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Le Blog
Interview du Webmestre sur France3
 À propos du nom « Kahina »
Auteur: Aures 
Date:   2009-07-25 22:09:09

À propos du nom « Kahina »



J'ai visionné récemment une vidéo du 4e colloque sur la reine des Aurès Dihya dans laquelle le conférencier explique le nom de « Kahina » en disant que c’est une transformation du terme « Kana ».

D’après mes lectures cette explication concorde non seulement avec la fonction d’une reine ( akan = gouverner), mais aussi avec le toponyme aurèsien Meskiana, lieu où Dahya livra sa première bataille contre les envahisseurs et dont elle sortit victorieuse.

À ma connaissance, Louis Rinn est le premier chercheur occidental qui a tenté d’attirer, implicitement, l’attention sur les déformation sémantique et phonique du nom Kana / kiana en Kahina. C’était sous forme d’une note annexée à son étude « Les premiers royaumes berbères et la guerre de Jugurtha », Revue africaine, 1885.
"Implicitement" et non "explicitement", car l’objectif de la remarque de l’auteur est de réfuter l’explication, simpliste et absurde, de « Meskiana » = « مسكين, pauvre »

Voici la note en question ( Cf. pp.192-193)

[Nous conservons l'orthographe usitée pour la Meskiana, mais nous estimons que ce nom est une transformation arabe de l'expression berbère Tacift-Mas-Kihana, ou Massa-Kihana, la rivière de la Dame Kahina, la rivière de Madame la Reine (de Akan, gouverner, on a fait Kaana, Kaïna, signifiant gouvernante, reine, et non pas : sorcière, devineresse.)

La Meskiana qui arrose le canton le plus fertile de toute la région, qui a de l'eau douce en toutes saisons, ne mérite en rien cette appellation de « Misérable, Pauvresse, Chétive, مسكين »
Tandis qu'il est logique et rationnel de reporter la dénomination de ce cours d'eau au grand fait militaire et national de la victoire remportée, en 698, par la Kahena sur Noman ben Hassan, l'envahisseur arabe.

Ibn Khaldoun dit que le lieu de la mort de la reine de l'Aurès était, de son temps, désigné par le nom de Bir-Kahina, le lieu de son triomphe a dû également conserver son souvenir.

La transformation de Tacift-Massa-Kihana en oued Meskiana est bien certainement l'œuvre de quelque tolba arabe. A chaque instant, on trouve en Algérie des noms et des ethniques ainsi défigurés par l'ineptie des tolba arabes qui veulent tout expliquer par l'arabe, la seule langue orthodoxe et littéraire pour les Musulmans.]

 http://www.dailymotion.com/search/aures/video/x9u9rc_suite-4-colloque-kahina_news
Auteur: Aures 
Date:   2009-07-26 15:37:17

C'est l'URL de la vidéo à laquelle j'ai fait référence lors du message précédent. (l'une des vidéos du 4e colloque sur la reine Dahya)

En passant, merci au mécène qui l'a mise en ligne.....merci pour le partage!

 A propos du nom « Meskiana »
Auteur: Aures 
Date:   2009-07-31 14:17:46


Une autre hypothèse: Meskiana = Meknasa


Selon Abdelmajid Hannoum (1), c'est Al-Maliki le biographe du 11e siècle qui est le premier à spécifier le nom du lieu de la rencontre des deux armées, celle de la reine Dahiya et celle des envahisseurs arabes. Il le nommait Oued MEKNASA ( et non Oued Meskiana)


La première lecture nous laisse à penser qu'il s'agisse d'une mauvaise transcription, d'erreurs graphiques ou même d'une anagramme. Cependant, connaissant la valeur historique de ce lieu ainsi que la signification de cette dénomination, alors l'hypothèse "meknasa = meskiana" devient quasi-plausible et véhicule le sens de « le lieu de la bataille »


En effet, le terme Ameknas / imeknasen dérive du verbe amazigh- kns = se disputer, se quereller, se battre.

-----------

(1) Hannoum A., « Colonial Histories, Post-Colonial Memories: The legend of the Kahina, A North African Heroine », 2001 ( un compte rendu de ce livre sera posté prochainement)

Le paragraphe suivant est tiré de la page 11 :


[In his text, Màliki tells us that it was in Qayrawàn that Hassan asked about the strongest king of Ifriqiya and he was told that it was the Kahina, a woman who reigned over both Berbers and Rum. He then decided to attack her. The Kahina heard of Hassan's intentions, and moved to Baghya. Thinking that Hassan would use Baghya as a base, she destroyed it. Hassan moved to Wàdi Miknàsa, and approached the river to provide water for his army. The Kahina did the same, and Màliki tells us that Hassan's army took its position upstream (a'là al-wàdi) whereas the Kahina and her army took theirs downstream {asfal al-wàdi). Night was approaching when the two armies faced each other; Hassan waited until morning to proceed with the battle. Thus, for the first time, Màliki specifies the place of the battle, which is "Wàdi Miknàsa" ]

 L’origine probable du nom « Kahina »
Auteur: Aures 
Date:   2010-05-14 15:30:19

À propos du nom « Kahina » (SUITE):



On a déjà vu la relation linguistique, énoncée par Rinn, entre le nom « kahina » et les termes amazighs ikan, aken, kana: étant supérieur de niveau, gouverner, gouvernante / reine


Voici une autre hypothèse qui rattache, scripturalement parlant, le nom « Kahina » à celui de « Dahiya » :


La majorité des inscriptions coufiques recensées en Afrique du Nord sont attribuées aux PREMIERS conquérants arabes du 7e siècle. La plus connue de toutes ces inscriptions est évidemment celle du tombeau de Oqba Ibn Nafaa. Elle est aussi la plus ancienne.
Leur nombre ainsi que les lieux de leur découverte nous laissent croire que ce type d’écriture, le coufique, fût le plus répandu à la même époque, c'est-à-dire au temps de Kusayla, Dahiya, etc.

Les caractéristiques principales, de cette écriture coufique, qui relient les noms Kahina et Dahiya sont:


1. La ressemblance du Kaf et du Dal (K et D) : ces deux lettres sont quasiment identiques. Elles se ressemblent tellement au point de ne plus pouvoir les distinguer, en particulier quand elles se trouvent à la fin d'un mot. (À noter que cette relation Kaf-Dal a été utilisée, pour la première fois, par l'historien H. Z. Hirschberg lors de son étude sur un poème datant de l’époque de la reine Dahiya)


2. C'est une écriture diacritique: les lettres sont écrites sans points. Autrement dit le " Y" de Dahiya" s'écrit exactement de la même façon que le "N" de Kahina.

D'après ce qui précède, les deux noms Kahina et Dahiya se confondent. (scripturalement parlant)


Donc, il est fort probable que le vrai nom Dahiya a été transmis ainsi aux chroniqueurs arabes de la même époque. Dans ce cas, il sera lu et interprété « Kahina » et non « Dahiya », car c’est un nom connu et couramment utilisé en arabe. En outre, il véhicule une composante subjective à connotation péjorative (sorcière), propice à dénommer une personne ennemie qui les a résisté durant des décennies et les a fait subir la plus grande perte de leur histoire!


Enfin, voici une étude illustrant les deux caractéristiques précédentes : Inscription koufique de Timmissao (extrait du live de Benhazera Maurice "Six mois chez les Touareg du Ahaggar" pp. 205-208) Son url est: megaupload(point)com/?d=BOHIF7YN


À suivre: l’hypothèse de l'historien H. Z. Hirschberg....Kaya =Kahina

 Re: L’origine probable du nom « Kahina »
Auteur: annia 
Date:   2011-06-20 15:40:41

que de suppositions kahina thegles juifs d'afrique du nord viendrait de cohen qui signifie la famille sensée garder le temple pour eux kahina était une berbère de confession juive et seul @!#$ le sait demain quand nous serons poussière qui saura nous reconnaitre

 Re: A propos du nom « Meskiana »
Auteur: Da~valqas 
Date:   2012-04-05 22:53:47

bonjour
A mon avis, le mot meskiana signifie "mis anekahina" qui veut dire le fils de Kahina
salam alikoum

 À propos du nom « Meskiana » - Suite
Auteur: Aures 
Date:   2013-06-14 15:59:15

À propos du nom « Meskiana » - Suite


I) L’hypothèse « Meskiana = fils de Kahina »

À ma connaissance, cette hypothèse a été proposée pour la première fois en 1979, par le feu Kateb Yacine. C’était hors de la préface du roman de Mme Mechakra (1). Plus précisément, il donna à Meskiana l’étymologie de : les enfants de la Kahina.

Les premières critiques relatives à cette hypothèse remontent aussi à la même époque. On les retrouve surtout dans les divers écrits de M. Jean Dejeux. Voici quelques-unes :

- « On ne peut voir en tout cas dans Meskiana (ou Miskiyana) "les enfants de Kahina", comme l’écrit Kateb Yacine […] À la rigueur "le fils de" la kahina, si tant est que kiana veuille signifier Kahina.
(mis pourrait valoir pour emmi-s, un singulier, mais non un pluriel car "les fils" se dit autrement en berbère). Quant à Kiana, il faudrait lire Kahiya »(2)

- « le préfacier se trompe en donnant comme étymologie à Meskiana : " en berbère Miss l'kahina, les enfants de la kahina "
Ce n’est pas si simple que cela. Miss (emmi-s) ne veut pas dire LES, mais LE fils de, et si tant est que kiyana ou kiana (selon les manuscrits) veuillent dire kahina! Mais on peut toujours rêver. » (3)


On constate bien que les critiques, de M. Dejeux, touchent les deux termes composant Meskiana, mes & kiana, de la manière suivante:

a) Une traduction inadéquate du terme emmi-s (le fils): il est probable que le feu Kateb Yacine l’avait traduit ainsi pour des raisons bien spécifiques, car c’est l’expression « les enfants de » qu’on trouve habituellement dans les toponymes nord-africains.

b) Kahina = kiana ? : C’est la composante principale de la critique. En effet, pour que l’hypothèse soit plausible il faut D'ABORD démontrer que "kiana " signifie "kahina ". Ça n’a pas été fait ET ce n’est pas du tout évident!

En fait, pourquoi les mêmes arabes auraient-ils à prononcer et à transcrire le MÊME MOT différemment, tantôt en "kahina", tantôt en "kiana" comme dans meskiana?
Autrement dit, est-ce que les lettres du mot "kahina" sont absentes de l’alphabet arabe afin de justifier son altération en "kiana"?
S’agit-il plutôt de deux vocables distincts provenant de deux racines différentes, l’une arabe et l’autre berbère, à l'instar de KHN versus KN, comme M. Rinn l’avait déjà signalé? ( Voy. le premier message de ce thème),
Etc.


En outre, l’hypothèse en question renferme plusieurs contradictions historiques et linguistiques qui sont incompatibles avec l’étymologie proposée :

1) En tamazight, l’expression "le fils de" ou " les enfants de" se rendent par "emmi-s n" ou "tarwa n". C’est à dire, jamais sans la préposition berbère "n". Exemples :
emmi-s n flan (le fils d’un tel),
tarwa n flan (les enfants d’un tel), etc.
Sans cette préposition, la traduction serait incohérente et incompréhensible. Or, c’est justement le cas.
Autrement, le toponyme serait : Mes -N -Kiana

2- Les termes « emmi-s, tarwa = fils, enfants » Versus « u, ayt / ah = fils DE, enfants DE » en toponymie nord africaine:
C’est la deuxième catégorie (ah/ayt) et leurs équivalents arabes (ouled, bani, beni) qui rentrent dans la formation de MILLIERS de toponymes nord-africains.
En général, ces noms désignent à la fois le village et de la tribu qui l’habite. Exemples : Ayt Iddir, Bani Hammad, Ouled Azzouz, Béni Mbark, etc

Quant aux termes (emmi-s, tarwa), je dois dire qu’à ma connaissance il n’existe AUCUN NOM, ni en Aurès ni dans toute l’Afrique du Nord, qui les intègre dans sa composition.
En d’autres mots: « MESkiana = le fils de kahina » n’a aucun précédent en toponymie nord-africaine.

3) "Kiana = kahina" : il n y a aucune analyse appropriée qui a été faite à ce sujet. Le rapprochement des deux mots est pris pour acquis à cause de la SIMILITUDE phonique, et non pour des raisons SÉMANTIQUES. Or, ils peuvent bien provenir de deux racines complètement différentes.

4) Les recherches archéologiques et le nombre d'inscriptions latines (libyques?) découvertes dans la région confirment que le site a été habité depuis des lustres, bien avant l’ère de la Kahina. Donc, il se pourrait que le nom Meskiana soit, lui aussi, ANTÉRIEUR à la Kahina et à ses fils.

Enfin, je pense que M. Dejeux avait bien raison de dire que l’étymologie proposée n’était qu’un rêve!


II- Une autre tentative étymologique :

On vient de voir que l’étymologie précédente est réfutable, et que la décomposition du toponyme en « Mes & Kiana » n’a aucun sens; d’où l’alternative suivante :

"Meskiana " est en fait une arabisation du nom berbère "tameskant", plus précisément de: TAMESKyANT (4). En plus, les termes tameskant / timeskanin, ameskan / imeskanen existent bien en berbère; on les trouve sous la même racine que : eskn = montrer.
- Chez les touaregs, "ameskan" correspond à : pierre dressée indiquant un chemin ou une piste (5) .
- Au Maroc, le terme désigne aussi une pierre dressée (pierre posée verticalement), mais dans le sens de : stèle funéraire (6) .

Donc, les deux définitions convergent vers: monument monolithe orientateur.

Bref, à en juger par le nombre de stèles découvertes dans la commune de Meskiana et à en juger aussi par l’un de ses villages qui porte le nom de BAZINA (sépulture, tumulus), je dirais que la définition linguistique précédente concorde assez bien avec l’archéologie et l’histoire de la région.

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Notes :

1. Yamina Mechakra, La Grotte éclatée (Cf. Préface)
2. Jean Dejeux, Femmes d'Algérie - Légendes, Traditions, Histoire, littératures; page 110
3. Jean Dejeux, Littérature féminine au Maghreb, page 162
4. " Ky ": c’est le "k" berbère ayant une prononciation semblable au "ch" germanique. Je l’ai transcrit ainsi pour ressortir le lien entre la prononciation de "Meskiana / Meskyana" et celle de "TAMESKyANT".
5. A., De Motylinski, Grammaire, Dialogues et Dictionnaire Touaregs, page 286 (On trouve aussi, à la même page, l’un des dérivés de la racine "KN" auquel M. Rinn faisait allusion)
6. Mohamed Chafiq, Dictionnaire Arabe-Tamazight, T1, page 412

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