Auteur: hend
Date: 2002-03-04 21:06:22
La réunion prévue pour aujourd’hui entre la présidence de la République et la frange des délégués, dont la représentativité est contestée par la population, se tiendra sans la présence des délégués dits radicaux qui refusent toute rencontre avec le pouvoir tant que celui-ci n’a pas rendu publique son acceptation des revendications contenues dans la plate-forme d’El Kseur. Contrairement aux rumeurs qui le donnent partant, Belaïd Abrika ne se présentera pas à ladite rencontre avec le Président. En principe, le chef de l’Etat devrait annoncer une série de mesures allant dans le sens du désamorçage de la crise en Kabylie mais les arouch, cette fois-ci, ne croient plus aux professions de foi du pouvoir. Ce dernier a pris l’habitude, à la veille de chaque échéance électorale importante, de prendre des engagements qu’il ne respectera pas par la suite. Au demeurant, en Kabylie, les conclaves continuent de se tenir tout en ne se ressemblant pas. Une espèce de parlement, régi par ses propres règles, y est institué, les sessions consacrées à la réflexion et à l’adoption de documents succèdent à celles où des décisions sont prises. Ce fonctionnement, qui, certes, n’est pas encore un modèle tout à fait exempt de critiques, est, pour l’instant, le plus avancé dans le pays sur le plan de la démocratie et tout cela contredit la thèse d’un mouvement strictement unanimiste avancée par nombre d’observateurs de la scène politique nationale. Cette organisation propre aux arouch a permis à ces derniers de faire face avec succès à toutes sortes de manipulations. Ironie du sort, celle qui a été présentée comme une grande faiblesse -la structure horizontale- est celle-là même qui donne du fil à retordre aux conspirateurs de l’ombre. Au reste, sur le terrain, le mouvement des citoyens est en train de développer une déontologie du politique qui a tant fait défaut ces dernières années en Algérie. De ce point de vue, on peut dire que le temps a fait son œuvre et que le processus de maturation politique commence à produire de l’effet. Ainsi, le dernier document élaboré par les arouch estime que le scrutin prévu le 30 mai prochain est un «alibi pour le pouvoir afin de se légitimer vis-à-vis de l’opinion publique internationale en voulant se donner l’image d’un régime démocratique en faisant fi de l’impasse politique, socio-économique et démocratique dans le pays». «Si dans les sociétés réellement démocratiques, poursuit le même document, l’élection est le reflet de la volonté populaire, le système politique algérien est basé sur l’étouffement de cette même volonté puisque les instances élues sont mises sous éteignoir et ne servent, de ce fait, qu’a cautionner un régime qui n’a de démocratique que la façade.» Voilà un discours déjà entendu ailleurs. Ne revêt-il pas plus de poids du moment que cela sort du tréfonds de nos montagnes ?
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