Auteur: moha
Date: 2001-08-24 22:56:03
LES HÉRITIERS d`ABDELKRIM
El Mondo 01/09/2000
Thème tabou depuis la rébellion rifaine que Hassan II avait réprimé en
1958, la communauté bérbére du Maroc commence à réclamer la
reconnaissance de son identité.
Malgré la menace de tomber à tout instant, les deux tours maintiennent sans
équivoque le style hispano-marocain qu´avait implanté Emilio Blanco Izaga dans le
Protectorat espagnol au Maroc. Celui-ci était l´édifice de l´agent des Affaires
Indigénes (Interventor), le responsable de l´administration de ce qui était le coeur
de la rébellion rifaine.
Au fond, on voit la belle baie d´Alhoceima.
"Ils l´ont construit juste sur le quartier général d´Abdelkrim" expliqua David Hart
en visitant les ruines de cet emplacement.
A son côté, Rachid Raha, un autre animateur de la rencontre rifaine, qui répartit
certains pins singuliers de vieux héros d´Ajdir, qui avait humillé l´Armée coloniale
envoyée par Madrid et qui avait proclamé la République du Rif entre 1923 et 1926.
- " je ne peux pas te dire ce que t´attendais si on pillait avec un pin comme
celui-ci habitants d´Ajdir, la récupération de ce vieux centre d´opérations
d´Abdelkrim - et qui veulent installer làbà un musée - s´est convertit en tout un
symbole.
L´état ruineux de cette construction explique parfaitement la marginalisation
qu´elle a souffert l´identité amazighe au Maroc durant des décenies, affirme
Rachid Raha.
Plus tard, des dizaines de jeunes réunis dans la localité d´Imzouren où ils ont
dressé des pancartes écrites en langue tamazight (la langue berbère) reçoivent
chaleuresement à David Hart, la première voix qui a osé réveler le poid de la
répression qui a terminé avec le deuxiéme soulèvement rifain, enclenché par
l´Armée qui était dirigée par le futur roi Hassan II.
Avant, on parlait en secret de ces journées.
Maintenant, on le dit haut: ça était un crime, un terrible crime.
J´avais sept ans et je me souviens des cadavres éparpillés dans la rue
lorsque je suis sorti aller à acheter du sucre, confesse Abderrahmane
Tahtah, un autre militant , originaire d´Alhoceima.
L´hommage à Hart, ce 26 août passé, constitue la manifestation la plus
récente du mouvement de revendication berbère, qui s´observe au Maroc de
maniére croissante.
Avec la tournée de reconciliation que le nouveau roi Mohamed VI avait réalisé au
territoire d´Abdelkrim en octobre de 1999, les différentes associations culturelles
ont multiplié leurs revendications, qui se sont acheminées dans le Manifeste
Berbére, rédigé par l´ex-directeur du Collége Royal, Mohamed Chafik, et
signé par 230 intelectuels, étudiants et hommes d´affaires d´une éthnie qui
représente la majorité de la population marocaine, et qui est envoyé au
propre souverain en mars dernier.
il s´agit de récupérer l´esprit la Charte d´Agadir (document qui date 1991 et
exige reconnaissance constitutionnelle tamazight comme langue
nationale au Maroc à côté l´arabe).
"Pour cela, il est clair que nous devons former un parti politique, car voie
culturelle s´est épuisée",proclame Raha.
Aprés les réunions de Bouznika et d´Agadir, les militants berbères ont décidé
d´organiser dans un an une assemblée pour former un regroupement
politique, défenseur de cette identité, ceci pourrait contredire la
Constitution actuelle, qui interdit la création des formations militantes à
caractére ethnique.
" En défiant un théme tabou jusqu´à maintenant, les propres dirigeants de ce
courant s´aventurent déjà à demander la réforme de la Carta Magna", disait Raha
reçement dans un journal.
Dans les cafés d´Alhoceima, les militants de la cause berbère comme le cité
Tahtah se rappellent toujours que le tamazight ne s´enseigne pas dans les
écoles marocaines, ou comme lui-même, il n´a pas pu arriver à que le
nom de sa fille Thif Thaziri (nom rifain qui signifie plus belle que la pleine
lune) soit reconnu.
L´administration me dit que ce patronyme n´est pas marocain. Que tamazight
n´est pas marocain ! Alors d´où nous sommes les amazighs? d´Australie?
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