Auteur: Tin Hinan
Date: 2001-11-12 12:39:11
Le Comité pour les droits économiques, sociaux et culturels des Nations
Unies tient sa 27eme session du à partir d'aujourd'hui , 12 au 30 novembre 2001. A cette occasion,
l¹Algérie, Etat partie du Pacte international des droits économiques,
sociaux et culturels, présentera son deuxième rapport périodique, devant le
Comité, le 15 novembre.
Le Congrès mondial amazigh sera présent à cette session et présentera un
rapport sur la question amazighe en Algérie.
Par sa présence à Genève, le CMA compte dénoncer la politique
anti-amazighe de l¹Etat algérien ainsi que sa violation des droits
fondamentaux des Imazighen.
Ci-joint le communiqué de presse du CMA à cette occasion.
************
CONGRES MONDIAL AMAZIGH
Nations Unies
Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels
27e session du Comité des droits économiques, sociaux et culturels (CDESC)
Genève, 12-30 novembre 2001
Communiqué
du CMA sur le rapport de l¹Algérie au CDESC
En vertu des articles 16 et 17 du Pacte sur les droits économiques, sociaux
et culturels qu'elle a ratifié en 1989, l'Algérie est appelée à fournir, le
15 novembre 2001, devant le Comité des droits économiques, sociaux et
culturels (CDESC) des Nations Unies, son deuxième rapport périodique.
En la circonstance, l'Algérie présente un texte mettant en scène une
mécanique institutionnelle tout à fait formelle d'allure hautement
protectrice des libertés publiques et des droits conférés par le Pacte de
1976 aux Algériens, mais en totale contradiction avec la réalité de chaque
jour.
Ce formalisme de façade cache l'énorme fossé qui s'est structurellement
installé entre la légalité algérienne qui, seulement dans ses textes, se
veut respectueuse des traités internationaux relatifs aux droits de l'homme
et l'application réelle de ces instruments ainsi que la protection effective
des droits qu'ils reconnaissent, cependant très formellement, aux
ressortissants de l'Etat algérien.
L'une des principales contradictions se constate dans le traitement que
réserve l'Etat aux amazighophones (berbérophones) en général, ceux de
Kabylie en particulier, où pas moins d'une centaine de Kabyles ont été
assassinés depuis le 18 avril 2001 par des gendarmes (dont aucune autorité
n'assume l'ordre qui leur a été donné de tirer sur des jeunes désarmés), ce
qui a été mis en évidence de façon tout à fait officielle par le rapport du
juriste Mohand Issad, requis par le président Abdelaziz Bouteflika pour
mener " en toute indépendance " une enquête sur les évènements tragiques de
Kabylie en ce printemps noir 2001. Il apparaît ainsi, à la lumière de ce
rapport, que la violation massive des fondements mêmes du Pacte de 1976 est
sans conteste. Le caractère formel du discours juridique algérien est encore
une fois, hélas, illustré dans un bain de sang des citoyens de ce pays.
Aussi, le CMA s'élève contre ces violations caractérisées des droits des
amazighophones (berbérophones) en contradiction avec les conventions de
protection des droits de l'homme, notamment les droits linguistiques et
culturels signées par l'Algérie. En effet, la Constitution algérienne impose
toujours unilatéralement la langue arabe aux amazighophones (berbérophones),
qui réclament de leur côté la reconnaissance de leur langue, tamazight (le
berbère), au niveau national et officiel. De ce fait, l'Etat mène une
politique délibérée d'arabisation forcée, considérée par le Comité pour
l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD), selon ses
propres termes, comme un "impérialisme linguistique".
Nous, Congrès mondial amazigh (CMA), organisation internationale non
gouvernementale, dénonçons le déni culturel, et a fortiori les violations
massives des droits élémentaires, des amazighophones (berbérophones)
d'Algérie.
Une délégation du CMA présentera lors de la 27e session du Comité sur les
droits économiques, sociaux et culturels, qui se tient à l'Office des
Nations Unies, à Genève, du 12 au 30 novembre 2001, un rapport afin de
dénoncer tous ces manquements de l'Etat algérien au Pacte de 1976 et exiger
la condamnation sans appel de sa politique au mépris des textes
internationaux qu'il ne cesse de signer dans le même temps qu'il en bafoue
l'esprit et la lettre.
Paris, le 11 novembre 2001.
|
|