Auteur: Amirouche
Date: 2002-03-30 12:38:41
Kabyle.com
vendredi 29 mars 2002
FERHAT : TENTATIVE D'ASSASSINAT
Contacté ce jeudi par la rédaction de Kabyle.com, Ferhat Mehenni, le premier porte-parole du MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie) et militant de longue date des Droits de l'Homme nous apprend qu'il a été l'objet d'une tentative d'assassinat.
"Je ne veux pas parler de mon cas, ici tout le monde risque la mort." Ferhat fulmine. "On est revenu aux heures noires d'avril dernier. La répression et la provocation sont d'une violence inouïe. Cinq condamnations de prison ferme à Béjaïa. Deux à Sidi-Aïch avant-hier. Les arrestations se font maintenant par centaine et partout !" Il répond calmement à nos questions mais le ton est grave.
Tizi-Ouzou assiégée.
Comme les délégués actifs des villages de Kabylie, Ferhat est obligé aujourd'hui de se cacher. Comme eux, il est activement recherché. Pourtant cette après-midi encore, il se trouvait à Tizi-Ouzou au milieu de la manifestation organisée pour demander la libération des détenus. Impuissant devant la puissance de feu des forces de l'ordre. "Je suis resté penaud, abasourdi au milieu de la rue " avoue-t-il. Mais que faire ? Que faire devant ces « chasse-neige », surnommé Azraïn, qui ratissent à toute allure les rues de la ville. Que faire devant ces policiers qui mettent en joue et tirent lacrymogènes, balles en caoutchouc ou balles réelles sans aucune retenue ? Ferhat raconte les scènes auxquels il assiste : " Tizi-Ouzou est assiégée. Tous les accès à la ville sont bloqués par les CNS." Tout dire rapidement. "A Fréha, il y a un jeune manifestant qui a été tué ! Tué à la baïonnette par les gendarmes. Ils entrent dans les maisons. Ils violentent les femmes, les enfantsŠ "
Pour le militant chevronné de la cause berbère, la situation est claire : le pouvoir a décidé d'en finir avec la Kabylie. "Il faut le dire, répète-t-il, il faut le faire savoir en France, partout. "
Tentative d'assassinat
Difficile d'obtenir de Ferhat plus de précisions sur la tentative d'assassinat dont il a été l'objet : " Am nek am wiyad (c'est pour tout le monde pareil) ".
En insistant, toujours plus, il se fait plus précis : "depuis près d'une semaine, on me parlait d'un homme qui voulait me rencontrer. Vendredi dernier, à Azzega, cet homme a demandé à me voir. Quelque peu soupçonneux suite aux différentes intimidations que l'on a subies, des camarades l'en ont dissuadé. Il insistait. Ils ont décidé, par précaution, de le fouiller au préalable. Ils ont retrouvé sur lui un pistolet Beretta."
Toujours calme et stoïque, il poursuit. "Nous l'avons livré à la police. Quand j'ai voulu déposer plainte, cela a été refusé. J'ai voulu porter la plainte directement auprès du procureur de la république. Rien à faire, il m'a renvoyé vers la police. En somme, impossible d'entamer des poursuites et qui plus est, on n'a plus aucune nouvelle de l'individu. Selon nos informations, ce serait un agent de police et il aurait été transféré à Alger." Ferhat avoue que cet homicide avorté n'est que le dernier épisode d'une série d'intimidations et de menaces. Des menaces téléphoniques. Des agents postés sous la fenêtre de son appartement qui filment et photographie la façade, le quartierŠ
La securitat est de retour. « Ici tout le monde risque la mort ».
Makhlouf IDRI
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