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Interview du Webmestre sur France3
 tolerance ou amnesie
Auteur: Si Samir 
Date:   2001-03-12 17:49:57


La destruction des bouddhas ne fait pas
l'unanimité chez les talibans

LE MONDE | 12.03.01 | 09h54


Contraire aux engagements pris en 1999, la démolition des statues
géantes de Bamiyan, en dépit de la mobilisation internationale,
témoigne des luttes d'influence au sein du mouvement religieux
afghan. Selon des sources concordantes, les deux bouddhas
auraient déjà presque disparu.

ISLAMABAD
de notre envoyée spéciale


Des sources indépendantes ont confirmé, dimanche 11 mars à Islamabad,
que les deux bouddhas géants de Bamiyan avaient, pour l'essentiel, été
détruits de façon très professionnelle, à l'aide d'explosifs jeudi 8 mars et
vendredi 9 mars. "Considérez les deux bouddhas finis", a renchéri de
Kandahar, siège du chef suprême des
talibans, mollah Mohammed Omar, son
secrétaire personnel et porte-parole, Abdul
Hai Mutmaen.


Sans confirmer la destruction totale, le ministre
des affaires étrangères taliban, le maulawi
Wakil Ahmad Mutawakil, a pour sa part
déclaré: "Il n'en reste pas grand-chose ." Le ministre a précisé qu'il avait
expliqué au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qu'il venait de rencontrer à
Islamabad, que "la destruction des statues était une affaire purement interne
et basée sur des édits religieux, et que les talibans n'avaient aucune intention
en agissant de la sorte de heurter la sensibilité de quiconque. Nous respectons
et continuerons à respecter l'héritage culturel de l'Afghanistan, mais la part
qui contredit directement notre foi ne sera plus tolérée", a-t-il ajouté.


Interrogé sur les interprétations différentes faites par des autorités religieuses
islamiques, M. Mutawakil a affirmé: "Celles-ci ne nous ont pas apporté de fatwa
contredisant la nôtre et ne nous ont donné aucun argument religieux" pour
justifier la préservation de ces statues.
Mollah Omar avait ordonné il y a deux semaines la destruction de toutes les
statues, affirmant qu'elles étaient contraires à l'islam. Le ministre s'est réjoui de la
venue de nombreuses délégations à Kandahar, affirmant que cela donnait
l'occasion aux talibans d'expliquer leur point de vue et le bien-fondé théologique de
leur décision. Les religieux afghans tentaient dimanche soir 11mars de convaincre
de la justesse de leur cause une importante délégation de l'Organisation de la
conférence islamique, comprenant notamment le mufti d'Egypte, Cheikh Nasr Farid
Wassel, et deux théologiens du Golfe, venus plaider l'arrêt des destructions. Le 9
mars, une délégation parlementaire japonaise et, samedi 10 mars, le ministre de
l'intérieur pakistanais étaient déjà repartis les mains vides de Kandahar.


Toute cette affaire, qui ne peut qu'aggraver l'isolement des talibans, semble avoir
été déclenchée à l'occasion de la très brève réouverture du Musée de Kaboul, en
présence du ministre des affaires étrangères, en août dernier. Des mollahs auraient
été choqués de voir des statues de bouddhas exposées. L'un d'entre eux aurait
saisi une cour de sharia (loi islamique) pour demander au nom de quoi les talibans
protégeaient ces statues non islamiques. Cette cour aurait pris une première fatwa
donnant raison au mollah et affirmant que ces statues devaient être détruites.


Dès le mois d'octobre 2000, des rumeurs de destruction au Musée de Kaboul
avaient alerté la communauté internationale.
Elles s'intensifiaient en janvier, et la Société pour la
préservation de l'héritage culturel afghan (Spach, en
anglais) décidait d'envoyer une délégation à Kaboul le 25
février. Selon d'autres sources, un vol par effraction aurait
eu lieu au Musée de Kaboul fin janvier et plusieurs statues
auraient été emportées, non pour être détruites, mais pour
être vendues. Peut-être y a-t-il eu à la fois destruction et
brigandage.


De son côté, le chef suprême des talibans, mollah
Mohammad Omar, à la suite de la première fatwa et
devant les premières réactions internationales, réunissait
une choura et décidait de soumettre le cas à la Cour
suprême. Celle-ci décidait alors que ces statues non
islamiques devaient être détruites. L'annonce en a été faite
alors que la délégation de la Spach venait de terminer des
entretiens positifs avec les autorités talibans à Kaboul.


Selon Dimitri Loundras, ambassadeur de Grèce au Pakistan et membre de cette
délégation, les trois responsables talibans rencontrés – le ministre de la culture et
de l'information, son adjoint et le ministre des affaires étrangères – reconnaissent
que des membres du ministère de la prévention du vice et de la propagation de la
vertu (police religieuse) ont détruit des statues, mais ils affirment : "Ce qui a été
fait est fait, mais à partir de maintenant nous allons collaborer avec vous.
Aidez-nous et on vous aidera."


En dépit de leurs demandes, les membres de la délégation n'ont pas été autorisés à
visiter le Musée. "Jusqu'à cette affaire, nous avions de bonnes relations avec les
talibans", affirme aujourd'hui Brigitte Neubacher, porte-parole de la Spach. De
1996, date de l'arrivée des talibans à Kaboul, à fin 2000, le ministère de
l'information et de la culture, en collaboration avec la Spach, avait en effet
répertorié 6000 pièces du Musée de Kaboul, "pour la plupart des fragments
sans grande signification", précise toutefois Mme Neubacher. Cette coopération
était d'autant plus naturelle que, dans un décret pris par Mollah Omar en juillet
1999, celui-ci affirmait: "Tout l'héritage culturel historique de l'Afghanistan fait
partie intégrante de l'héritage afghan et appartient donc à l'Afghanistan mais
aussi naturellement à la communauté internationale. Toute fouille, tout
commerce d'objets est strictement interdit et sera puni par la loi."


Dans un paragraphe spécifique aux bouddhas géants de Bamiyan, mollah Omar
précisait: "Les fameuses statues bouddhistes de Bamiyan ont été sculptées
avant l'avènement de l'islam en Afghanistan. Il n'y a plus de bouddhistes en
Afghanistan pour les révérer. Depuis l'avènement de l'islam jusqu'à
maintenant, ces statues n'ont pas été abîmées. Le gouvernement les considère
avec le plus grand respect, et elles doivent bénéficier aujourd'hui de la même
protection qu'avant. Le gouvernement estime d'autre part que ces statues
sont un exemple d'une source de revenus majeurs venant des visiteurs
internationaux. (…) Le gouvernement taliban déclare que Bamiyan ne doit
pas être détruit mais protégé."


Pourquoi alors ce revirement? Celui-ci semble s'inscrire dans la lutte qui oppose au
sein des talibans les durs aux plus "modérés" ou plutôt aux plus ouverts, qui ont
compris que les talibans devaient quelque peu composer avec la communauté
internationale. Les gestes consentis depuis plusieurs mois par les talibans, qui ont
par exemple lâché un tout petit peu de lest sur l'éducation des filles, le travail des
femmes, et banni la culture de l'opium, ne leur ont rien apporté en termes de
reconnaissance.


Au contraire, en janvier, sous la pression des Etats-Unis, qui exigent que les
talibans livrent l'islamiste d'origine saoudienne Oussama Ben Laden, l'ONU a
imposé de nouvelles sanctions au moment où la communauté internationale ne
répond que très faiblement à la crise humanitaire des réfugiés et déplacés afghans.
Même si ce décret n'obéissait qu'à des considérations religieuses, il est clair qu'il ne
faisait pas l'unanimité au sein des hauts responsables talibans, mais les "modérés"
n'avaient rien à opposer aux durs pour les convaincre d'entendre au moins les voix
islamiques qui s'élevaient en faveur de la protection des statues.


M. Mutawakil a fait allusion à cela en déclarant dimanche: "Nous aurions aimé
que la communauté internationale, qui a réagi avec beaucoup d'exagération
à ce décret, n'ait pas oublié la décision de bannir la drogue." Plus direct,
l'ambassadeur afghan au Pakistan, Abdul Salam Zaeef, nous affirmait: "Il est
ironique que le monde se mobilise sur des statues mais pas sur les souffrances
des Afghans. Si la communauté internationale avait admis la réalité du
terrain (les talibans contrôlent 95% de l'Afghanistan mais l'ONU reconnaît
toujours le gouvernement du président Rabani) et avait fait quelque chose
pour soulager les souffrances du peuple afghan, nous aurions répondu de la
même manière. Mais elle a toujours été contre nous."


Cette affaire va toutefois radicaliser les comportements des uns et des autres et ne
va certainement pas aider, comme l'a souligné le secrétaire général des Nations
unies, le million d'Afghans qui, selon l'ONU, sont menacés de famine si rien n'est
rapidement fait pour leur venir en aide.


Françoise Chipaux

 Sujet Auteur  Date
 tolerance ou amnesie  nouveau
Si Samir 2001-03-12 17:49:57 
 souvenons nous.....  nouveau
Ullial 2001-03-15 15:41:29 
 Re: souvenons nous.....  nouveau
Si Samir 2001-03-15 17:45:35 
 Re: souvenons nous.....  nouveau
Ullial 2001-03-15 17:52:33 
 rectification  nouveau
Si Samir 2001-03-15 17:53:20 
 Remarque  nouveau
Amirouche 2001-03-16 02:05:49 
 Re: Remarque  nouveau
Ullial 2001-03-16 09:22:14 
 Re: Remarque  nouveau
Si Samir 2001-03-16 11:09:55 
 Tanemmirt  nouveau
amirouche 2001-03-16 15:03:44 
 Re: tolerance ou amnesie  nouveau
Ullial 2001-03-16 13:59:15 

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