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Interview du Webmestre sur France3
 Statut de la langue amazighe
Auteur: amirouche 
Date:   2001-03-25 13:41:57

Article paru dans le quotidien Liberté (Algérie) daté du 22/03

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STATUT DE LA LANGUE AMAZIGHE
Comment en faire une langue de pain ?
Cela passe par le biais du mécénat et du sponsoring.

Jusqu’à présent, seul le champ politique est investi, et cela, par
plusieurs générations de militants. L’histoire du Mouvement culturel
amazigh, depuis le groupe des Mohand Amokrane Khelifati,
Mohand Heroui, Mohand Amokrane Haddag, Ouali Bennaï et autre
Ali Laïmeche jusqu’aux enfants du boycott scolaire, en passant par
les Mohamed Haroun, Mustapha Bacha et autres Lounès Matoub,
les militants de la cause culturelle et identitaire amazighe ont payé
un lourd tribut. Les matraquages, les arrestations, les tortures, les
procès arbitraires, les exclusions, les emprisonnements... et
jusqu’au sacrifice suprême, ont été le prix payé par ces militants.
Résultat : le Mouvement culturel amazigh est en déliquescence,
épuisé par les luttes intestines, un enseignement aléatoire pour
une langue amazighe sans statut aucun, une revendication "pour
une langue amazighe nationale et officielle", reléguée aux
oubliettes. Voilà le tableau du champ de lutte politique. Il faut
libérer notre culture et notre langue amazighes du carcan politique,
du "monopole politique". Les militants et militantes, ceux et celles
qui ont à coeur la promotion et la valorisation de la culture et de la
langue amazighes, se doivent de se rapprocher de l’épicier du coin
comme de l’industriel : c’est-à-dire du Pouvoir de l’argent. Le
champ économique a été totalement ignoré. Conséquence : la
société économique, du petit commerçant jusqu’à l’industriel, reste
en marge, voire dans l’ignorance quasi totale de cette revendication
culturelle. Dans le contexte actuel de libéralisme économique, la
concurrence est le moteur central. Ce contexte nous - nous :
producteurs et consommateurs - est favorable et nous invite à
participer dans les enjeux. Comme dans une guerre - et il s’agit
bien d’une guerre, sans merci, d’extinction de notre langue -, il
s’agit en premier lieu d’identifier nos amis, nos alliés, c’est-à-dire,
les amis de notre langue, ceux qui apportent leur soutien à notre
langue et à notre culture. Ce soutien peut se faire par le biais du
mécénat ou le sponsoring, à travers le soutien à l’édition de livres
amazighs ou encore de production de films d’expression amazighe
(par ex. Tawrirt ittwattun ). Toutes formes d’expression publique en
amazigh (enseignes commerciales, affiches, étiquettes, etc.)
constituent des adhésions à la promotion de la langue et culture
amazighes et doivent, par conséquent, attirer notre attention et
nous servir de référence dans nos relations commerciales
privilégiées.

Partant de la noble notion qui dit que "le client est roi", le
consommateur-militant usera de ses prérogatives "royales". À bon
escient : tout achat fait sur la base de la raison culturelle est un
encouragement, voire un investissement pour la préservation et le
développement de cette même culture. Cela passe par
l'instauration de nouveaux réflexes : "L’amazigh à l’école, oui ;
l’amazigh dans le commerce, aussi." C’est une nécessité
incontournable. À commerce ou produit égal, choisir celui qui
affiche son adhésion, son amour de la langue et culture amazighes
: dans le même esprit, le consommateur-militant pourrait, le cas
échéant, boycotter tout produit ou tout lieu de commerce
manifestant un quelconque indice négateur de la langue et culture
amazighes. "Celui qui n’est pas avec moi est contre moi" : il n’y a
pas de neutralité dans le commerce, il n’y a que de l’intérêt. Ainsi,
il s’établira une sorte de contrat social mutuel entre les
producteurs-militants et les consommateurs-militants. C’est à ce
prix que notre langue et notre culture amazighes deviendront la
langue et la culture de pain. Cette mutuelle reconnaissance ou cet
échange de bons et loyaux services produira peu à peu son effet
boule de neige, d’autres industriels et commerçants y adhéreront
immanquablement jusqu’à ce que l’amazighité se fasse une place
honorable dans l’environnement économique national. L’économie,
l’industrie, le commerce en général et la culture sont les deux
pieds d’un même corps. Vendre son fromage se confond avec
vendre un conte. Qui dit économie dit argent et... l’argent c’est le
nerf de la guerre qu’elle soit politique, économique ou culturelle.

Après avoir été un étendard, l’amazighité - menacée présentement
de sclérose - doit devenir un étalon, un étalon par lequel nous
reconnaîtrons nos amis et par lequel sera valorisée notre langue et
notre culture.

En toute légitimité. Grâce à cette dynamique, la langue amazighe
gagnera un statut social. Grâce à cela, la langue et culture
amazighes pourront être des créneaux d’investissement directs
(enseignement privé, éditions graphiques, audiovisuelles,
télévisions et radios privées, tourisme, revalorisation des sites
historiques, revalorisation et développement de l’artisanat...) et
indirects (utilisation de la langue amazighe dans l’étiquetage et la
communication publicitaire...) "Akken tasga attilli i tassa" : c’est-à-
dire pour que ceux qui ont les moyens soutiennent ceux qui ont les
idées, les artistes, les poètes, les écrivains, les chercheurs, les
producteurs de la langue et culture amazighes. En tout bien, tout
honneur, l’amazighité n’en sera que fière et reconnaissante à
l’endroit de ses généreux militants. Pour que l’amazighité ne soit
plus l’éternelle orpheline, l’éternelle cause seulement d’humbles
citoyens et citoyennes qui n’hésitent pas à offrir jusqu’à ce qu’il ont
de plus cher : leurs vies.

M.O MEDJEBER (liberté 2203)

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 Statut de la langue amazighe  nouveau
amirouche 2001-03-25 13:41:57 

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