Auteur: Amirouche
Date: 2002-12-07 23:43:17
Comme je le disait plus haut, la raison ethnique était (et sera) puissante pendant la guerre d'Algérie ; une dimension réelle sur laquelle s'est basé le découpage politicomilitaire des wilaya. La Kabylie pour la première fois depuis la colonisation est sortie unie comme un bloc (Haute Kabylie et Basse Kabylie). On a beau raconté l'histoire officielle lisse, monolithique et héroïque, celle qui a forgé la guerre était faite dans la diversité, dans le régionalisme. La dimension ethnique, culturelle et politique de la Kabylie était reconnue de manière latente ou manifeste. Les militants parlaient au nom de l'Algérie mais jamais pour nier une région pour favoriser une autre. La Kabylie pensait avoir sa place au soleil après la guerre. Mais les Kabyles étaient naïfs ou plutôt trop honnêtes. C'est dans les interstices de l'histoire officielle sciemment enjolivée qu'on retrouve la vraie histoire, le vécu réel, la conscience vraie d'un peuple.
Comme je le disais précédemment les langues commencent à se délier et dire les choses sans détours : Lisez ce qui suit : El-Watan du 18/12/2002
"""C'EST DU RACISME PUR ET SIMPLE, C EST LEXCLUSION, C’ EST DU MEPRIS. LA FEDERATION DE FRANCE EST COMPOSEE ESSENTIELLEMENT DE MILITANTS D’UNE CERTAINE REGION DE L’ALGERIE. LES POSITIONS POLITIQUES DE L’EMIGRATION NE CONCORDAIENT PAS AVEC LE COUP D’ETAT DE 1962."""
****************************************************************
KADDOUR LADLANI (Fédération de France du FLN) /
«Nous sommes marginalisés»
Dans une lettre ouverte adressée au président de la République par l’Association des moudjahidine de la Fédération du FLN de France, parue dans la presse nationale il y a quelques semaines, M. Kaddour Ladlani, président de l’association et membre du CNRA, pose un certain nombre de problèmes que la tutelle n’a jamais voulu résoudre. M. Ladlani s’exprime à ce propos.
Pour commencer, avez-vous eu une réponse à votre lettre ouverte ?
Non. Rien. Ni le président de la République ni le ministère des Moudjahidine n’ont réagi. J’en ai parlé à M. Bouteflika lorsque je l’avais rencontré à la cérémonie du 1er Novembre, c’est-à-dire une semaine après la parution de la lettre ouverte, et j’attends toujours. Je sais qu’il y a eu des remous au niveau du ministère des Moudjahidine, mais en tant qu’association, à ce jour, nous n’avons rien reçu.
Ne trouvez-vous pas que 40 ans après l’indépendance de l’Algérie, continuer à réclamer d’examiner des dossiers de reconnaissance soit un peu déplacé, voire un peu tard ?
Si nous considérons aujourd’hui qu’il est tard que d’authentiques moudjahidine réclament leurs droits, il fallait donc tuer les rescapés au lendemain de l’indépendance.
Mais pourquoi attendre 40 ans pour réclamer ?
C’est un droit reconnu par l’Etat algérien. Il faut à ce moment-là une autre loi pour annuler la première (n°164/MM/SM du 30 avril 1996). C’est un droit qui m’a été donné par l’Etat algérien, à la veille de ma mort, je décide de faire mes papiers, personne ne peut me l’interdire car c’est un droit qui découle de la Révolution. Si on me nie le droit de réclamer ma participation à la Révolution sous prétexte que cela fait 40 ans, alors il faut nier cette révolution elle-même. D’autant plus que si les moudjahidine des wilayas historiques de l’intérieur du pays ont eu largement le temps depuis 1962 de faire reconnaître leurs droits légitimes, il n’en est pas de même pour beaucoup d’autres issus de la Fédération du FLN de France, car c’est seulement en 1996 que le ministre des Moudjahidine a enfin donné des instructions pour que la qualité de membre de l’OCFLN avec mention «permanent» soit reconnue à nos militants ayant assumé des responsabilités de chef de section, de chef de groupe ou de chef de cellule au sein de la Fédération du FLN de France.
Et pour les autres, pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ?
Cela les regarde. Et puis, à l’époque ils n’avaient pas le droit à la mention «marginale», c’est-à-dire ne pas avoir le droit à l’invalidité, ni à aucun autre avantage pécuniaire. Ils avaient juste le droit d’importer un véhicule tous les 5 ans. Par la suite, il y a eu des instructions ministérielles qui ont donné des droits nouveaux aux militants qui avaient activé pendant la guerre. La loi du 30 avril 1996 a accordé la qualité de permanents aux chefs de section, chef de kasma, chef de cellule, etc. Ce que nous réclamons aujourd’hui, c’est l’application de cette loi, ce qui n’a pas été fait.
Pourquoi cette décision de suspension de l’examen de reconnaissance ne pénalise que les moudjahidine de la Fédération du FLN de France ?
Parce que les militants de la Fédération du FLN en France sont marginalisés depuis 1962 et ils continuent à l’être jusqu’à aujourd’hui.
A quoi cela est dû à votre avis ?
C'EST DU RACISME PUR ET SIMPLE, C EST LEXCLUSION, C’ EST DU MEPRIS. LA FEDERATION DE FRANCE EST COMPOSEE ESSENTIELLEMENT DE MILITANTS D’UNE CERTAINE REGION DE L’ALGERIE. LES POSITIONS POLITIQUES DE L’EMIGRATION NE CONCORDAIENT PAS AVEC LE COUP D’ETAT DE 1962.
Cela continue, comme tout le monde peut le constater. Aujourd’hui, les régions qui n’ont presque rien fait pour la Révolution se retrouvent à sa tête, c’est-à-dire les harkis, les goumis, etc. Pendant la guerre de Libération, il y avait une solidarité et une fraternité puissantes entre l’émigration, les militants de l’ALN et tous les autres militants.
Comment expliquez-vous qu’au sein des commissions au ministère des Moudjahidine, les éléments désignés ne soient pas représentatifs de la Fédération FLN de France ?
Pour la simple raison que ces éléments ne sont pas choisis par les membres de notre comité fédéral. C’est un de nos subordonnés qui a fait une scission avec 60 hommes pour participer au congrès. Les 5 membres du CNRA (Omar Boudaoud, Souissi, Haroun, Bouaziz Rabah et Kaddour Ladlani) ont été exclus, la plupart de nos cadres ont été exclus et un de nos subordonnés nous représente au ministère.
Pourquoi les responsables de la Fédération du FLN de France n’ont-ils pas réagi ?
Nous avons réagi, mais tout le monde était contre nous. C’est l’ONM qui nous a sabotés et trahis, elle a désigné ses hommes. A ce propos, je dégage notre responsabilité de tout ce qui a été fait par cette équipe parce que nous avons des doutes sérieux sur l’objectivité de son travail. C’est à cause de ces gens-là qu’il y a eu des faux moudjahidine.
A ce propos, quelle est la position de la Fédération du FLN de France ?
C’est le CNRA qui avait décidé qu’à partir du 18 janvier 1960, nous serions wilaya, avec 5 membres au Conseil (un colonel et 4 commandants), comme toutes les autres wilayas de l’intérieur. Dans nos rangs (l’émigration), vous ne pouvez trouver ni des harkis, ni des goumis, ni des éléments de l’autodéfense. Nos militants sont d’authentiques militants, il ne peut pas y avoir parmi eux de faux moudjahidine. Ces derniers se trouvent ici.
Combien sont-ils ?
Le ministère des Moudjahidine doit désigner une commission d’enquête à l’échelle internationale composée d’éléments crédibles, propres, honnêtes. Jusqu’à présent, personne n’a osé faire cette proposition parce qu’ils sont tous complices, ils ont tous quelque chose à se reprocher. Où sont les éléments de l’autodéfense de la Mitidja et compagnie ? Où sont les harkis et les goumis ? Ils sont ici et ils ont des invalidités, ils ont des pensions... Il y a des régions qui étaient à l’époque très connues pour être messalistes, aujourd’hui, ces gens arrivent en tête. Pour répondre à votre question, je ne sais pas combien ils sont, mais même s’il y a un seul faux-moudjahid, il est de trop.
Est-ce qu’en tant qu’association nationale, vous avez dénoncé ce phénomène ?
Bien sûr qu’on l’a dénoncé, verbalement, pas à travers les médias, mais nous l’avons dénoncé. Les gens d’hier et d’aujourd’hui qui avaient la responsabilité pour éviter ce scandale sont mal placés. C’est un de mes subordonnés qui a pris la tête de la VIIe wilaya historique dans la commission. Il a désigné des chefs de section, des chefs de secteur pour aller à la commission, alors que nous, quand Omar Boudaoud était à la commission, on a désigné les chefs de wilaya, les vrais militants qui ont commencé de la cellule jusqu’en haut. Nous avons choisi la plupart des militants qui avaient échappé aux arrestations, c’est-à-dire qui ont vécu l’organisation du FLN de 1954 à 1962.
Pourquoi avez-vous écrit cette lettre ouverte ?
Ce que nous avons écrit dans la lettre ouverte n’est qu’une partie de la vérité ou des doléances de cette émigration qui a tout donné à l’Algérie avant et pendant la Révolution et qui est capable aujourd’hui de donner davantage. Malheureusement, on n’en s’occupe pas. Nous sommes marginalisés parce que notre position en 1962 a dérangé tous les aventuriers qui ont pris le pouvoir. Et le résultat, on le voit aujourd’hui. Notre tort a été d’avoir raison trop tôt...
Par H. B.
|
|