Auteur: ouarzen
Date: 2001-10-15 16:05:48
Je t’envie cette image que tu garde de la Kabylie, celle que je m’en fait est plus proche d’une vision Baudelairienne, image d’un enfant de 7 ans, vêtu d’une chemise dont la matière pourrait se désintégrer au moindre souffle du vent, marchant pieds nus sur la neige, vers l’école, enfant orphelin, son père mort de tuberculose, sa mère a due se remarier pour survivre.
La vie à la montagne est difficile, mais les plus jeunes n’y pensent pas, l’innocence de ceux-ci les protège contre l’ogre « thidets » « la vérité », ceux-ci ne se doutent même pas, qu’il existe des vêtements assez chauds qui font que l’on ne sent même pas le froid, il ne savent pas pourquoi ils n’ont pas de chaussures, pas de crayons pour écrire, ils ne savent pas pourquoi leurs parents sont morts, ils ne savent pas pourquoi leurs ventres sont vides, ils s’amusent à attraper avec des pièges de fortune quelques oisillons qu’ils dégustent, au meilleur des cas c’est un « azerzour » ou un « amergou », et plus fréquemment, c’est un moineau ou un chardonneret.
Lorsque le destin nous prive de tout, de ceux que nous aimons et de ceux qui nous aiment, nous avons tendance à nous assagir et a prendre du recule. La misère forge le caractère.
La misère a forgé le caractère de nos grands-pères, ceux-ci ont eu la sagesse de nous transmettre la seule chose qui était en leur possession, le secret de tout les secrets, la vérité absolue, celle que l’on ne peut ni lire dans un livre, ni voir dans une toile, ni écouter dans une musique. Il existe des émotions que l’esprit humain ne peut contenir.
C’est une image bien noire que je perçois lorsque je parle de Kabylie. L’enfant dont je parlais au début de ce poste est feu mon père ; Un jour où il voulait me faire une leçon de moral, il me raconta combien la vie était dure, et pourquoi il fallait combattre, c’est notre destin disait-il.
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