Auteur: Hacéne
Date: 2001-08-14 11:46:01
Quelques jours après le rendu du rapport censé faire la lumière sur les émeutes en Kabylie, certains analystes et hommes politiques algériens commencent à douter de sa réelle utilité.
Le rapport sur les émeutes survenues en Kabylie entre la mi-avril et la fin juin, rendu public le 29 juillet, et qui avait clairement fait porter la responsabilité des émeutes sur la gendarmerie, risque bien de déboucher sur une impasse. La commission d'enquête, dirigée par le juriste Mohan Issad et mise en place à la demande du président Bouteflika, accusait notamment les forces d'intervention d'avoir fait un usage "excessif de munitions de guerre" contre les civils et d'avoir entretenu un climat de violence dans la région en procédant à des "tirs à balles réelles, saccages, pillages, provocations de toutes sortes, propos obscènes et passages à tabac".
Bien que mettant directement en cause les forces de l'ordre, la commission "oublie" toutefois de remonter réellement au sommet de la chaîne de commandement et de situer les véritables responsabilités de ces exactions qui ont coûté la vie à au moins 55 personnes selon le rapport, 80 (en grande majorité des civils kabyles) selon les médias indépendants.
"Il y a dans ce rapport assez d'éléments pour punir les responsables de la répression mais je doute beaucoup de voir le président Bouteflika prendre une décision en ce sens", déclare Mokrane Aït Larbi, ancien sénateur et défenseur des droits de l'homme.
La commission Issad a promis de reprendre ses investigations à partir du 25 août, mais plusieurs responsables de l'opposition et analystes ne croient déjà plus en des suites judiciaires : "Le rapport n'apporte rien de nouveau car il s'est limité à un seul niveau d'investigation, qui est celui d'impliquer les gendarmes, mais la responsabilité politique, notamment celle du président de la République, est complètement occultée", estime ainsi Ali Kerboua, premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed.
Comme pour se prémunir contre d'éventuelles critiques, la commission Issad signale qu'elle "s'est heurtée à des réticences et des refus déguisés dans ses demandes de renseignements, documents, balles extraites et radiographies".
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