Google
Publications | Forums | Annonces classées |Rencontrer ou correspondre | Annuaire |Médias |
Le Blog
Interview du Webmestre sur France3
 Hommage au Dr.Hachimi Nait-Djoudi
Auteur: Azouwaw 
Date:   2002-01-21 20:18:31

Merci Maître Ali Yahia pour cet hommage émouvant. Quant à Mouloud qui choisi un mauvais moment pour polémiquer , je lui dirait que personne ne pouvait évacuer de la scène politique un homme de la trempe du Dr Hachimi .Nait-Djoudi .Pour te convaincre , voici une de ses contributions politiques , écrite en mai 2000.


Question amazighe

La division :une fatalité ?

Par le Dr Hachimi .Nait Djoudi

Le fait que la nation algérienne ait survécu aux vicissitudes de l’histoire traduit sa cohérence et son équilibre national. Ce que nous avons tous, au-delà de nos différences linguistiques qui caractérisent notre diversité culturelle, c’est le ciment commun, durci par les forces agissantes qui nous ont fait fusionner ensemble dans une même nation.
L’homme n’est pas un atome que les lois externes organisent avec d’autres atomes. Par contre, il est le produit de la société qu’il a héritée de ses ancêtres et qui éclaire son propre devenir. C’est pour cela que la nation n’est pas une somme d’individus liés entre eux par des forces extrinsèques, mais elle existe parce qu’elle est dans chaque individu en tant qu’élément dominant et déterminent de son individualité. Les traits communs de la nationalité sont dans cette interaction continuelle entre algériens. Elle exprime une même volonté de lutte contre toute domination ou agression, pour un même droit à une existence commune dans une communauté de culture. Les langues ne sont rien d’autres qu’un moyen de cette interaction et de la concertation pour édifier une communauté de progrès, de tolérance et de liberté.
La continuité du développement de la nation est une réalité parce que le caractère national algérien ne s’était pas figé dans un immobilisme suicidaire. Placée au milieu des événements à périodes successives, elle a su s’adapter à chacun d’entre eux pour mieux préserver la nation.
Aujourd’hui , sa réconciliation avec l’état conditionne le développement harmonieux de la volonté populaire pour mieux maîtriser sa souveraineté.
L’antinomie entre les deux révèle le chemin à parcourir pour que notre algérianité ne soit plus une réalité amputée.
L’identité culturelle et la souveraineté nationale entrent dans un rapport très intime. C’est la prise de conscience de la première qui revendique la seconde comme moyen d’exister. La culture est un instrument de combat et une aspiration à la liberté. L’état n’a pas assumé le jeu des libertés créatrices ni réduit les contraintes d’accès aux biens culturels dans ce qu’ils ont de meilleur. Cela suppose que chacun aura compris que la culture concerne la vie de l’homme et de la société. C’est pourquoi la question amazighe ne peut être perçue comme une survivance incrustée, dépourvue d’avenir. La frustration créée par sa négation depuis l’indépendance nationale est le résultat de l’émergence renforcée de l’idéologie et du sectarisme. Cette idéologie continue d’animer la force qui gouverne. L’état n’est que le paravent de leur stratégie. Cette dernière engendre ce comportement intolérable qui fait de l’arabisation une machine à exclure en n’acceptant que les éléments réducteurs de la nation. Cela s’est fait par répression sous toutes ses formes. Ce radicalisme obscurantiste est une menace permanente contre la cohésion nationale. Et au moindre murmure de réprobation on désigne l’amazighité comme facteur de division. Ce n’est pas parce que l’indépendance nationale a consommé les idéaux de Novembre 1954 et du congrès de la Soummam, fondés sur l’idée profonde de liberté, qu’on peut faire taire l’aspiration permanente et ambitieuse à la citoyenneté. Le dévoiement de la grandeur de l’état- nation a atteint le peuple ou tout au moins une partie dans sa dignité. Il est perçu comme une grande trahison sous la tutelle des siens .On se demande à force de désespoir si ce pacte non écrit ne nous pas fait rater notre rendez-vous avec notre destin commun qui ferait de la nation Algérienne un modèle achevé de libération dans la plénitude de nos libertés.
Quarante ans après notre indépendance formelle , la société s’est alourdie de sectarisme , de régionalisme , de menace et de violence. La solidarité de la guerre de libération a laissé place à l’égoïsme qui écrase l’innovation et la modernité .Aujourd’hui avoir une «certaine idée de l’Algérie »avec l’esprit de 1954, c’est renouveler l’espoir que tous les algériens et algériennes puissent puisse maîtriser leur avenir, un avenir ouvert qui rendrait à chacun sa liberté de penser, de créer, selon son choix et à travers sa langue. La nation à cette étape de son développement a besoin de réflexion sereine et d’actions positives pour que la démocratie en tant que fondement inviolable de l’état de droit permette une intégration culturelle nationale sans heurt ni violence.
Il ne faut pas que l’unité nationale soit prisonnière des discours démagogiques et manipulateurs qui désignent l’amazighité comme une marginalité nationale dépourvue d’avenir.
L’émergence de la légitimité de l’esprit de 1954 dans toutes ses implications libératrices l’explicitera comme un élément définitoire de notre algérianité . Les forces démocratiques la revendiquent sans parvenir ,pour l’instant , à la réhabiliter. Elles ont compris que l’unité nationale ne tire pas profit d’un système qui écrase la diversité et le cheminement historique du peuple. Elles ont compris aussi qu’en concevant cette unité sur une volonté ferme, froide et planifiée d’étouffer l’autre dimension nationale, les auteurs d’une telle politique jusqu’au boutisme dévoilent leurs propres absurdités. Ce n’est pas en empêchant le libre débat sur l’histoire nationale, toute l’histoire de notre pays sans exclusive dans le temps et dans l’espace, qu’on légitimera « sa propre histoire ». L’unité nationale n’est pas un élément du jeu politique .Personne ne doit l’exploiter à des fins politiciennes. En revanche , ses principes fondamentaux peuvent et doivent servir à l’élaboration d’un consensus national définitif. A condition que ce consensus civique s’élabore à partir d’une société réconciliée . Le travail de conscientisation autour des éléments primordiaux de la nation a besoin d’une démocratisation réelle ; alors l’unité nationale ne sera plus l’apanage du pouvoir. L’opposition sera aussi indispensable à cette unité que le pouvoir qui gouvernera et qui la défendra à travers une constitution d’essence véritablement nationale. Cette dernière devra définir et garantir les fondements de l’Algérie Algérienne , à travers une volonté nationale de mettre en œuvre une démarche qui vise à renforcer toujours plus l’intégration sociale , culturelle et linguistique. La haine et les préjugés doivent céder la place à la raison et à la tolérance indispensables au climat démocratique . A travers l’histoire de tous les peuples , c’est la démocratie qui impose aux événements une marche ordonnée, mais libre et aux hommes le réveil de leur conscience de citoyens et d’acteurs aspirant à la maîtrise de leur destin. Les partisans de l’unicité politique ou nationale savent pourtant qu’il qu’il n’y a rien de si périlleux qu’un système qui laisse l’idéologie gouverner pour rendre le peuple « enfant ».Que d’idéologies s’étaient longtemps crues inamovibles et qui avaient fini par se briser sous les grands vents sociaux .Toutes les unicités , sous le poids de leur perversions , nourrissent jour après jour l’espérance à la liberté et à la citoyenneté.
La république rime avec démocratie , sinon elle est totalitaire , monarchique ou théocratique , elle ne sera non plus populaire si les libertés du peuple sont restreintes ou ligotées . Les principes républicains ne doivent pas être bafoués par les nécessités des hommes sous prétexte qu’ils dirigent l’Etat. Un grand homme d’Etat est celui qui laisse à son peuple un système constitutionnel qui garantit une unité nationale qui intègre plus qu’elle ne divise , convaincu qu’il devait être qu’aucun système politique ne peut survivre à la nation. C’est ainsi qu’il pourrait effacer les pas résonnants et terribles de l’idéologie. Cette grandeur redonnerait aux intellectuels la gloire , celle-là même qui leur a été longtemps confisquée. Alors le malentendu historique sera résolu et résorbé . Dans ce contexte apaisé , la raison d’Etat cédera la place à la conscience nationale. Le pouvoir personnel qui aiguise les passions et exacerbe les extrêmes sera empêché par les régulateurs constitutionnels et sociaux. Ils rallumeront le flambeau de l’Etat de droit . Ainsi , les violences sociales qui produisent le terrorisme sous toutes ses formes seront éteintes par le débat. La société sortira de son hibernation et imposera d’elle-même la paix civile contre l’instabilité des pronunciamentos.
Un Etat de droit stable est celui qui organise la société sur toutes ses valeurs historiques, culturelles et linguistiques pour la meilleure cohésion nationale et les meilleurs choix de développement. Ces choix ne doivent pas manquer l’essentiel , à savoir la maîtrise de notre destin commun en ces temps de mondialisation où les grands équilibres stratégiques , politiques , culturelles , économiques et financiers sont bouleversés au profit des pays et puissances de l’argent , de la communication et de l’uniformité. Ces nouvelles contraintes culturelles pèseront davantage encore sur le développement de notre propre culture et de nos langues. Leur épanouissement passe par leur prise de en charge effective par l’Etat. La première d’entre- elles est la reconnaissance constitutionnelle du statut de langue nationale à Tamazight au sein d’un système éducatif profondément remanié. A charge pour l’Etat de mettre à la disposition du peuple les moyens pour assurer les mises à niveau nécessaires. Au delà de la fonction de transformation des apports étrangers , la culture Algérienne doit bénéficier des supports en tant que création. L’image extérieure qu’elle donne d’elle-même est le reflet de son intériorité. Les règles du jeu sont entre les mains de la classe politique dans son ensemble pour transformer la dynamique d’étouffement de l’Amazighité en une dynamique et reconnaissance et de développement.
Devant la menace de folklorisation et de clochardisation , l’action du MCB révèle davantage encore sa propre nécessité. Né du prolongement de la prise de conscience nationale du fait identitaire Amazigh, personne n’a de mérite particulier dans affirmation et son développement. Aujourd’hui , il s’essouffle sous le poids des contradictions et de la division . L’incursion multiple de la politique partisane , frontale et sectaire l’expose à l’éclatement ou tout au moins à sa neutralisation. Tous ceux qui ont volontairement instrumentalisé ce cadre de recherche et d’action culturelle et linguistique rendront des comptes à l’histoire. Pourtant n’est- il pas évident que ce socle constitue la force commune de revendication ? Au contact de l’action politique , nous sommes gagnés par le doute de nous-mêmes au moment où l’espérance tente de se frayer un chemin à travers tant de siècles d’aliénation. Ce jeu absurde doit cesser parce que collectivement renaît une conviction d’aboutissement. Aucune défaite de nous-mêmes ne doit plus la dénaturer ou l’avilir. Pour cela , le MCB doit récuser les responsables en formes de renard qui cherchent à se donner l’« âme » du lion. Il a besoin de chefs qui soient capables d’introduire l’intelligence face à la négation et non pas aller jusqu’au bout de l’inutile pour désamorcer l’absurde.
A-t-on besoin de surenchères de « bouffons »dans un mouvement sommé par l’ultime choix d’englober toutes ses forces pour imposer sa reconnaissance , sa dignité et son idéal ?
Le MCB n’est pas comme ces mendiants qui tendent la main à une foule sans générosité. Après avoir semé du blé , il ne faudrait pas non plus qu’il récolte du crin.
Il appartient à la jeunesse amazighe de mettre fin à la fatalité de la division ancestrale pour faire passer l’amazighité de main en main , de génération en génération , de siècle en siècle comme identité définitivement intégrée à notre Algérianité.

 Sujet Auteur  Date
 Hommage au Dr.Hachimi Nait-Djoudi  nouveau
Azouwaw 2002-01-21 20:18:31 

 Répondre à ce message
 Votre Nom:
 Votre Email:
 Sujet:
 Copiez   qislosle  en face:
    

© 1997-2016 Frebend Concept. Tous droits réservés. Envoyez vos commentaires et questions au Webmaster. 15 personnes connectées