Auteur: zahra
Date: 2001-12-17 19:48:07
Entretien avec Ferhat M'henni
« Le pouvoir entame sa solution répressive »
* Le Matin : Les émeutes viennent de reprendre un peu partout et de façon violente. A quoi cela est-il dû ?
- Ferhat M'henni : Les émeutes d'aujourd'hui sont le résultat d'une double provocation du pouvoir qui entame sa solution répressive contre notre région. Il y a d'abord cette mascarade, cette clownesque mise en scène d'un faux dialogue avec des représentants qui ne représentent qu'eux-mêmes. Ensuite, il y a des arrestations de jeunes Kabyles par la police, ainsi que l'émission de mandats d'arrêt contre les véritables représentants des aârouch, qui peut-être seront suivis d'effet.
Le complot du pouvoir contre la région apparaît donc au grand jour, et nous invitons toutes les bonnes volontés nationales et diplomatiques à user de leur influence pour arrêter ce macabre projet avant qu'il ne soit trop tard.
* Un « dialogue » est en train de se dérouler entre le Chef du gouvernement et des aârouch très particuliers. Qu'en pensez-vous ?
- Nous n'assistons pas à un dialogue entre la Kabylie et le pouvoir, mais à un simple monologue de ce dernier. Cela dénote une volonté de pyromane qui cherche à se donner bonne conscience pour un nouveau bain de sang dans la région. Nous attirons l'attention de l'opinion nationale et internationale sur une évolution de la situation qui devient du fait de cette mascarade de dialogue très dangereuse. Bouteflika et Benflis en porteront toute la responsabilité. Nous devons leur rappeler que la Kabylie a des représentants légitimes et crédibles à travers les aârouch et des revendications claires : la plate-forme d'El Kseur. S'il existe une intention louable des « décideurs » pour solutionner le problème kabyle, il faut une démarche de respect du vis-à-vis dans les règles de la démocratie. Il ne saurait y avoir de solution répressive à un problème politique.
Le MAK, soucieux de la prise en charge des victimes du Printemps noir, de l'aboutissement de la plate-forme d'El Kseur et d'un retour à la stabilité dans la région, appelle les plus hauts responsables de l'Etat à en finir avec la manuvre et la manipulation dans la gestion des conflits politiques. La Kabylie a été trop martyrisée par l'Etat central depuis 1962 pour qu'aujourd'hui elle accepte d'en endurer davantage.
* Le professeur Issad refuse de continuer les travaux entamés par la commission. Qu'en dites-vous ?
- Il m'est arrivé de dire que le Pr Issad avait le courage du métal qui accepte de se mettre entre le marteau et l'enclume. Par son geste d'aujourd'hui, il vient d'administrer la leçon d'un courage éblouissant à la mesure de la grandeur et de la respectabilité de la personne. On ne transige pas avec l'honneur des hommes. Le pouvoir devra en tirer toutes les conséquences et reconnaître que les faits sont têtus et que sa responsabilité, et donc la responsabilité de l'Etat, est entière dans les massacres qu'il a perpétrés en Kabylie au printemps dernier.
ahmed moussa
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