Auteur: hend
Date: 2002-03-06 22:20:19
Tamazight fait paniquer Nahnah
L’ouverture des journées parlementaires du MSP, hier à l’hôtel Es Safir, a été l’occasion pour Mahfoud Nahnah de dénoncer le projet de reconnaissance de la langue amazighe.
A en juger de la réaction véhémente du président du MSP, qui s’est scandalisé jusqu’aux larmes en évoquant la question identitaire, il est permis de croire que la procédure d’intégration de tamazight comme langue nationale dans la loi fondamentale du pays est enclenchée d’une façon résolue au plan institutionnel. Le chef du MSP a parlé en homme politique mis devant le fait accompli, s’accrochant aux constantes nationales avec l’énergie du désespoir. «On s’apprête à remettre en cause les constantes nationales consacrées dans la Constitution, par des lois détournées, circulant sous la table, et s’appuyant sur la volonté de clans, de koraïchiate et de archiate», s’est insurgé Nahnah. «La Constitution a précisé les frontières du pays, sa langue et son identité profondément enracinée dans le patrimoine arabo-islamique», a encore lancé le cheikh, qui a campé dans une position défensive qui tranche avec les attitudes et les discours passés où la dimension amazighe est citée, au moins à titre accessoire. L’officialisation de tamazight étant devenue une donnée et une option incontournables, la mouvance @!#$ se crispe et revient à son discours originel, nu, bâti sur l’idéologie arabo-islamique, sans concessions et sans perspectives. Pour Nahnah, tamazight dans les textes signifie la remise en cause de l’unité nationale. «On veut reconstituer le mur de Berlin dans notre pays. Mais va-t-on accepter qu’on trahisse notre Histoire, notre Constitution et le sang de nos martyrs ?», a ajouté Mahfoud Nahnah, qui a dirigé ses mises en garde contre le président de la République et le chef du gouvernement. Les attaques contre les détenteurs du pouvoir ont été d’une virulence qui a frappé l’assistance, croyant au départ assister à une rencontre conviviale à l’occasion d’une fin de mandat parlementaire que les députés jugent positif. Le réquisitoire de Nahnah contre les tenants des «trois pouvoirs» est des plus violents. «La minorité a écrasé la majorité, prétendant que c’est cela l’Etat moderne, a-t-il asséné. Ils ont dilapidé les richesses du pays, piétiné les lois, marginalisé le peuple, vidé l’Etat de son autorité...» Face à ses députés, Nahnah a abandonné le style conciliant des communiqués saluant les initiatives des autorités. «Nous avions sept ministres dans le gouvernement précédent, rappelle Nahnah. Sous la pression des minorités auprès des décideurs, nous n’en comptons plus que trois, et dans des départements secondaires.» Constat d’échec pour les partisans de «l’entrisme», qui descendent en flammes un pouvoir qu’ils ont cru conquérir. Le retour de bâton est brutal. Ils se sentent poussés vers la porte de sortie au moment où ils s’apprêtaient à consolider leur assise institutionnelle. «Nous avons deux députés femmes, preuve de notre engagement en faveur de la modernité, déclare Nahnah, mais elles ont failli être contraintes à la retraite forcée, pendant que des personnes n’ayant aucun rapport avec le Parlement assistent aux réunions et sont conviées aux rencontres.» Les récriminations du président du MSP prennent la tournure d’incantations, mélangeant allégrement le projet @!#$ à la notion de République moderne, devant un parterre de militants attentifs. Ces derniers ne seront pas épargnés par les envolées du chef: «Nous sommes avant tout des militants. Ceux qui veulent prendre une autre direction peuvent partir. Il existe 62 partis», a-t-il lancé, avant de réaffirmer que le MSP œuvre pour «la sécurité et la stabilité de la République, et reste ancré dans les préceptes de l’@!#$ et dans la ouma arabo-islamique».
|
|
