Auteur: Amirouche
Date: 2001-08-17 00:18:35
Je vous livre aujourd’hui une interview réalisée le 22 janvier 1996 par M. Ali Benabbas en présence de M. Chérif Hamdis. Un témoignage de l’intérieur. Celui du grand et humble Bessaoud Mohand-Aarav, l’animateur de la fameuse Académie berbère et ancien officier de l’ALN.
Bonne lecture.
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Tiziri : Nous savons ce qu’a été le « berbérisme » durant les anéées quarante. Puis, durant la lutte de libération, on a officiellement écarté le sujet afin de préserver l’unité de la révolution. Comment malgré tout, s’exprimaient alors les berbéristes.
Dda Mohand-Aarav : Ils ne pouvaient pas s’exprimer ! Vers les années 1955-56, le mot « berbériste » a cessé d’exister. En Kabylie, Krim Belkacem et le colonel Amirouche avaient ordonné l’assassinat de Bennaï Ouali et Ould-Hamoud Amar, cousin d’Amirouche, Ali Tamzirt, M’barek Ait Menguellat, Mouh Ben Aissa, professeur d’arabe à Mechtras. A partir de 1956, la liquidation totale était faite, le berbérisme avait disparu. En 1962, se dire berbère c’est mourir.
Tiziri : A-t-il fallu attendre la création de l’académie berbère pour remédier à cela ?
Dda Mohand A. : Il y eut d’abord mon livre « Heureux les Martyrs qui non rien vu ». Dès sa parution, un mandat d’arrêt a été lancé contre moi, j’était obligé d’entrer la clandestinité et ce, jusqu’au déclenchement de l’insurrection de Mohand Oulhadj et à la naissance du FFS. Aït Ahmed était anti-berbériste. Il me qualifiait de fou lorsque je parlais du berbère comme langue nationale. Son anti-berbérisme peut-être vérifié auprès des militants de l’époque, à l’époque de sa jeunesse : Aïche, pharmacien de Tizi-Ouzou, Aït Amran qui n’a pu milité durant la guerre de libération car affaibli par la tuberculose peuvent le confirmer.
Tiziri : L’insurrection de Mohand Oulhadj était-elle spécifiquement berbériste ou plus généralement dirigée contre la dictature de Ben Bella ?
Dda Mohand A. : En 1963, Krim Belkacem a réuni ses amis à savoir Boudaou Omar, de la Fédération de France, Khatab Youcef, de la wilaya 4, Mohand Oulhadj de la wilaya 3 et le colonel Sawt el arab de la wilaya 2. Il leur a dit que Ben Bella a trahi et qu’il faut le liquider. Mohand Oulhadj propose alors de décider d’une date en tant que chef de la nouvelle septième région militaire, il avait à sa disposition des canons, des chars, il pouvait facilement aller sur Alger et arrêter Ben Bella. Il s’était réuni en avril et la date fut fixée au trois juillet 1963
A suivre.
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