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Interview du Webmestre sur France3
 Un journaliste algérien au service de la DGSE
Auteur: Amirouche 
Date:   2001-07-01 02:10:59

Un journaliste algerien au service de la DGSE


Reda Hassaine, journaliste algerien âgé d'une quarantaine d'années, a
travaillé depuis Londres et durant dix-huit mois pour le compte des
services spéciaux français en échange d'une promesse de
naturalisation...

Propos recueillis par Djamal Benmerad

Lorsque je vous ai connu à Alger en 1986, vous étiez un jeune
journaliste dont l'avenir semblait prometteur, laic de surcroit et
passionné de musique andalouse comme il sied à un algérois de souche,
Une douzaine d'années plus tard, j'apprends à travers les révélations
faites à la presse britannique que vous fûtes un agent des services
secrets français chargé d'infiltrer les réseaux des GIA (1) à Londres.

Reda Hassaine : Cela rejoignait mon objectif qui état celui de
combattre l'intégrisme...Vous savez, quand vous apprenez chaque jour
les crimes perpétrés en Algérie, l'assassinat d'un parent, d'un ami...

Combattre l'intégrisme ! N'étiez-vous pas vous-même un élu du FIS (
2) en 1991 dans la commune de Kouba, dans la banlieue d'Alger ?

R. H. Je me suis présenté aux éléctions municipales sur la liste FIS.
A l'époque c'était l'effervescence démocratique. J'avais, parmi les
habitants de ma commune, un statut assez particulier qui me
permettait d'aider nombre de mes concitoyens à obtenir un emploi, une
formation professionnelle...J'ai reçu des propositions du RCD, du
PAGS (3) pour me porter sur leur liste. Mes amis, mon environnement
immédiat, m'ont poussé vers le FIS parce que c'était selon eux le
seul parti qui pouvait tirer un trait sur le FLN (4). La rupture,
quoi! Je me suis donc présenté sur la liste FIS et j'ai été élu.

Vous avez démissionné quelque temps plus tard...

R. H. J'ai démissionné deux jours aprés ! Le soir des éléctions j'ai
fait le décompte, avec d'autres candidats du FIS, du nombre de voix
obtenues par notre liste. C'était un peu moins de 22 p.cent. Le
lendemain, j'apprends que nous avions obtenu 90 p.cent ! Le majliss
(comité consultatif du FIS-NDLR) nous a ensuite réuni, nous élus FIS,
pour nous apprendre que nous avons obtenu... 90 p.cent! On nous a
ensuite donné des orientations quant à la gestion future de la
municipalité. C'était carrément à l'opposé de mes convictions. Le
surlendemain, j'ai demandé audience à Abassi Madani, leader du FIS.
Il m'a reçu en son domicile à Hydra. Il m'a donné l'ordre de
"m'écarter de la commune" et de me reserver pour les législatives. Il
a ensuite développé un ertain nombre d'idées et thèses qui m'ont
donné des frissons. Au bout de trois heures d'entretien, ma décision
était prise. J'ai donc rejoint mon journal qui m'a accordé une mise
en disponibilité. J'ai ensuite pris un billet d'avion. Paris d'abord,
ensuite la Scandinavie. Stokholm, la Finlande, le Danemark. Ensuite
je suis revenu sur Alger.

Vous êtes donc parti faire du tourisme...

R. H. : C'était une sorte de voyage de prospection. Je devais aussi
m'éloigner parce que j'avais compris que je venais de faire une
faute. J'avais compris que j'ai été utilisé.

Utilisé ou manipulé ?

R. H. : Non, pas manipulé! Si vous optez pour ce mot, appliquez-le à
toute l'Algerie parce que tout le peuple algerien a été manipulé. Je
vais vous dire une chose : du temps du parti unique, mon père est
venu me demander de figurer sur la liste du FLN. Je lui ai répondu
que j'avais une démarche contraire. Je lui ai dit que mon seul parti
est le Mouloudia Club d'Alger, mon équipe de foot qui ne m'a jamais
déçu.

Vous êtes retourné une fois de plus à Paris...

R. H. : Je suis retourné à Paris pour un court séjour. Puis je suis
rentré à Alger où j'ai repris avec le journal "Horizons". J'ai par la
suite revu un ami qui m'a proposé de créer un hebdo qui devait
s'appeler "ici Alger". Aprés il y eut ce qu'il y eut : l'arrêt du
processus éléctoral, la dissolution du FIS...

Vous êtes encore une fois retourné à Paris... C'est vraiment le grand
amour pour cette ville !

R. H. : J'y suis retourné en Avril 1992. J'avais avec quelques amis
un projet - encore un! - de journal indépendant. Arrivés là-bas on ne
s'est pas entendus. Eux sont rentrés sur Alger, moi je suis resté.

Et c'est là que vous avez éteé contacté par les services secrets français ?

R. H. : J'ai été recruté par la DGSE en 1997. Entretemps j'étais à
Paris où je voulais monter une affaire. Il s'agissait de la diffusion
de la presse française en Algerie. C'était en 1994. J'ai obtenu un
contrat ficelé avec la NMPP. Mais les autorités algeriennes m'ont
fait des difficultés. Je suis donc parti à Londres via le consulat
britannique de Tunis. Mon enfant avait six mois à l'époque. Je
m'étais dit "comment sauver les miens?" A Londres les milieux
islamistes m'avaint fait un bon accueil. Ils m'ont fabriqué une
vraie-fausse carte d'identité française.

Revenons à la DGSE. Comment concrètement avez-vous été recruté et
dans quel but ?

R. H. : A mon arrivée à Londres, la seule alternative pour moi était
de demander l'asile politique. C'est ce que j'ai fait. En attendant,
je me suis inscrit dans des tas d'écoles. J'en ai profité notamment
pour perfectionner mon anglais. Durant toute la période où
j'attendais la réponse à ma demande d'asile, j'ai remarqué qu'on
l'accordait plus facilement aux islamistes qu'aux démocrates
algeriens. En quête de travail, avec tous mes diplômes et autres
certificats, j'ai subi des dizaines d'entretiens. A chaque fois fois
on me demandait mes papiers, à chaque fois je répondais que j'étais
demandeur d'asile. Invariablement on me renvoyait. Pendant ce temps,
ma conscience du combat de maurait vivace...

Mais de quel combat, et pour quelle cause?

R. H. : Combattre le système !

Revenons-en, si vous le permettez, à la DGSE.

R. H. : J'y arrive, ne vous inquiétez pas. Né avant 1962 (année de
l'indépendance de l'Algerie-NDLR), je me suis dit que le meilleur
moyen de m'en sortir serait de demander la nationalité française. Je
me suis rendu donc à l'ambassade de France à Londres réclamer ce
droit. Là le conseiller de presse m'a orienté vers le vice-consul
chergé de l'état-civil qui m'a à son tour dirigé vers un autre
vice-consul qui m'a posé la même question que ses collègues m'ont
posé auparavant: "connaissez-vous les milieux islamistes à Londres ?"
Trois jours plus tard il me téléphone et me fixe rendez-vous à
l'ambassade de France.

Vous vous rappelez de son nom ?

R. H. : Je me rappelle de tous les noms de ceux que j'ai rencontrés.
Celui-ci s'est présenté sous le nom de Jérôme. Mais les vrai nom je
ne vous le donne pas.

"Jérôme", c'est un nom de personnage de polar, ça !

R. H. : Cependant la liste du personnel diplomatique français
existe...Elle est publique.

Oui, mais ce Jérôme...

R.H. : Il m'a dit : "je suis là...Je peux vous obtenir votre
naturalisation...Mais il y a la coupe du monde qui va se tenir chez
nous. Est-ce que vous pouvez nous aider ?" J'ai demandé de quelle
manière je pouvais le faire, mais j'avais dèjà compris son jeu. On a
convenu d'un autre rendez-vous. Je suis ensuite parti voir mon
rédacteur-en-chef...

De quel journal ?

R. H. : Le "Sunday Times". Je lui ai tout raconté. Il m'a dit
'fonce". J'ai donc accepté le marché.

Je présume que vous avez quand même du vivre un dilemme, un cas de conscience.

R. H. : Ce qui m'a fait mal, c'est qu'à la suite des révélations
publiées à ce propos par la presse britannique, la presse algerienne
m'a descendu en flèche. Personne n'a cherché à savoir de quoi il en
retournait véritablement. Personne n'a essayé de me contacter. J'ai
accordé une interview au correspondant à Bruxelles d'un quotidien
algerien. Elle n'a jamais paru.

Mais vous deviez vous attendre à cette réaction: un journaliste
algérien qui collabore avec les services spéciaux français ! N'est-ce
pas du "harkisme" ?

R. H. : Soit. Mais personne n'a cherché à comprendre mes motivations
réelles. Quant à ma collaboration avec les services spéciaux
français, j'ai infiltré les millieux islamistes à Londres comme les
mosquées et autres espaces.Je travaillais sur des noms de membres des
GIA qui m'ont été donnés par Jérôme. Il était persuadé que c'était
ces gens-là qui organisaient les attentats à la bombe.

Existe-t-il une coordination entre les services français et leurs
collègues britanniques dans ce domaine ?

R. H. Pas à ma connaissance. Ma collaboration a duré 18
mois...Jusqu'à la fin de la Coupe du monde. Entretemps beaucoup de
membres des GIA ont été arrêtés grâce à moi. Aucun incident n'a eu
lieu durant le Mondial. J'estime avoir quelque part contribué à
épargner des vies humaines et à ce que cette manifestation se déroule
sans attentats. Deux mois plus tard, j'ai été donc revoir Jérôme pour
lui rappeler sa promesse de me faire obtenir la nationalité
française. Il m'a envoyé paître.

Jerôme vous payait combien ?

R. H. : Des sommes assez conséquentes. Pour ça je ne me plains pas.

Vous avez décidé de parler aujourd'hui par vengence ? Parce que vous
avez le sentiment d'avoir été trahi ?

R. H. : Non, mais à partir du moment où ils n'ont aucun droit sur
moi. Ils ont joué leur jeu, j'ai joué le mien. J'ai décidé de parler
parce que j'ai vu ce qu'ils ont fait aux autres ...Des policiers, des
déserteurs de l'armée algérienne qu'ils ont manipulé, qu'ils ont mis
sous pression pour leur faire dire des choses, écrire des livres...Il
fallait tirer à boulet rouges sur l'Etat algerien.

Pourquoi n'écrivez-vous pas vous-même un livre ?

R. H. : J'en suis au troisième chapitre. Son titre est "Opération Zidane".

Au début de l'entretien vous disiez que vous vouliez lutter contre le
système algérien. Où est la lutte contre le système dans tout cela ?

R. H. ......

-------------O-------------

1 - GIA : Groupes islamistes armés
2 - FIS : Front ismlmique du Salut
3 - RCD : Rassemblement pour la culture et la démocratie.
PAGS : Parti d'avant-garde socialiste
4 - FLN : Front de libération nationale


=====
Dj. B.

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 Un journaliste algérien au service de la DGSE  nouveau
Amirouche 2001-07-01 02:10:59 
 Re: Un journaliste algérien au service de la DGSE  nouveau
al djazaïri 2001-07-01 12:45:03 

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