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Interview du Webmestre sur France3
 Les Kabyles de l'Ouest
Auteur: Amirouche 
Date:   2001-06-12 18:43:12

TRARA / Les Kabyles de l’Ouest

Les Trara. Ce nom évoque l’une de ces régions d’Algérie largement ouvertes sur la mer et fortement enclavées à l’intérieur des massifs. Comme dans les monts de Dahra, du Djurdjura et des Babor, une population dense et besogneuse s’accroche aux aspérités du relief.
De l’embouchure de la Tafna, à 12 km du port de Beni Saf, là où s’élevait l’antique Siga, la région des Trara s’étire tout au long des côtes jusqu’à se confondre à l’Ouest avec le massif marocain des Beni Zenassen. Du Nord au Sud, c’est un morcellement de monts et collines de calcaire jurassique que surplombe le Fillaoucène du haut de ses 1 136 m, dont la Sierra fait face plus au Nord à des monts moins élevés : Sidi Sefiane (750 m) et, face à la cité médiévale de Honaïne, Tadjra (730 m). La Tafna en trace les contours au Sud et à l’Ouest où elle offre des terres d’alluvions dont les exploitants tirent des revers substantiels.C’est à partir de ses dépressions que le colonisateur traça des chemins de pénétration tortueux s’insinuant à travers les cols de Oulhaça, de Oued Diane à l’Est de Bab Taza et d’Arabouz à l’Ouest.Nous sommes en Kabylie de l’Ouest, plus petite certes mais dont la ressemblance est frappante. Dans son exil en Syrie, l’Emir Abdelkader, se confiant au Colonel Churchill venu recueillir les échos de la résistance algérienne, n’oublie pas de citer ses compagnons d’armes sous l’appellation «les Kabyles de Nedroma».Du reste, c’est ainsi qu’ils se nomment et sont nommés par les populations riveraines.Il est cependant deux énigmes au sujet de l’arabisation de la région et de la disparité des dialectes qui y sont utilisés. En effet, qu’une région si fermée aux contingents de la conquête arabe en vienne à adopter dans sa totalité leur langue, de surcroît au voisinage de populations où survivent encore des îlots importants de berbérophonie (tels les Kebdana et Beni Zenassen au Maroc) ou (les Beni Boussaïd, leurs voisins algériens d’en face), ne va pas sans susciter des interrogations chez l’historien. Le mystère de la disparité des dialectes n’est pas moins un sujet de curiosité dans une région où les populations, subissant les mêmes ébranlements historiques, vivent très proches les uns des autres compte tenu de l’exiguïté des lieux où se tiennent incessamment des échanges économiques et culturels.Ce ne peut être par hasard qu’à moins d’une lieue, les parlers «encoquinés» aux alentours de Ghazaouet deviennent gutturaux et angulaires aux environs de Nedroma puis hilaliens à l’approche des Oulhaça. Quel que soit l’accent du locuteur de la région, l’observateur attentif se heurtera à des expressions foncièrement berbères et pas seulement celles propres à la toponymie de la région (Tadjra, Nador, Mouzer, Taffesout, Tizaghet, Tizaghen, Zaghou, Zaylou…) ou aux pièces de poterie (ajediou), à l’artisanat (Azegaou), ou aux herbages de la région (talma, megramene…)… Il peut arriver qu’au cours d’une plaisanterie vous entendrez «tsarden» (de aserdoun : mulet), ce qui équivaut à faire le mulet (sens étymologique ) pour signifier faire l’innocent, l’hypocrite.Ce phénomène n’est sans doute pas unique dans un pays aussi vaste que le nôtre. D’ailleurs des rapprochements ont été esquissés à propos d’expériences similaires vécues du côté de Jijel et de Béjaïa.Les Vandales de Gensério y échouèrent également bien avant qu’ils n’atteignent les côtes de la Sicile. D’où peut-être le rapprochement avec la légende qui court à Beni Haoua (daïra de Ténès), selon laquelle un bateau transportant des religieuses hollandaises fit naufrage sur ses côtes pour expliquer le type nordique d’une frange de la population dans les deux régions.Un fait est certain, la population des Trara descend de la population berbère des Koumia. Voilà ce qu’en dit Ibn Khaldoun dans Histoire des berbères. Honaïne est en train de ressusciter. C’est un petit port de pêche dont l’accès reste difficile en dépit de sa promotion de chef-lieu de daïra. On peut y admirer les restes de la vieille cité : une porte s’ouvrant sur la mer, une fortification sur une colline et une enceinte en pisé que les services de conservation doivent sauver d’une effritation imminente sous peine d’enterrer à jamais les restes d’un passé fastueux,Durant l’âge d’or des Zianides de Tlemcen, Honaïne connut une prospérité sans précédent.Le gros trafic s’effectuait à Honaïne dont le commerce s’étendait aux côtes d’outre-Méditerranée, de l’andalousie notamment et à Venise, Gênes, Pise... quant à Nedroma, c’est un peu le réseau de la fable : elle plie mais ne rompt pas.Aujourd’hui, c’est toujours une coquette ville tournée vers l’avenir. Bâtie sur le flanc nord du Fillaoucène, la même époque que sa consœur de la mer, elle a tendance à sortir de sa Casbah pour s’étendre à perte de vue sur la plaine d’en bas jusqu'à s’accrocher à une nouvelle agglomération Khoriba devenue récemment chef-lieu de commune. Sa population, si industrieuse, sait conjuguer le passé au futur. Son grand orgueil, c’est la grande mosquée qui date du XII° siècle, conservée jalousement avec son haut minaret de style hyspano-mauresque. Là encore on doit sauver des décombres les magnifiques enceintes balayées par les bulldozers. On notera que cette cité, souvent ballottée entre les Mérinides de Fès et les Zianides de Tlemcen, accusa un grand déclin dès le XVe siècle.Ghazaouet, le 4e port d’Algérie avant que ne soient implantés les GNL à Arzew et Skikda, une ville et un port dont l’importance n’est pas des moindres, quoique supplantée par une jeune bourgade Tounane, Koweït-city, disent certains pour accentuer les dimensions qu’elle prend en richesse. Le colonisateur s’est sans doute empressé de lui accorder le nom du duc de Nemours tant il était dérangé par son nom originel. Car là, Ghazaouet était bien perché, même modestement ; c’est là que les colonnes de coupeurs de têtes commandées par le sinistre colonel Montagnac, au nombre de six campagnies de chasseurs armés jusqu’aux dents, furent exterminées par les combattants de l’Emir. Un seul survivant, le caporal Lavayssière, un clairon, parvint à tromper la vigilance de ses adversaires en se faufilant entre les broussailles des collines du marabout Sidi Brahim. Il parviendra à rejoindre la caserne Tlemcen vêtu en costume de la région après avoir longtemps périclité dans les massifs de la région. Son clairon pend toujours dans une église de son pays natal où il termina sa vie en garde forestier.L’événement qui remonte au 22 septembre 1845, quoique rude, est régulièrement commémoré par ce corps de l’armée française pour célébrer l’ardeur du combat mis par ces tristes colonnes. Nous nous limitons à regretter qu’un épisode si glorieux de notre histoire ne fasse l’objet chez nous d’aucune cérémonie commémorative.Malgré tout, les mutations qui se produisent là en disent long sur la prospérité de la région due essentiellement aux traditions d’un sédentarisme laborieux. Le fait le plus remarquable est d’assister non à la ruralisation des villes comme cela se produit souvent ailleurs mais à l’urbanisation des campagnes. En témoignent toutes ses magnifiques demeures qui s’agglutinent ça et là longeant la mer ou grimpant les côtes jusqu’aux hauteurs de Nedroma. Les crêtes du Fillaoucène, bluetées ce matin, restent perceptibles de ces lieux. Le regard s’en réjouit mais l’humeur changeante, s’assombrit lorsque s’éveillent les souvenirs des représailles sanglantes des généraux bedeau, Cavaignac, contre les tribus de la région. On exulte quand transparaît la gloire de la bataille de Fillaoucène, un certain avril 1957, 112 années après la victoire de Sidi Brahim. Dans les Trara, il n’est point de dechra, de mont ou vallée qui n’ait tissé sa propre épopée au fil de l’histoire. (...)

 Sujet Auteur  Date
 Les Kabyles de l'Ouest  nouveau
Amirouche 2001-06-12 18:43:12 
 Re: Les Kabyles de l'Ouest  nouveau
Amirouche 2001-06-12 18:47:54 
 Re: Les Kabyles de l'Ouest  nouveau
tounane 2010-08-12 22:11:16 
 Re: Les Kabyles de l'Ouest  nouveau
tayeb 2012-04-21 01:54:41 
 Re: Les Kabyles de l'Ouest  nouveau
bouhazmidi 2015-03-24 15:49:09 

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