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Ah!Ah a belyazit, enda tensit itteli ... |
Auteur: mokrane
Date: 2001-08-26 19:26:04
Beaucoup d’idées fausses et de fantasmes ont été construits à dessein à propos des événements sanglants ayant
endeuillé la Kabylie, mais aussi à propos de ce qu’il est convenu d’appeler la quête identitaire berbère en Algérie qui
remonte à la fin des années trente. Il faut peut-être rappeler que les militants anciens ou nouveaux de la question
identitaire berbère n’ont soulevé aucune objection contre l’institutionnalisation de la langue arabe, que j’appelle
scolaire (car sa norme est définie dans, par et pour l’école), comme langue officielle et nationale du pays. La question
de l’unité nationale dont certains semblent s’instituer en défenseurs attitrés n’a pas non plus été remise en question
par cette mouvance. Cette dernière a cependant insisté sur la nécessité d’inscrire l’identité du peuple algérien dans
son algérianité en premier lieu, puis dans sa maghrébinité ouverte sur la Méditerranée, le monde arabe et l’Afrique.
Mais elle n’a jamais été exclusivement à caractère identitaire. Elle a posé (en 1980 par exemple), elle pose aujourd’hui
encore la grande question de l’avènement d’un système politique démocratique dans le pays et la nécessité de
l’édification d’un Etat qui soit l’émanation de la volonté populaire, un Etat de citoyens égaux où le droit à la différence
est garanti dans le cadre de la communauté politique nationale. Les derniers événements n’ont pas été suscités par la
revendication identitaire au sens strict. Ils ont fait irruption en pleine célébration du Printemps berbère dans une
sérénité jamais vue auparavant. La vraie raison de la colère réside dans ce que les Algériens appellent avec génie la
«hogra institutionnelle» dont la traduction difficile en français donnerait : «mépris, arbitraire, brutalité et injustice».
C’est une institution de l’Etat qui les a provoqués et le plus naïf pourra aisément constater le déroulement d’un
véritable scénario de mise à feu et à sang. C’est l’exécution de ce scénario macabre, sur fond de désespérance sociale
et culturelle et de sentiment d’abandon par l’Etat — dont toutes les institutions, y compris celles élues, auront accusé
ici un échec cuisant qui devrait les faire réfléchir sur leurs stratégies politiques à venir — qui a provoqué ce sursaut
de dignité. La revendication essentielle qui s’en dégage consiste à notre sens en une demande de reconnaissance
d’une citoyenneté pleine et entière pour le peuple algérien. Le citoyen entendait recouvrer les espaces citoyens qui lui
ont été usurpés par certaines institutions corrompues et répressives. C’est tout simplement le droit de pouvoir vivre
chez soi, dans son pays, dans son village... sans être inquiété. S’il est vrai que les institutions constitutionnelles
émanent de la volonté populaire et que la souveraineté appartient au peuple, lorsque ce dernier ne veut plus d’une
institution, sa volonté doit prévaloir à tout autre calcul qui ne peut être que vain. Ce n’est en tout cas pas ce film
fiction ridicule et sans goût de la gendarmerie qui trompera le plus idiot des Algériens.
Le départ des brigades de gendarmerie impliquées dans l’arbitraire et les assassinats a été conditionné par leur
remplacement rapide par des sûretés nationales... La morale de ces événements est qu’il reste aux Algériens vraiment à
décoloniser le système politique qui les écrase et qui a été on ne peut plus mis à nu, et sa laideur abjecte est
aujourd’hui apparue contrastant avec sa rhétorique nationaliste creuse. Bourhane Ghalioune parlait bien du «Malaise
arabe, l’Etat contre la nation».
Ce constat a dû paraître au président de la République tellement clair qu’il avait déjà pensé à trois grands chantiers :
réforme de la justice, réforme du système éducatif et réforme de l’Etat. L’économie est aussi en pleine mutation.
Malheureusement, la coalition actuelle qui est censée mener ces réformes est aux antipodes de cette attitude de
modernisation de l’Etat, alors que le courant dit moderniste ne semble pas intéressé par ces chantiers et est de plus en
plus marginalisé et même brutalisé. L’exigence citoyenne est aujourd’hui plus que jamais à l’ordre du jour et les
institutions qui ne méritent pas la confiance du peuple doivent être sanctionnées ; cela insufflera une dynamique de
rétablissement de la confiance entre le peuple et son Etat qui doit mériter lui aussi son existence. Et la revendication
identaire dans le cadre de l’algérianité et la maghrébinité n’est qu’un point de cette nécessaire émergence d’un Etat de
citoyens.
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mokrane |
2001-08-26 19:26:04 |
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