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Interview du Webmestre sur France3
 FFS
Auteur: sh 
Date:   2002-01-16 13:03:33

Interview de Ahmed Djeddaï, Premier Secrétaire National du Front des Forces Socialistes, au quotidien algérien « Liberté », publié le lundi 7 janvier 2002

Ahmed Djeddaï, premier secrétaire national Du FFS

“Bouteflika ne diffère en rien de ses prédécesseurs”

Le premier secrétaire national du FFS est persuadé que les prochaines élections législatives annoncent une fraude certifiée. Il met dos à dos le pouvoir et les délégués radicaux du mouvement de Kabylie et dénonce l'opacité qui entoure l'accord d'association de l'Algérie avec l'Union européenne, paraphé le 19 décembre à Bruxelles. Entretien (*).
Comment interprétez-vous la facilité avec laquelle les partis politiques ont été dépassés par les événements en Kabylie ?

Je pense qu'il faut nuancer votre appréciation. Le FFS s'est impliqué dès le début dans ces événements et je vous rappelle que nous étions l'un des moteurs de la protestation avec nos deux marches organisées à Alger (3 et 31 mai 2001), sans compter les manifestations locales. Nous avons également remis un mémorandum (initiative pour la sortie de crise) au président de la République, et aux généraux Mohamed Lamari, chef d'état-major et Mohamed Mediène (dit Toufik, patron du DRS, ndlr).
Par la suite, il y a eu une manipulation des événements par le pouvoir dans le but de ghettoïser la contestation en Kabylie et lui donner un caractère régional autour de la revendication identitaire seulement.
Or, ce mouvement citoyen portait bien d'autres revendications concernant les droits politiques, notamment les libertés et les droits socio-économiques. Une structure s'y est donc greffée ; une appellation, “arch”, impropre et réductrice d'un mouvement porteur d'espoir qui a touché plus de trente wilayas. Aussi, y a-t-il eu des animateurs — de ce mouvement — qui se sont imposés, ou qu'on a imposés de quelque part. C'est pour cela que nous disons, au FFS, qu'il faut libérer ce mouvement, non seulement du pouvoir avec ces “dialoguistes taïwans” mais aussi de ceux qui veulent l'entraîner vers l'essoufflement et le pourrissement afin de donner au pouvoir des arguments pour mieux réprimer.

Pensez-vous que ces événements, tels qu'ils se sont déroulés, ont été, disons, orientés de manière à piéger les partis ?

Ce qui est en tout cas clair, c'est que ce pouvoir a toujours refusé toute médiation politique autonome. Évidemment, quand il y a des partis ou des organisations autonomes, il essaie de les marginaliser, sinon les exclure ou bien les casser, voire même user de provocations meurtrières. Cette constante est toujours de mise puisque le pouvoir refuse catégoriquement que les partis politiques soient les médiateurs dans la société. C'est la raison pour laquelle il choisit lui-même le cadre, soi-disant, d'un dialogue et ses propres partenaires pour n'aboutir, naturellement, qu'à de vagues promesses qu'il ne tiendra jamais. Effectivement, le pouvoir cherche à disqualifier les partis politiques et leur substituer des structures qui n'ont pas vocation à être des structures politiques.

M. Djeddaï, le FFS donne l'impression d'être face à un dilemme : d'un côté, il soutient ce mouvement citoyen, de l'autre, il conteste et dénonce l'implication des services secrets dans la structure qui le symbolise ...

Je rappelle que nous sommes un parti national et à ce titre nous soutenons tous les mouvements citoyens où qu'ils soient. Malgré la manipulation du pouvoir, l'essentiel pour nous est d'accompagner ce mouvement démocratique porteur d'espoir pour l'Algérie, et porteur de revendications nationales. Et, en tant que parti autonome, nous sommes persuadés que c'est par des manifestations qui s'élargissent de plus en plus, par l'extension de cette dissidence citoyenne qui utilise des moyens pacifiques et qui s'inscrit dans la durée, que nous pouvons provoquer le changement escompté.
Dans ce sens, nous faisons en sorte à travailler avec la population dans ce mouvement afin d'isoler les manipulateurs et les extrémistes. En inscrivant la protestation dans la durée, en organisant des manifestations pacifiques nationales, nous enlèverons au pouvoir l'argument pour le recours à la violence.

Percevez-vous ces événements comme le prolongement de la crise politique qui secoue l'Algérie depuis le début les années quatre-vingt-dix ?

Ecoutez, la crise politique et le marasme social sévissent depuis bien avant 1992 quand même. C'est le résultat de quarante ans de gestion. Nous récoltons aujourd'hui tout ce qui est semé depuis l'indépendance. Le coup d'État de 1992 et tout ce qui a suivi sont une autre étape dans la crise. Il y a donc un pouvoir obsolète qui se maintient par la force, la violence, la répression et la manipulation et qui, plus est, est faible politiquement puisqu'il n'a ni projet réel, ni idéologie bien identifiée, ni encore moins soutien populaire. Pour qu'un pouvoir soit fort, il doit tout de même se prévaloir d'une base sociale, or de quoi peut se targuer le pouvoir algérien ? Du RND ? Est-ce un parti politique qui a des racines populaires ? Soyons sérieux ! Et qu'y a-t-il en face ? une société qui bouge, qui respire, qui revendique, sans peur, tous ses droits et toutes ses libertés. Même si les cadres d'expression, médiatiques ou politiques, sont verrouillés elle continue à résister et mieux, essaye de s'organiser le mouvement actuel, né en avril dernier sans s'essouffler jusqu’à ce jour, est une preuve de la vitalité de cette société. Dans ces conditions, l'espoir demeure d'autant que cette contestation est menée par des jeunes. À une certaine époque, on disait, dans les salons d'Alger, que les jeunes ne s'intéressaient plus à la politique. Quel démenti ! Leur maturité politique est bien là.

La situation engendrée par ces événements, notamment en Kabylie, est loin d'étre reluisante. Croyez-vous qu'il y a un lien, une relation entre cet état de pourrissement et les élections législatives prévues au printemps prochain ?

Les événements sont nés d'une situation d’injustice et de marasme, qui n'a rien à voir avec les élections. C'est la réaction d'une population maltraitée par un pouvoir omnipotent.

Mais dans le contexte actuel…

J'y arrive. Maintenant, il y a des échéances électorales qui vont être imposées au peuple algérien. Quel est l'Algérien qui pense aujourd'hui aux élections ? à une fraude annoncée ? Comment nos décideurs peuvent-ils avoir le sens patriotique s'ils veulent aller à des élections, alors que nous vivons des drames successifs ? Il y a eu le Printemps noir, les inondations du 10 novembre où la responsabilité du pouvoir est directe, il y a la pauvreté, la misère sociale, comment penser à des élections ? Il me semble d'ailleurs que les habitants, de Kabylie ou des autres régions, veulent vivre dignement.
Cela dit, le pouvoir tente de pacifier la région pour mieux imposer ses échéances. Aujourd'hui, nous avons besoin d'une initiative politique forte et l'ouverture d'un vrai dialogue sur les grands problèmes du pays.

Vous seriez plutôt pour le report de ces élections législatives ?

Cela ne fait pas encore débat au FFS. Nous ne voulons plus de mascarades. Notre mémorandum contient des propositions de sortie de crise. Il s'agit, en gros, de créer des mesures de détente et d'apaisement, lever l'état d'urgence, abroger toutes les lois d'exception, ouvrir le champ médiatique, reconnaître le caractère de langue nationale et officielle à tamazight, engager des poursuites contre les responsables des différentes tragédies (Printemps noir, inondations), respecter les droits de l'homme.
En définitive, nous sommes persuadés que seul un retrait graduel et ordonné de l'armée du champ politique est de nature à garantir l'instauration d'un Etat civil et démocratique.

Le président Bouteflika diffère-t-il de ses prédécesseurs ?

Quand on est président et qu'on arrive dans les fourgons de l'armée, je ne vois pas comment on peut différer des chefs d'État précédents.

Dans l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, paraphé le 19 décembre à Bruxelles (Belgique), vous déplorez l'absence, côté algérien, de transparence. Vous semblez cependant privilégier l'aspect Droits de l'homme et reléguer à un moindre plan le volet économique, pourquoi ?

Cela me donne l'occasion de faire une précision : le FFS n'a jamais appelé à un embargo contre notre pays, ce dont on a été accusé, à tort, à plusieurs reprises. En vérité, nous n'avons jamais été contre un accord économique, que ce soit avec l'Union européenne ou avec d'autres partenaires. Nous aurions néanmoins aimé que l'UE signe un accord avec les pays du Maghreb en tant qu'entité, non séparément.
Cela étant, et fidèles à nous-mêmes, je crois que cet accord est le parfait exemple de la “hogra” politique. Dans quel sens ? Je m'explique. Comment peut-on engager l'avenir de tout un peuple, de générations entières sans, au préalable, organiser un débat national autour des aspects différents de l'accord d'association (politique, économie, droits de l'homme, situation sécuritaire)...? Fait encore plus étonnant, le pouvoir a même ignoré la façade démocratique représentée par l'Assemblée populaire national et le Conseil de la nation. Il a essayé de nous faire croire pendant des mois qu'il voulait imposer des spécificités algériennes. Or, nous remarquons que la seule spécificité imposée est l'appui au totalitarisme et la terreur, comme instrument de gestion. Mais quel crédit peut-on accorder à ce régime concernant la bonne gouvernance, les droits de l'homme, l'État de droit, lui qui n'a jamais respecté aucun engagement pris jusque-là ? Cet accord prouve, d'un autre côté, que l'Europe est otage des technocrates que nous accusons formellement de vouloir fermer les portes à une solution politique de la crise algérienne. En dépit de l'inefficacité militaire, en dépit des bouleversements générés par les attentats du 11 septembre, le pouvoir a gagné du temps pour continuer à mieux réprimer et garder la population sur un chaudron. En tout cas, le FFS sera toujours en alerte permanente à propos du deuxième point de l'accord d'association, relatif aux droits de l'homme, à la bonne gouvernance et à l'État de droit. Il ne faut pas oublier que cet accord n'est pas signé mais seulement paraphé. Nous avons le temps d'agir. Maintenant, sur le volet économique, nous n'en connaissons même pas le contenu pour en juger.

Le FFS a-t-il eu des contacts avec le pouvoir ces derniers mois ?

Il n'y a eu aucun contact avec le pouvoir, ni en Algérie ni à l'étranger. Clair, net et précis.


propos recueillis par Lyès bendaoud

(*) Entretien réalisé le 26 décembre 2001

 Sujet Auteur  Date
 FFS  nouveau
sh 2002-01-16 13:03:33 
 Re: FFS  nouveau
oubekkou 2002-01-16 17:21:02 
 Re: FFS  nouveau
sh 2002-01-16 18:00:01 
 Cité et site  nouveau
Amirouche 2002-01-16 21:02:49 
 Re: Cité et site  nouveau
Ullial 2002-01-17 11:54:03 

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