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Le Blog
Interview du Webmestre sur France3
 Sans heine, ni tabou, uniquement une algérianité plurielle.
Auteur: Belaid 
Date:   2001-01-12 15:34:07

Bonjour,

D’où viendraient les Juifs d’Algérie ?

Deux auteurs algériens ont tenté, par des approches similaires, de répondre à cette question.

La " question " identitaire, on la croyait depuis notre Constitution de 1989 et la liberté de penser et de dire conquise à force de " marches " d’affirmation de soi, qu’il s’agisse de celles du RCD-FFS, du MCB avec ses deux tendances ou encore des associations culturelles affirmées de nos frères chaouis (association El Kahina), des monts du Chenoua du Dahra (les Béni Haoua-Damous) et aussi de nos frères mozabites (Association des amis du M’zab) ou de la floraison des chansons dites en dialectal — ou si l’on préfère en langues traditionnelles — de notre nation (chaoui, chenoui ou mozabite, sans parler des classiques kabyles, toutes largement diffusées sur notre Chaîne II de la Radio algérienne RTA), comme étant une question d’ordre national, ou mieux dit une préoccupation identitaire relevant de notre seule algérianité depuis tant ébranlée par le terrorisme lâche, diffus et pervers.

Mais ne voilà-t-il pas qu’au hasard d’une lecture — Les Juifs d’Algérie, 2000 ans d’histoire — qu’on découvre que la " question " identitaire, ou pour éviter le concept " question " si chargé dans nos contrées par trop de fois enflammées de trop de napalm, de trop de tourments et de trop de " supplices scientifiques ", ne faudrait-il pas seulement lire l’" interrogation " identitaire légitime, préoccupe d’autres nations et d’autres peuples que nous Algériens de " souche ".

Aussi faut-il le reconnaître, la lecture de l’ouvrage Les Juifs d’Algérie, 2000 ans d’histoire, offre-t-elle le plaisir double, le premier partagé nous concerne directement parce qu’en 2000 ans d’histoire des Juifs d’Algérie, c’est aussi notre antique Algérie plurielle et diversifiée que l’on rencontre au travers d’une lecture ou la prégnance de l’historiographie coloniale dite " africaniste " n’est pas tout à fait absente — et on le comprend fort bien tant le mérite de la revue africaine réside dans la somme de documents glanés ravis à l’oubli du temps —, mais également c’est à la rencontre d’une partie de nous-mêmes que nous y allons car ceux qui, pour emprunter à la terminologie actuelle, " cohabitèrent " avec nos ancêtres, et ce, jusqu’à la date proche de notre national en 1962 du millénaire écoulé, ont été influencés par notre culture nationale ou nationalitaire, si l’on préfère, ont été influencés par notre culture, comme ils y laissèrent des influences prégnantes, puisque encore, en 1955, l’ethnographie française, dans la lignée de Monteil et Bourdieux, etc., relevèrent que, je cite Richard Ayoun et Bernard Cohen : " Le mythe encore vivant à l’époque moderne survient dans des populations se revendiquant d’ancêtres juifs ou, au contraire, chez des groupes totalement islamisés. Pour les premiers, il s’agit d’une filiation ténue, souvent réduite à quelques particularités rituelles : on ne travaille pas le samedi chez les Ouled Zaïan (de Tlemcen NDA), les Ouled Abdi (des Aurès, NDA), les Ouled Daoud à Menaâ (Aurès), constate A. Cahen à la fin du XIXe siècle ; on adopte des patronymes judaïques : Béni Ichou, Béni Harou, Béni Daoud, Aït Béni Youssef (présents également près de Tlemcen et dans le Djurdjura, NDA). Le phénomène inverse existe d’ailleurs aussi, et bien des familles juives portent des noms issus de tribus berbères.

Comme par hasard, c’est dans le massif de l’Aurès que se repèrent en plus grand nombre ces proximités : l’Aurès, bastion berbère face à toutes les invasions (y compris, on le sait depuis, la française, NDA), l’Aurès où les Béni Mekhfilet vénèrent, en 1955, des ancêtres juifs et récitent à leur endroit une bénédiction en judéo-berbère avant de tracer le premier sillon de l’année.

D’ailleurs, les historiens ne contestent pas l’existence, encore au XVIe siècle, d’un contrôle militaire de la vallée de l’Oued Abdi par les Aziz judaïsés… (Aziz est le nom musulman d’après le Coran du Prophète Jérémie dont Tabari traite abondamment dans son ouvrage De Salomon à la chute des Sassanides (les Juifs d’Algérie, édition Rahma, Alger 1998, pp. 42 et 43).

Quoi d’étonnant lorsqu’on sait que bien avant l’avènement de l’Islam au Maghreb (aux environs de 660 après J-C) — religion musulmane, devrait-on dire et non l’attitude religieuse monothéiste à laquelle participe tout autant le judaïsme et le christianisme selon le Saint Coran (sourate El Bakara " la vache ", versets 135 à 140 où l’Islam est compris dans le sens de la Soumission humaine au Dieu l’omnipotent et l’omniscient), les Berbères, Koceïlah qui fut chrétien de concession, et la Berbère Kahina juive de confession, participèrent de ce que l’on qualifierait, nonobstant la connotation religieuse prégnante depuis, de guerre " nationaliste " ou mieux dit " nationalitaire " contre les armées victorieuses de l’Islam triomphateur dans la deuxième moitié du 7e siècle après le Doux Jésus Christ.

D’où viendrait-il donc les Juifs d’Algérie ? C’est aussi à cette question que se propose de répondre cet ouvrage, Les Juifs d’Algérie, 2000 ans d’histoire.

Nous noterons au passage que cette lancinante interrogation est amplement partagée par les Algériens puisque deux auteurs d’Algérie, en langue nationale, l’Arabe, comme en français, seconde langue usitée par les Algériens, ont tenté de leur côté par de similaires approches d’y répondre, je fais mention de :

— Les Juifs d’Algérie, ces inconnus de Fouzi Saâd Allah, paru en langue nationale aux éditions Dar El Oumma, Alger 1996 ;

— Les Juifs d’Algérie, 2000 ans d’existence, paru en français aux éditions El Marifa, Alger 1999, par Aïssa Chenouf.

Sans trop rogner sur le plaisir du lecteur, signalons seulement que la présence des Juifs au Maghreb est signalée dès l’époque phénicienne avec la fondation de Carthage (" Cartha-gyne ", la cité des femmes ! (p.27) fondée par la célèbre Didon de Thyr (Phénicie) après son célèbre quiproquo avec son roi de frère ! Et il se fait justement que ce n’est qu’avec son arrivée, de Didon, que le Maghreb est entré, selon Charles-André Julien, le plus objectif des historiens français (L’Histoire de l’Afrique du Nord : Tunisie, Algérie, Maroc, édition Payot, Paris 1972), dans l’histoire écrite (périple de Hanon).

De Didon (ou Elissa), nous relevons chez C.-A. Julien en page 64 ceci : " Ce furent des colons tyriens et chypriotes que la légende considère, probablement à tort, comme des fugitifs qui, vers 814 (avant J-C), sous le règne du roi historique Pygmalion, fondèrent Quart Hadasht, c’est-à-dire Villeneuve (Carthage, NDA), au fond du golfe où se jettent Medjerba et Oued Melliane et sur le bras de mer qui unit les deux Méditerranées. On dit qu’ils avaient pour chef la propre sœur de Pygmalion, Elissa (ou Didon), reine de Tyr, dont l’existence n’est pas impossible, mais reste douteuse… Pendant trois siècles et demi, elle dut, presque sans interruption, payer un tribut annuel aux Lybiens. " (!) (Charles-André Julien, op. cité, p.64.) On sait que les Phéniciens ont essaimé par leurs comptoirs de la Phénicie (actuelle Palestine, Israël et Liban aux côtes extrêmes du Maghreb occidental, vers Tchemich au Maroc (Lixus) et Agadir (Rusaddir, du temps des Phéniciens) et encore plus vers le Sénégal d’après C.-A. Julien et le périple du Hanon p. 65).

On notera seulement que d’après Richard Ayoun et Bernard Cohen, les relations entre les Juifs du Maghreb et ceux de Palestine furent nombreuses et étroites déjà au temps de la Phénicie. Il serait seulement intéressant, ce qui aurait dû être signalé, de savoir quel roi-prophète dirigeait en ces temps-là le peuple d’Israël, car alors, au IXe siècle avant Jésus-Christ, le christianisme n’interviendra que 9 siècles après et l’Islam 16 siècles après ! Peut-être lorsque " les Phéniciens (furent) chassés par l’entrée de Josué en terre promise (et) seraient venus en Afrique " (p. 41) (Quel siècle avant Jésus-Christ ?).

Mais n’est-ce pas enrichissant d’en savoir davantage sur nous-mêmes ? On note pêle-mêle ceci sur notre antique passé méditerranéen : " Profondément solidaire de l’histoire méditerranéenne, le Maghreb central est aussi un pays heurté, contrasté, segmenté, rebelle à une profonde unification ethnique (jusqu’à l’avènement ottoman au début du XVIe siècle, 1515, NDA). Lieu de migrations et d’invasions, lieu de repli et de résistance au colonialisateur. " (p.23). On note aussi ceci : " Dans une zone économique vouée avant tout à l’exportation, ils (les Juifs du Maghreb) étaient des agents commerciaux à ménager. " (p.36) ; " les mythes de ce pays, si divers et si vivace, n’ont guère de vraisemblance historique, lorsqu’ils donnent une origine palestinienne aux " gens " d’Afrique. Mais dans leur entêtement même, ils demandent à être écoutés… Cette terre se prête aux mythes, avec emportement " (p. 40 et 41). Hélas aux clichés surannés aussi.

Mais en conclusion, et pour ne pas compromettre le plaisir du lecteur de cet ouvrage fort utile et documenté, saluons au passage cet effort de l’Algérie plurielle de revenir vers elle-même, tolérante et ouverte au progrès et à la modernité, comme aux échanges culturels méditerranéens comme en témoigne l’important lot de livres collectés par la société civile française pour les lecteurs algériens assidus.

A bientôt.

 Sujet Auteur  Date
 Sans heine, ni tabou, uniquement une algérianité plurielle.  nouveau
Belaid 2001-01-12 15:34:07 
 Re: Sans heine, ni tabou, uniquement une algérianité plurielle.  nouveau
AL @!#$ 2001-11-05 17:30:46 

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