Auteur: Amirouche
Date: 2001-01-22 14:37:35
Lu pour vous. Je n'ose pas vous souhaiter bonne lecture.
Les graves propos de Bouteflika
Le Président Bouteflika conseille aux femmes de ne pas provoquer les terroristes repentis.
«Ne provoquez pas les repentis et cessez de fumer dans la rue. » Ce discours est celui du premier magistrat du pays qui appelle les femmes algériennes, à partir de Batna cette fois-ci, de « céder un peu » sur leurs libertés individuelles pour « ne pas heurter la sensibilité des repentis » auxquels il demande « gentiment » de ne plus narguer les victimes « en bombant le torse ». C'est une autre forme de concorde applicable dans les lieux publics que propose Bouteflika, après l'échec de sa démarche dite de concorde civile. C'est dans cette logique même qu'il justifie la répression des couples qui, en l'absence de moyens pour fréquenter les grands hôtels, et dans la perspective de bénéficier un jour d'un logement, n'ont trouvé que certains jardins pour s'isoler un moment dans un pays où ne rôdent plus que la mort et la haine.
Le Président de la République trouve normal qu'on interdise des moments d'intimité entre un homme et une femme qui ne sont pas encore mariés. Ce discours, en flagrante contradiction avec la Constitution, n'est pas nouveau chez Bouteflika qui, en pleine compagne électorale, s'est attaqué aux jeunes couples qui fréquentaient « le Front de mer à Oran, les lieux publics à Alger et à Constantine ». Il avait déclaré dans une émission télévisée, consacrée aux candidats à la présidentielle, que cette image de l'Algérie est intolérable tout en confondant, bien sûr, entre prostitution et rencontre entre deux êtres qui s'aiment. Ce débat que Bouteflika vient de déterrer en ce début du troisième millénaire renvoie le pays à une époque où on s'interrogeait « si la femme est un être humain ou non ».
La première menace proférée par les islamistes armés contre les femmes portait dans le contenu les mêmes interdits et consignes, concernant l'habit et le comportement dans la rue, que ceux adressés jeudi par Bouteflika à partir d'une tribune à Batna. Le 9 mars 2000, il avait profité d'une tribune que des femmes ont érigée à El Aurassi pour demander aux Algériennes de « ne pas réveiller les démons en exigeant l'abrogation du code de la famille ». Bouteflika avait déclaré à cette occasion qu'il n'existait pas de problème du code de la famille, « mais que ce sont les conditions économiques qui sont à l'origine de l'injustice que subit la femme ». Les libertés individuelles sont réellement menacées suite au discours du premier magistrat du pays qui pourrait être interprété comme une orientation à mettre en pratique. Les prémices ont été déjà constatées lors de l'opération musclée menée contre les couples.
Youcef Rezzoug
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