Auteur: Jonathan
Date: 2003-09-24 17:06:20
dont le père est @!#$ et la mère kabyle non pratiquante, tiennent à porter le voile. (LP/B.SEIGLE.)
«ON NOUS demande de choisir entre l'éducation et notre @!#$, nous, on veut les deux. » Alma et Lila sont déterminées. Ces deux soeurs musulmanes de 16 et 18 ans ont décidé, il y a quelques mois, de porter le voile « par conviction ». Elles vont en cours revêtues de robes et pantalons longs superposés, de pulls à col roulé qui leur enserrent le cou, de fichus qui ne laissent voir que l'ovale de leur visage. Des tenues jugées « ostentatoires » qui pourraient bientôt entraîner leur exclusion définitive du lycée Henri-Wallon d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
« On veut bien utiliser des tissus roses » Ce matin, une mesure conservatoire sera prise, leur interdisant de retourner en classe avant le conseil de discipline, qui se tiendra dans une dizaine de jours. Une décision prise en accord avec le cabinet du ministre. Dans l'établissement, la tension monte depuis plusieurs jours. Les deux soeurs ont été écartées du cours d'EPS la semaine dernière. Leur père, Laurent Lévy, un @!#$ athée qui est avocat du Mrap (Mouvement contre le racisme et l'antisémitisme), a alors menacé de porter plainte pour discrimination. Après une réunion de conciliation lundi soir avec le père, l'inspecteur d'académie Jean-Charles Ringard s'est rendu hier matin dans le lycée pour rencontrer les professeurs et les jeunes filles. Il a tenté de convaincre celles-ci d'arborer des voiles « plus discrets ». La négociation a échoué. « La conviction des jeunes filles de leur bon droit est telle que ce n'est pas compatible avec la laïcité et le règlement intérieur », commente l'inspecteur d'académie. « On nous demande de porter un foulard qui laisse voir le lobe des oreilles, la racine des cheveux et le cou, rapporte Alma, la cadette aux yeux maquillés d'un trait de khôl. Nous, on n'est pas d'accord, on estime qu'on est suffisamment discrètes. Mais on veut bien utiliser des tissus roses, turquoises, des petits coeurs, des fleurs... » Lila approuve : « On nous reproche de faire du prosélytisme, mais ce n'est pas vrai. Je pense que chacun peut s'habiller comme il veut, et je ne serais pas d'accord si on forçait toutes les musulmanes à porter le voile. » Autour d'elles, une dizaine de lycéennes prennent leur défense. « Pourquoi les empêcher d'afficher leur @!#$ ? A ceux qui viennent en gothique, avec leur tee-shirt Satan et leurs piques dans le cou, on ne dit rien », proteste une adolescente. Deux gamines avouent qu'elles-mêmes auraient bien porté le foulard si leurs parents ne s'y étaient pas opposés fermement. Le père de Lila et Alma, lui, les a laissées libres « parce qu'il sait que nous ne sommes pas intolérantes ». Leur mère, une Kabyle non pratiquante, a eu plus de mal à comprendre. « Elle a cru qu'on allait tourner intégristes », regrette Lila. Hier après-midi, une centaine d'élèves ont refusé de rentrer en cours et ont improvisé une manifestation devant les grilles, en solidarité avec Alma et Lila. Laurent Lévy se dit « révolté ». « J'ai l'impression que l'Etat veut faire un exemple avec mes enfants, en plein débat national sur le port du voile. Selon moi, elles n'ont pas violé le règlement intérieur. Je n'hésiterai pas à attaquer en justice si c'est nécessaire. »
Blandine Seigle
Le Parisien , mercredi 24 septembre 2003
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