Auteur: amirouche
Date: 2001-02-27 01:25:06
Je vous donne à lire et à méditer un témoignage et non des moindre, celui d'un ethnoclinicien, Hamid SALMI, sur sa kabylité, sa construction identitaire. Mais en même temps, il s'agit d'un récit ethnographique mis dans une perspective psychologique d'analyse. Un regard de l'intérieur et de l'extérieur de la communauté. Un regard chaud et froid, tendre et lucide.
Bonne lecture.
LA COMMUNAUTÉ KABYLE : LES LIGNES DE FRACTURE
Proverbe : "S'ani ttedud ay adar s'azar ’’
Les Kabyles vivent des fractures : moi-même en tant que kabyle, j'en ai subi deux, peut-être même trois. La première fois, à l’âge de cinq ans, je suis parti de Kabylie pour rejoindre mon père à Oran : ce fut une deuxième naissance. Je quittais les cimes de ma montagne, brutalement propulsé d’un univers à en autre, celui de la plaine et de la ville. Pendant longtemps, je n'ai pas revu la Kabylie. Mais ce qui peut paraître étonnant, je suis resté kabyle, d’un seul bloc, malgré les fissures provoquées par l'exil
Ma définition du Kabyle - mon auto-définition - s'est faite par rapport et en opposition avec les autres, en l’occurrence, les Arabes oranais (musulmans comme moi) et les "Pieds-Noirs" de l'époque.
Ma seconde fracture le l'ai vécue comme une partie des Algériens, la décolonisation et l'indépendance ayant entraîné l’imposition d’un pouvoir endogène et l'introduction d’un arabe "étranger" forgé au Proche-Orient, que je percevais comme hostiles à la culture kabyle.
A suivre ....
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