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Interview du Webmestre sur France3
 polemique
Auteur: Si Samir 
Date:   2001-02-16 09:22:51

Débat autour du livre "L'Industrie de
l'Holocauste"

LE MONDE | 15.02.01 | 14h59


La parution en France et en Allemagne, six mois après l'édition en anglais, du
pamphlet de Norman Finkelstein, politologue new-yorkais, suscite un malaise et
des interrogations, comme en attestent les réactions des historiens interrogés
par « Le Monde ».

PUBLIÉ en juillet 2000 en Angleterre et aux Etats-Unis, le pamphlet intitulé Holocaust
Industry n'a d'abord suscité que peu d'intérêt dans la communauté scientifique
anglo-saxonne. Mais il a d'emblée provoqué une intense curiosité médiatique
outre-Atlantique et outre-Manche (Le Monde du 14 août 2000). En Allemagne, la presse s'en
est fait l'écho, avant même que le texte ne soit disponible.

Essai explosif ou long tract aux relents antisémites ? Révisionnisme d'ultragauche ou banale «
haine de soi » juive ? Très rapidement, la polémique devança l'analyse, l'imprécation
l'emporta sur l'esprit d'examen, et la rumeur se répandit au sujet de ce mince volume. Mais
rares étaient ceux qui avaient déjà pu en prendre connaissance.

Son auteur, Norman Finkelstein, quarante-sept ans, enseignant de théorie politique à New
York, juif et fils de déportés, avait déjà publié plusieurs ouvrages, dont La Thèse de
Goldhagen et la vérité historique avec Ruth Birn (Albin Michel, « Le Monde des livres » du
3 septembre 1999), avant cette Industrie de l'Holocauste dénonçant l'exploitation idéologique
et financière de la Shoah par les juifs américains. Aujourd'hui pourtant, alors que le livre
paraît simultanément en Allemagne et en France, il apparaît que son propos ne se réduit pas à
une offensive contre l'action des instances dites « communautaires »   par ailleurs largement
critiquées par beaucoup de juifs américains eux-mêmes. Car, à bien se pencher sur les
quelque 150 pages de cette charge contre l'idée de mémoire   « concept, écrit l'auteur, qui
fait fureur aujourd'hui mais qui est sûrement le plus pauvre qui soit apparu depuis bien
longtemps »  , on perçoit aisément que sa véritable cible est ailleurs.

SENTIMENT D'ÉTRANGETÉ

« Sur le mur du salon, on avait accroché des photographies de la famille de ma mère », se
souvient Norman Finkelstein, évoquant l'image des proches disparus, avant de confier : « Je
n'ai jamais pu me sentir lié avec ces personnages (...) pour être franc, je ne peux toujours pas
le faire. » Ce profond sentiment d'étrangeté vis-à-vis des morts a pour corollaire une
suspicion radicale à l'égard de ceux qui échappèrent
à la solution finale. A plusieurs reprises, il s'en prend à
ce qu'il appelle « les affabulations des survivants de
l'Holocauste ». Pour lui, la motivation de ces femmes
et de ces hommes qui réclament justice est d'abord «
d'ordre matériel », leur récit des camps ne servant
qu'à justifier « le racket des réparations de
l'Holocauste », dont les banques suisses ont été, dit-il,
les premières victimes : d'ailleurs, « cohorte
composée de femmes juives âgées » ou « vieux plaignants juifs » venant gémir devant les
commissions bancaires du Congrès américain, beaucoup de ces survivants ne sont-ils pas des
imposteurs qui « se sont fabriqué un passé » ?

Car telle est, selon Finkelstein, la fonction première du «
dogme de l'Holocauste ». Si cette « construction idéologique
» n'a qu'un lien « ténu » avec la réalité, elle n'en fournit pas
moins la matière première d'une « industrie » planétaire :
tour à tour, en effet, banques suisses et firmes allemandes ont
été obligées de plier sous les coups de « la machine de guerre
de l'Holocauste ».
D'un côté, cette « armada » peut compter
sur « une presse infiniment servile et
crédule » pour relayer ses « campagnes de
calomnies » ; de l'autre, elle peut brandir
la menace du boycottage économique via «
la complicité du Congrès américain ».

Aussi cet enseignant qui se réclame de
l'extrême gauche en arrive-t-il à défendre
bec et ongles le monde de la banque
helvétique, « proie facile » hâtivement
condamnée dans l'affaire des comptes
dormants et des transactions d'or avec
l'Allemagne nazie. D'autant qu'à ses yeux,
les malversations financières éventuelles de
ces banquiers ne seraient que broutilles à
côté de « l'industrie de l'Holocauste, fondée
sur un frauduleux détournement de
l'histoire », et qui, pratiquant le « pillage
de tombes », restera sans doute comme «
le plus grand larcin de l'histoire de
l'humanité ».

Toutefois, selon Finkelstein, il a fallu
attendre la fin des années 1960 pour
assister à l'émergence de cette « industrie
». Car, dans le monde de la guerre froide,
les juifs américains faisaient montre d'une « grande
indifférence envers le destin d'Israël ». Fiers de leurs « états
de service anticommunistes », ils étaient totalement alignés sur
les positions d'un gouvernement soucieux de ses bonnes
relations tant avec le monde arabe qu'avec son allié
ouest-allemand. Ce n'est qu'après la guerre de 1967, lorsque
Israël victorieux devint « une tête de pont américaine au
Moyen-Orient », que « les élites juives américaines
découvrirent "soudain" leur nouvel ami » et décidèrent de
propulser « la mémoire de l'Holocauste sur le devant de la
scène ».

Dès lors, « l'industrie de l'Holocauste » était lancée, ne
cessant par la suite d'« augmenter ses quotas de production ».
Promptement dotée d'« une bureaucratie bien huilée » et d'«
un formidable réseau opérationnel », cette immense machine
à extorquer de l'argent ne devait pas tarder, selon Finkelstein,
à trouver de puissants outils de propagande : musées de
l'Holocauste, « pèlerinages vers les camps de la mort » et
autres « opérations à grand spectacle » orchestrées par une
kyrielle d'institutions bien connues. Ainsi Finkelstein
ironise-t-il sur cette« affaire de famille » que serait le Centre
Simon-Wiesenthal, « célèbre pour ses expositions de type
"Dachau-Disneyland" ».

Il ne manquait plus à « l'industrie de l'Holocauste » qu'un
vaste corpus théorique visant à la légitimer. D'où « le fatras
qui encombre aujourd'hui les étagères des librairies et des
bibliothèques », s'insurge Finkelstein, qui n'hésite pas à
affirmer que la « littérature de la Solution finale » regorge de
« mystifications » et d'« absurdités », alors que « la
littérature négationniste n'est pas dénuée d'intérêt ».
Cependant, pour Finkelstein, l'Holocauste ne sert pas
seulement à faire de l'argent, il constitue également « un alibi
précieux », « une matraque idéologique »qui permet de
déjouer toute critique concernant la politique israélienne,
notamment à l'encontre des Palestiniens. Mais, au-delà du
Moyen-Orient, l'Holocauste occulte globalement « la
souffrance des autres », et par exemple celle des enfants
irakiens, dont Finkelstein affirme qu'ils ne sont pas moins d'un
million à avoir trouvé la mort du fait de l'embargo
économique, « soit autant que dans l'holocauste nazi ». De
même serait-ce à cause des « absurdités de l'Holocauste »
qu'il serait interdit de parler du racisme dont souffrent les
Afro-Américains, ou qu'aujourd'hui encore, d'après
Finkelstein, « la mention d'un génocide des Arméniens est un
sujet tabou ».

NÉCESSAIRE PRUDENCE

On l'aura compris, l'ouvrage de Norman Finkelstein se soucie
peu de nuance. Du reste, dans la postface à l'édition française,
l'essayiste Rony Brauman s'efforce de nuancer le propos en le
replaçant dans son contexte américain : « L'économie
d'extorsion mise en place par certaines institutions juives et
lawyers américains (...) reste largement un phénomène
d'outre-Atlantique » ; « elle fut d'ailleurs critiquée sans
ménagement par des personnalités juives en France ». De
même il affirme que certaines des hypothèses de Finkelstein
sont dénuées de tout fondement (par exemple la fameuse «
césure » de 1967) et que d'autres relèvent tout simplement de
« la propagande ».

Dans ces conditions, la nécessaire prudence qui aurait dû
accompagner la traduction d'un tel pamphlet n'appelait-elle
pas la rédaction d'un avertissement préliminaire, propre à
mettre en garde le lecteur quant aux assertions les plus
outrancières du polémiste américain ? A la vérité, lorsque les
éditions La Fabrique, animées par Eric Hazan, décidèrent de
publier ce livre en français, une préface fut bel et bien
demandée à l'historien Pierre Vidal-Naquet, auteur d'un
ouvrage de référence sur le négationnisme, Les Assassins de la
mémoire (Seuil). Mais celui-ci se récusa. « La seule chose que
je souhaite pour ce livre, nous a-t-il déclaré, c'est le silence. »

L'Industrie de l'Holocauste, réflexions sur l'exploitation
de la souffrance des juifs, de Norman G. Finkelstein, éd.
La Fabrique, 158 p., 89 F (12,19 ).

Jean Birnbaum

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Si Samir 2001-02-16 09:22:51 

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