Auteur: maz
Date: 2003-09-18 00:52:53
Les averses qui se sont abattues sur Alger dernièrement ont été catastrophiques pour les sinistrés du séisme du 21 mai dernier. Ceux placés dans des camps de toile à Alger ont carrément été envahis par les eaux. A El-Hamma dans la commune de Belouizdad, des sinistrés ont même eu recours au blocage de la route principale afin d’attirer l’attention sur leur désarroi.
Ce sont des enseignantes, des universitaires, des cadres d’entreprises ou des femmes au foyer, jeunes et moins jeunes, certaines accompagnées de leurs enfants en bas âge. Elles ont pris les devants de la manifestation pour bloquer les routes de la ville de Boumerdès et les entrées du siège de la wilaya.
Désespérées de voir la fin de leur souffrance qui perdure depuis la catastrophe du 21 mai, durant laquelle leurs foyers avaient été dévastés, ces mères de famille farouchement résolues, ont poussé leurs époux à une action de rue pour dénoncer l’incurie des pouvoirs publics et la carence de l’Etat qui a abandonné ces familles à leur détresse sous les tentes où une personne humaine ne pourrait pas vivre plus d’une journée été comme hiver. Au carrefour du 11- Décembre, qui fait face aux coopératives ravagées par la secousse tellurique du mercredi noir, la route est bloquée dans les deux sens par une centaine de sinistrés dont la moitié sont des femmes du camp de Fouais. Les policiers dépêchés en renfort se tenaient à l’écart. C’est Fatiha, 27 ans, le visage portant des griffes ensanglantées qui nous a décrit la nuit du lundi au mardi : “Dès les premiers coups de vent, la tente m’est tombée dessus. La pluie a, par la suite, inondé toutes les tentes. Nous avions passé la nuit dehors sous la pluie sans qu’aucune autorité s’inquiète de notre sort.” Oudaï, 8 mois, en pleurs donne des signes de début d’une forte grippe à la suite de la nuit passée à la belle étoile dans les bras de sa maman. Mme Meriouli, 65 ans, s’en prend au wali délégué de la localité : “J’ai tenté à plusieurs reprises de le voir pour lui exposer la situation de ma famille, je n’ai pas réussi à apercevoir son visage. A chaque fois on me dit qu’il est en réunion.” Une manifestante d’une quarantaine d’années nous exhibe un journal dont la une faisait état d’une aide financière destinée aux sinistrés : “Où sont les chalets promis par le chef de l’Etat ?!” Un père de famille se dit scandalisé par la télévision qui donne des informations mensongères sur la situation des sinistrés : “A en croire la télé du gouvernement tout va pour le mieux pour nous. Allez voir nos tentes, nous sommes parqués comme des bêtes !”. Nous quittons le carrefour du 11-Décembre pour le siège de la wilaya où d’autres protestataires observaient un sit-in. A l’entrée principale, celle des fonctionnaires et des visiteurs ce sont uniquement les femmes qui bloquaient l’entrée à toute circulation automobile depuis 10 h du matin. Les hommes se chargeaient de l’entrée officielle. Vers 12 h 30, une délégation de sinistrés était toujours en discussion avec le wali, Bedrici. Les dames rassemblées devant le siège de la wilaya. Et rien ne les prédestinait à ce genre d’action virulente de rue sinon l’impuissance de l’Etat à leur venir en aide et la mauvaise gestion gouvernementale des séquelles du cataclysme du 21 mai. Ces femmes meurtries par la catastrophe, usées par un été pénible, angoissées par un avenir incertain, voyant leurs familles se disloquer lentement se disent indignées au plus haut point par le comportement des pouvoirs publics. L’une d’elles résume pour nous leur situation : “Min el houfour ila el koubour” (des décombres aux tombes). Malgré leur propre situation peu reluisante, par solidarité elles ont tenu à nous signaler le cas de deux frères Hicham, 13 ans et Ykba, 18 ans qui ont perdu leur père cadre à Sonatrach, leur mère et leur cousine à la cité des 1200- Logements : “ils ont été complètement abandonnés, ils ne survivent que grâce à la solidarité des familles sinistrées, d’autres cas similaires existent”, nous ontelles précisé. Ces manifestations avaient commencé la veille aux environs de 22 h 00. Les sinistrés avaient fait le siège de la wilaya et patienté jusqu’à 3 h 00 du matin sous la pluie en vue de voir le wali, sans résultat. En effet, l’orage qui s’était déclenché avait mis à terre des dizaines de tentes, d’ailleurs, certaines l’étaient toujours ce mardi aprèsmidi. Par ailleurs, toutes les tentes de tous les sites de la commune ont été inondées jetant hommes, femmes et enfants dehors détruisant aussi le peu de biens qui restaient à ces miraculés du 21 mai, notamment les draps, couvertures, effets personnels et vivres. Constatant qu’ils affrontaient seuls encore une fois une autre calamité, les sinistrés de tous les camps de toile avaient initié une marche nocturne vers le siège de la wilaya pour s’insurger contre le mépris des autorités. Il y a lieu de signaler qu’une source sûre nous a affirmé qu’un bulletin météorologique d’alerte prévoyant des vents à 70 km/h et de fortes averses avait été diffusé. Interrogée au sujet de ce bulletin, le chef de la daïra de Boumerdès a refusé de répondre à la question sans pour autant démentir cette information. De leur côté, les hérbergés de camps de toile n’avaient relevé aucune disposition spéciale pour faire face au changement brusque de la météo. La négligence a-telle atteint le stade où même la sécurité des sinistrés n’est plus le souci des services concernés.”
Abachi L.
Sources lesoirdalgerie 18 09 2003
Avehri ! Tout est relatif tu sais...
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