Auteur: yaghmouracen
Date: 2003-08-19 17:42:59
Je vous prie de lire les 2 commentaires ci-dessous et d'y donner des réponses intelligibles
Ce commentaire est pris d'un texte sur le site suivant:
http://www.chez.com/maghreb2000/text2.htm
Quote"
Ce mot AMAZIGH -la consonne Gh dans ce terme transcrit en caractères latins à la valeur de la lettre R, comme dans le mot route (français)- qui désigne à tort depuis quelques décennies l'ensemble des berbères et qui selon la plupart d'entre eux signifierait «homme libre»
est un malentendu livresque doublé d'une rare
désinvolture intellectuelle de la part de certains intellectuels kabyles françisants. " Unquote
Quote: "
Houari Addi Sociologue algérien dans le forum de wledwahran.com
Bonjour les forumistes,
Sur la question kabyle, il y aurait beaucoup de choses à dire. Nous en avons discuté longuement avec Tighaza dans le thread "berbérisme" et je ne voudrais pas qu'on revienne sur des aspects déjà débattus. La réflexion suivante a été écrite spontanément et mérite d'être approfondie. Je la laisse telle quelle pour ne pas ennuyer des forumistes qui trouvent les posts trop longs.
La question kabyle.
La revendication berbériste niant l’arabité de l’Algérie est apparue pour la première fois dans le mouvement national à travers la crise de 1949 qui a éclaté dans les fédérations de Paris et de Lyon du PPA-MTLD. Elle a été le fait d’une minorité de militants et a été réduite au silence par des kabyles de l’intérieur. En quoi a consisté cette revendication ? Face à un monde arabe dans la léthargie politique (monarchies corrompues, archaïsmes sociaux…), des émigrés rejetant ce sous-développement politique et social ont déclaré ne pas être arabes. Exaspérés par le discours de Messali Hadj faisant de plus en plus référence à l’@!#$ et à l’arabité, ces militants reprochaient au leader son habit traditionnel et la façon dont les masses populaires l’adulaient. Il est vrai que Messali Hadj faisait l’objet d’adoration de la part du peuple qui le mythifiait. Il était autant un chef nationaliste admiré qu’un marabout vénéré. Certains militants du parti dans l’émigration avaient plutôt comme idéal pour l’Algérie la troisième république française et sa laïcité.
La crise kabyle de 1949 a été dépassée dans les années 1950 mais elle a laissé des traces qui resurgiront après l’indépendance. Boumédiène l’a évitée en offrant au pays le rêve du développement par l’Etat populiste. Avec l’échec de ce projet, le berbérisme refait surface véhiculé par des francophones kabyles qui rejettent sur la langue arabe les causes de l’échec du projet de modernisation. Cette hostilité à la langue arabe s’est aussi manifestée dans d’autres régions, notamment à Oran. Mohamed Benrabah, enseignant à l’université d’Es-Sénia, aujourd’hui professeur d’anglais à Grenoble, prône l’abandon de la langue arabe et l’officialisation de la langue arabe dialectale. C’est aussi la position du linguiste Oranais Abdou El Imam (neveu du président du club MCO) et qui a enseigné à l’université de Tlemcen. Mais à Oran, cette tendance n’a pas eu d’écho dans la population car celle-ci considérait l’arabe dialectal comme une forme dégradée de la langue arabe littéraire. En Kabylie, il y a eu tendance à mettre en rivalité l’arabe et le berbère parlé par la population. D’autre part, la revendication linguistique a cristallisé le rejet du régime et a donné aux kabyles le sentiment de la minorité opprimée.
L’erreur fondamentale que commet le berbérisme est qu’il considère la culture comme une essence invariable alors qu’elle est une construction sociale et historique. L’arabité de l’Afrique du Nord a été construite par les berbères sur la base de l’@!#$ et de la langue arabe. De ce point de vue, les Kabyles sont des arabes car l’arabité n’est pas ethnique mais culturelle. Il suffit d’écouter les chansons de Matoub Lounès pour se rendre compte de son arabité. Il chante une musique cha’bi, variante moderne de la musique andalouse, dans le style de Bou’ajaj (Mostaganem) et Dahmane el Harrachi (Alger). La culture arabe du Maghreb a été créée par des berbères et c’est pourquoi nous sommes différents des peuples du Moyen Orient.
Qu’est-ce que la culture ? C’est l’ensemble des pratiques et relations sociales d’un peuple, y compris les représentations politiques. De ce point de vue, qu’est-ce qui différencie un kabyle d’un autre Algérien ? Rien. Les mêmes plats préparés (le couscous), les mêmes vêtements (le burnous) et aussi le même autoritarisme dans les rapports sociaux. Comme chef politique, Saïd Sadi est plus proche du leader arabe autoritaire et peu respectueux des droits de l’homme que de Clémenceau ou Edouard Herriot de la Troisième République française laïque qu’il admire.
L’hostilité à l’arabité en Kabylie n’est pas fondée mais elle sert à exprimer le mécontentement de la population à l’endroit d’un régime impopulaire dans tout le pays. Dans le cadre d’une Algérie démocratique, cette hostilité diminuerait jusqu’à devenir résiduelle et sans impact politique, car il ne faut jamais oublier que la Kabylie n’est pas la Bosnie-Herzégovine. Il n’y a pas de haines ancestrales entre les différentes populations en Algérie. Il y a cependant crise et pourrissement de la situation en raison du modèle jacobin de la nation que l’élite politique a héritée de la France coloniale. En France, c’est l’Etat qui a créé la nation. En Algérie, l’Etat est en faillite et est discrédité et donc incapable d’assurer la cohésion nationale. Plus grave encore, pour se maintenir, le régime n’hésite pas à dresser les uns contre les autres. Le rapport Issad affirme implicitement qu’il y a eu des forces non institutionnelles qui ont donné l’ordre de tirer sur la foule. Qui sont ces forces si ce n’est la Sécurité Militaire, épine dorsale du régime ?
Pourquoi les Kabyles se sont révoltés ? Par rejet d’un régime qui s’est coupé de la population en refusant le système des partis politiques représentatifs. La plate-forme d’El-Kseur défend le principe de la primauté du politique sur le militaire et celui la subordination du pouvoir exécutif au corps électoral. Son application inaugurerait une transition vers la démocratie. Il y a un seul point à clarifier dans cette plate-forme : le point 8 relatif à l’officialisation de la langue berbère. Cette revendication respecte-t-elle le principe de la langue arabe comme langue nationale ? Si c’est le cas, les populations non berbérophones ont intérêt à soutenir la plate-forme d’El-Kseur pour en faire une revendication nationale.
Le prochain post portera sur la question économique.
Amicalement
Lahouari" Unquote
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