Auteur: oubekkou
Date: 2001-11-21 21:38:25
L’HISTOIRE TRIOMPHE DE L’HISTORIOGRAPHIE, LE DEBAT D’IDEES AURA RAISON DE L’ASSASSINAT POLITIQUE
La glorieuse lutte de libération nationale, déclenchée le 1er novembre 1954, a soulevé une espérance dont la résonance est encore intacte dans les consciences citoyennes.
Engagé contre une colonisation de peuplement, cet acte fondateur a eu un retentissement mondial eu égard à l’universalité de sa cause, aux sacrifices consentis et à l’objectif fixé et, finalement, atteint : l’accession de l’Algérie à la souveraineté internationale.
Le premier novembre 1954 fût un pari sur le peuple (dixit Krim Belkacem) après la grave crise qui avait secoué depuis 1949 le principal parti indépendantiste, le PPA-MTLD.
Le congrès de La Soummam, le 20 août 1956, a rationalisé ce soulèvement populaire en le dotant d’une doctrine politico-idéologique. Les fondements idéologiques de l’Etat national indépendant et ses principes politiques ont été clairement édictés : un Etat républicain et social ; la primauté de l’intérieur sur l’extérieur et du politique sur le militaire.
Force est de constater que l’édification de l’Etat national, forgé par l’Extérieur et l’armée, a fini par inverser les énoncés idéologiques et dévoyer les principes politiques.
Subrepticement puis irrésistiblement, l’arabo-islamisme a squatté les institutions de l’Etat et la confusion qui s’en est suivie a donné lieu à une grave crise identitaire dont l’intégrisme religieux est l’expression la plus extrême.
Au plan politique, la substitution des rôles entre le parti (unique !) et la police politique a produit des mœurs inaugurées déjà par le meurtre de ABANE, en décembre 1957, qui sont aux antipodes des idéaux proclamés par cet immense espoir que fût le 1er novembre 1954.
En effet, le processus de légitimation est rythmé par les putschs, les choix univoques de chartes et constitutions octroyées sur fond de kermesse électorale. La panoplie de ces techniques totalitaires est complétée par le travestissement/manipulation de l’Histoire et l’assassinat politique.
L’ouverture de l’Algérie - certes par effraction – au multipartisme a formellement mis fin à ces pratiques.
Plus d’une décennie, l’on constate des résultats plutôt édifiants : des dizaines de milliers de morts à cause de l’impéritie politique et de la confusion idéologique du régime, dérives qui ont produit l’hydre islamo-intégriste, et l’omniprésence de la police politique avec la prétention de régenter le système politico-administratif. « L’algériasclérose » est de retour.
A vrai dire, quelles que soient les imperfections du système de légitimation mis en place depuis 1989, personne ne croyait que le meurtre politique puisse être remis aussi facilement en selle ou même brandi comme une menace suggestive.
Celle dont a été victime dernièrement le Président du Rassemblement, Saïd SADI, ressemble étrangement à une perte de sang froid du système. Elle est aussi l’annonce d’un retour du passé, opéré par paliers suite à une immersion jamais voulue mais imposée par la force des choses.
Dans ce dangereux retour en arrière qui confine à une restauration du système grâce à des ressources administratives insoupçonnées, il y’a, en revanche, dans la société civile une formidable dynamique d’émancipation qui entend dessiner un autre avenir. L’émergence du mouvement citoyen de Kabylie en est la preuve vivante.
L’irruption fracassante de celui-ci dans le champ des signes en se réappropriant le patrimoine symbolique et historique de la Nation est, en effet, l’expression d’une société civile qui ne peut plus s’accommoder des faux semblants et des faux fuyants.
Près d’un demi-siècle après le déclenchement de la guerre de libération, il y’a une espèce de revanche de l’Histoire sur l’historiographie ; et le face-à-face entre ceux qui ont instrumentalisé cette date symbolique à des fins partisanes et une génération qui veut parachever l’œuvre de novembre par l’instauration de la démocratie est désormais incontournable.
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