce n’est pas mon cas, doublement. Je resterai dans le sujet et je répondrai indirectement à certaines fallacieuses affirmations au moment voulu. Comme d’habitude.
PS: Mon e-mail est toujours visible. Comme mes idées.
*************************************************
Aperçu historique et géographique de la berbérophonie :
L’espace culturel des Berbères concerne une bonne dizaine de pays de l’ensemble du Maghreb - Sahara - Sahel. Mais il va sans dire que le poids de la population berbérophone n’est pas le même. Presque inaperçue en Egypte, discrète en Tunisie, en Mauritanie, au Burkina Faso et au Nigeria, la présence berbère se fait plus sensible au Mali, au Niger et en Libye, pour s’affirmer en Algérie et au Maroc. C’est dans ces deux derniers pays où « la question berbère » se pose avec le plus de force.
Les traces de l’occupation de cet immense territoire par l’homme, remontent à dix milles ans av. J.C. que les préhistoriens nomment Paléolithique supérieur ; à ce moment vit, déjà, au Maghreb un homme de notre espèce, Homo Sapiens ou l’homme atérien découvert au Maroc. Suivi par la suite de l’homme de Machta el-arbi lequel est associé à une industrie appelée ibéromaurusienne. Ce type va s’effacer progressivement pour laisser place à l’Homo Sapiens du VIIIème millénaire. Il est porteur d’une industrie préhistorique laquelle a reçu le nom de Capsienne. On pense que les Berbères actuels tirent essentiellement leur origine de ces deux derniers types.
Au cours du néolithique (6000 – 2000 ans), les principaux éléments de la culture berbère sont en place : une langue, le libyque instrument de communication, un art, une religion attestés principalement par des monuments et des rites funéraires. Cette civilisation se développe au contact d’autres peuples de la Méditerranée.
La première mention historique des Berbères nous vient à travers des documents égyptiens (1). Il s’agit d’un récit de bataille entre les armées de Pharaon et des Libyens. Cela se passe en l’an 3300 av. J.C.
Une autre mention portant une date plus précise (1227 av. J.C.), en l’an 5 du règne de Mineptah, indique l’imminence d’un danger provenant des Lebous commandés par Amon, Meryey, fils de Ded, leur roi. « La victoire qui suivit, nous ont valu des précisions, des noms de personnages, des descriptions, par l’image et les hiéroglyphes, qui ont valeur historique et ethnographique. Par des documents plus anciens, l’aspect physique, l’équipement, les vêtements, les armes des Lebous (Libyens), nous étaient déjà transmis avec une précision quasi-photographique »(2).
Suite à des contacts incessant entre Egyptiens et Libyens, un Berbère ( Sheshonq 1er ) finit par s’imposer et fonda vers 950 av. J.C. la 22ème dynastie égyptienne
Cependant, si la Berbérie était une terre d’asile – une institution qu’on rencontre notamment en Kabylie sous le vocable de « Lâanaya » (3) — elle fut aussi la convoitise de différentes forces en Méditerranée. Nous signalerons, pour preuve, la présence des Phéniciens (1255 av. J.C.), qui émigrèrent de leur pays (Tyr au Liban) pour s’établir sur la côte africaine (Tunisie), où ils trouvèrent refuge, protection et sympathie. Mais l’épanouissement de Carthage s’était vite transformé en une colonisation belliqueuse et hégémonique, ce qui a précipité sa destruction en 146 av. J.C.
Auparavant, il y eut l’implantation des Grecs sur les côtes nord-africaines, et ce dès le 3ème millénaire.
Depuis, la Berbérie (Tamazgha en berbère), a connu différentes dominations coloniales, celle des Romains, des Vandales, des Byzantins, des Arabes et des Turcs. La colonisation française au Maghreb prend fin avec l’indépendance de l’Algérie (4) (1962).
Evidemment, durant toutes ces différentes époques, l’Afrique (5) du Nord oscillait entre guerre et paix. Des Etats Berbères s’y sont succédés avec plus ou moins de bonheur jusqu’au 16eme siècle. Le plus prestigieux des royaumes connu à l’époque romaine fut celui de Massinissa. Nous citerons aussi celui de Juba II (le roi le plus savant de la Numidie), Ptolémée et des rois entrés en guerre contre Rome comme Jugurtha, Gildon, Iabdas et des fougueux Tacfarinas, Faraxen et Firmus…
1- L’Afrique du Nord était pour les anciens Egyptiens Amentit, la belle déesse de l’Occident ; pour les Grecs l’Hespérie, c’est-à-dire le Couchant ; elle fut appelée par les Arabes El Maghrib. Une simple traduction. Bien entendu, chez les Kabyles par exemple, cela n’a aucune signification, aucune pertinence. Pour eux, il n’ y a de pays que Tamurt igawawen, sinon n’at aabas. Génériquement : Tamurt n’laqvayel.
2 - G. Camps, les Berbères, mémoire et identité, Paris, Errance, 1995, p. 5
3 – Un terme sémitique. Chez les arabophones, on utilise plutôt « himaya ». Probablement les Hyksos ont sollicité cette protection. Quant à l’origine du terme Mazigh ou Imazighen, nous le verrons un peu plus loin.
4 - avant la colonisation, Alger s’appelait Mazghana. Le 14 octobre 1839, le ministre de la Guerre du gouvernement Soult, le polytechnicien Antoine Schneider, écrit au gouverneur général Valée : « Le pays occupé par les Français dans le nord de l’Afrique sera, à l’avenir, désigné sous le nom d’Algérie ». Le vocable Algérie vient de naître. (CF. Historia n° 613, janvier 1998, p.39.)
5 - Afrique vient du terme berbère tafarka qui signifie un lopin de terre. Il s’agirait aussi du nom d’une tribu ; les Afariq.
|
|
