Auteur: Amirouche
Date: 2001-01-17 15:21:12
Azul ay Imazighen s yel tama,
En parlant de Tamazgha, je n'ai pas intégré la partie su Sahel. Les Imuchagh sont en guerre actuellement contre la descrimination raciale et culturelle vis-à-vis du berbère. Des pactes de paix ont été signées mais sans vraiment de grandes transformations dans la vie effectives des Touarèg. La lutte continue. Cela dit, il n' y a qu'en Mali et au Niger où le berbère est vraiment enseigné en tifinagh depuis plusieurs années.
REALITES LINGUISTIQUES :
Le tamazight (le berbère) est une langue parlée en Afrique du Nord par les autochtones (Imazighen) (1). La linguistique classe les langues par famille. Le berbère est donc issu du chamito – sémitique qui comprend outre le sémitique (Phénicien, arabe, hébreu,…), l’égyptien (et sa forme moderne, le copte) et le couchitique (Ethiopie, Somalie).
Certains spécialistes l’ont apparenté à des langues germaniques, au basque, etc.
En ce qui concerne son écriture (TIFINAGH : tifin negh ? tafnight ?), le premier document daté avec précision, est un bilingue. C’est une dédicace (2) à Massinissa, roi berbère en 139 av. J.C. D’après les spécialistes, la date d’apparition de cette graphie se situerait au VIeme siècle av. J.C. Cela voudrait dire aussi que les caractères originels sont parmi les premiers au monde, car les premières écritures se situent au niveau du bassin méditerranéen. Malheureusement le millier d’inscriptions libyques demeurent en grande partie indéchiffrées. Il y a eu quelques timides tentatives de « traductions de ces inscriptions à l’aide des parlers berbères actuels et [ces chercheurs], ont obtenu quelques résultats » (3). Actuellement, la seule population berbérophone qui a gardé l’usage de cet alphabet consonantique sont les Touaregs.
La langue tamazight actuelle est à la fois une et multiple. La langue ne se comprend pas toujours d’une région à une autre. L’existence de plusieurs variantes sont dues au cloisonnement géographique, l’immensité du territoire, les vicissitudes de l’histoire, l’éparpillement entre plusieurs Etats, etc. Par contre sur le plan technique, les règles sont les mêmes. La différence se révèle beaucoup plus au niveau du lexique.
Mais, actuellement, que parlent les Algériens et les Maghrébins en général, dans la vie quotidienne de tous les jours ? La réalité linguistique actuelle atteste de l’utilisation de quatre importantes langues : le Tamazight ( berbère), le français, l’arabe scolaire et beaucoup plus l’arabe maghrébin lequel n’est en réalité que le résultat de l’interaction des langues précédemment citées, mais essentiellement berbère (dans sa structure profonde). A ce propos, M. Mammeri disait que « l’arabe algérien est une langue qui, structurellement, est du berbère habillé avec des mots arabes, (…) les gens qui parlent arabe actuellement sont des Berbères qui sont historiquement arabisés(…). C’est pour cela qu’entre l’expression maghrébine arabophone et l’expression maghrébine berbérophone, il y a des confluences extraordinaires ». (4)
Une cinquième langue essaie de se frayer un chemin, utilisée surtout dans les institutions officielles alliant la langue classique et la langue populaire (arabe algérien) ; il s’agit là d’un parler médian qui reste cantonné à la télévision, la radio, les discours politiques, utilisant pour l’essentiel une « langue de bois » trop stéréotypée et répétitive.
1 – l’origine a été donnée dans mes deux post précédents. Une tentative.
2 – Cette inscription, une dédicace bilingue du temple de Massinissa à Dougga semble dépassée, car depuis d’autres gisements ont été découverts. En Algérie orientale une bazina de Tiddis renfermait des poteries dont l’une porte trois lettres peintes sur panse. Les ossements contenus dans les poteries de cette tombe ont accusé un âge de 2200 (plus ou moins) ans, soit 250 (plus ou moins 100) ans av. J.-C. (date non corrigée). ( Encyclopédie Berbère n° XVII, p. 2571, 1996).
3 – J. Servier, Les Berbères, Que sais-je ? n° 718, Paris, PUF, 1990, p. 36.
4 – A. Djaghloul“ M. Mammeri ou le courage lucide d’un intellectuel marginalisé’’, in Awal, Paris, Maison des Sciences de l’Homme-CERAM, p. 94.
Il m’est arrivé de découvrir bien plus tard, que certains termes utilisés par des arabophones en Oranie sont du berbère que je ‘ai pu reconnaître parce que différents du kabyle. Il s’agit, en fait, de berbère du Maroc. Dans quelques cas, l’origine pourrait remonter à un parler berbère disparu depuis des décennies. Par exemple à Betioua, à côté d’Oran, le berbère se parlait jusqu’en début du 20e siècle. Certain parler vont disparaître sans qu’il y ait la moindre collecte. Je pense notamment aux isolats linguistique du côté de Ghazaouette, Tounen et Nedroma. Actuellement, il n’ y a que les vieux qui parle tamazight sporadiquement tout en se disant arabes. Ce phénomène est le même partout quand il s’agit d’une population à faible densité numérique. L’enclavement et la densité sont un atout majeur dans certaines situations. C’est cet enclavement qui sauve pour le moment le sud Tunisien resté berbérophone comme dans les régions de Sadwikech et Chneni ainsi qu’en Libye (les Nafoussi).
A SUIVRE .........
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