Auteur: Amirouche
Date: 2001-06-07 11:23:35
azul,slam fellawen !
Faudrait-il savoir que même la langue française est traversée par des expressions empruntées à la bible, à commencer par le terme anodin " salut" ou le neutre, froid et administratif "monsieur", des mots qu’on utilise tous les jours. Le même phénomène existe en kabyle ou autre parler berbérophone. Le religieux fait corps avec le culturel. Ces quelques monsieur, dans ce forum, qui passent leur temps à pester contre le prophète, l’islam et Dieu, ils ne savent pas que, dans leur parler, ils utilisent des mots coraniques et des expressions à forte consonance soufite entre autres. J’ai assisté, il n’ y a pas si longtemps à une soirée poétique (une poétesse kabyle et un poète que beaucoup de gens connaissent, j’ai nommé Ben Mohamed) où l’auteur des merveilleux textes de Idir epliquait qu’il avait essayé de composer un poème sur la mort en excluant toute référence au religieux. Il a passé des soirées entières à se torturer pour trouver des mots justes et vibrants. Le résultat était mièvre. Non seulement l’émotion ne transparaissait pas, mais des expressions kabyles faisant référence au sacré subsistaient à son insu. Donc Vouloir extirper tout se qui se rattache au sacré, c’est vouloir irrémédiablement dévitaliser le parler berbère et le rendre incompréhensible. Quant à ces jeunes, je leur dirai qu’ils risquent non seulement de se retrouver avec un squelette linguistique informe, mais plus grave, c’est de couper tout lien avec les parents et une riche culture kabyle et /berbère traversée depuis des siècles par une luxuriante tradition venue de l’Orient (et d’ailleurs) le plus extrême jusqu’en Chine. Ces gens, en fait, sont schizophrènes (ce n’est pas une insultes !!), d’ailleurs dès qu’ils changent de langue, ils adoptent une autre conception du monde, celle de leurs parents, celle de toujours. Combien de fois n’ai-je pas entendu certaines personnes parler de leur athéisme farouche (inconsciemment dirigé contre les Arabes et non contre la religion, en vérité), mais dès qu’ils changent de langue, en parlant en kabyle, ils retrouvent leur humanité, leur douceur, car utilisant toute cette belle métaphore altière du discours kabyle liée au nif, à la horma, à laânaya, à tajmaât, aux saints, aux ancêtres, à Dieu. L’idée même de l’appartenance filiale remonte à la verticale. On ne dit pas « qui tu es » (« d achouk » est un terme provoquant et insultant en kabyle), expression « laique » mais « wikilan ?» à qui tu appartiens ? Il s’agit de « d’ ayla », une notion de propriété. On appartient toujours au plus haut formant une chaîne vertcale vers Dieu. Ce n’est qu’un petit et faible exemple, les spécialistes pourraient en dire bq plus finement.
A tous ces gens qui confondent l’arabité et l’arabisme, la culture à l’idéologie, l’islam à l’arabisme, la langue à un instrument froid et sans âme, la foi à la science, je leur dirai qu’ils se trompent de paradigme et que le malentendu est énorme. Ceci dit à chacun sont opinion et son degré de conscience. Mais de grâce, arrêtez vos railleries, respectez au moins vos martyrs, vos parents, vos aïeux. Parlez-nous plutôt de votre culture villageoise, tribale, régionale, des mots, des actes, des expériences, de l’intolérance de l'autre, de l'altérité, des projets, de notre kabylité réelle.
Neqqar staqvailit : chwit igsân sser
Ar timlilit
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