Auteur: oubekkou
Date: 2002-02-05 18:10:33
A quelques mois d’échéances électorales constitutionnelles, alors que le pays bloqué est en proie à la contestation et à l'émeute, le gouvernement navigue à vue devant la tempête des revendications citoyennes.
Piégé aussi par une démarche du Président de la République, faite de professions de foie ostentatoires et de serments sans lendemains, l’Exécutif ne semble être fixé ni sur l'agencement des échéances, ni sur les dossiers à assainir.
Préoccupés à assurer la survie d’un régime que tout condamne, les dirigeants sont réduits à opposer leur arsenal policier dans un pays où le citoyen a divorcé de l’Etat.
La gestion de la crise de Kabylie illustre à elle seule l’implacable détermination du pouvoir à recourir aux appareils et procédures policières pour neutraliser un mouvement populaire qui se manifeste depuis dix mois et qui demande à ce que des crimes soient punis par la justice du pays.
Les administrations formelles, même traditionnellement réduites à des rôles de porte-voix des structures occultes, ont disparu. Les wali et autres chefs de daïra se sont évanouis et c’est ouvertement que les honorables correspondants commandent, délèguent et décident au lieu et place des représentants attitrés de l’Etat.
Inefficaces et surannées ces pratiques ont le mérite de révéler les intentions du régime : il n’y aurait ni crise, ni impasse, l’Algérie est un long fleuve tranquille dont la quiétude commanderait de garder en l’état les hommes, les instances et les méthodes.
Les élections à venir seraient une étape ordinaire dans la vie nationale ; il n’y aurait qu’à en reproduire les termes et les résultats.
Voilà pour le programme des officiels. Cynisme, abus et irresponsabilité sont les supports d’un trépied qui fondent encore un système moribond et écrase un peuple endeuillé.
La chose est autrement plus complexe pour les forces de l’opposition. Ne pas participer à une échéance électorale est toujours problématique dans un pays où le pouvoir, même contraint et forcé, s’accommode de l’exercice de la pluralité. L’absence des voix de l’opposition dans les institutions peut toujours aggraver les conditions de monopole de l’expression publique et contribuer au pire : reconduire un statu quo ravageur. Mais dans le même temps, des signes avant-coureurs montrent que les conditions de préparation des prochaines élections participent d’un vrai remake des fraudes précédentes. Et si cela venait à se confirmer la participation des démocrates ne serait qu’un alibi pour une consolidation d’un régime fossoyeur de la Nation.
La question n’est donc pas simple : des décisions du boycottage ou de l’engagement, laquelle favoriserait un changement, si timide soit-il ?
La bonne intelligence voudrait que pour une fois tous ceux dont la voix et le poids peuvent contribuer à peser dans le sens d’une préservation de l’administration des manipulations et manœuvres occultes conjuguent leurs efforts. Pour sa part le RCD y est disposé.
Dans le tournant du 11 septembre, annonçant l'accélération du processus de globalisation, libérant dans le même mouvement les forces démocratiques et disqualifiant l’hypothèque @!#$, la révolte de Kabylie, au compte de la Nation algérienne, exprime l'aspiration à la citoyenneté et à l'alternative démocratique avec son ancrage dans le progrès et la modernité.
Il s’agit, pour tous les démocrates algériens de lire et traduire cette insurrection citoyenne en alternative nationale et, pourquoi pas, à partir de là, offrir à une Afrique du nord en panne la première occasion qui aura vu une décision d’état inspirée d’un combat citoyen.
Sur le même registre, l'accord d'association que vient enfin de parapher l’Algérie avec l'Union Européenne qui place de fait le pays sous éclairage international, apporte, pour les forces démocratiques, un environnement plus propice pour hâter la rupture avec la régression.
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