Auteur: oubekkou
Date: 2002-07-22 17:39:19
Le peuple algérien a résisté ; la rupture pouvoir/société est consommée. Depuis notre indépendance, les intérêts du régime se sont toujours opposés à l'émancipation de la Nation. Aujourd'hui et en dépit de manipulations frauduleuses importantes, le pouvoir n'a pas pu occulter le rejet des citoyens d'une fraude qui allait hypothéquer, une fois de plus, leur destin.
L'Algérie vit un virage historique. Le combat et le sacrifice des citoyens de Kabylie, relayés par la jeunesse algérienne aux quatre coins du pays sont des acquis politiques fondamentaux qu'il revient à la classe politique d'honorer et de traduire en alternative démocratique.
Le RCD, qui avait donné la chance à la chance en appuyant les initiatives porteuses d'espoir, avait averti, dès 97, que le combat contre les fraudes électorales qui étaient l'une des causes du malheur algérien, devaient figurer parmi les priorités du combat des démocrates.
En boycottant l'élection présidentielle de 99, notre Rassemblement signifiait déjà son refus de tout ce qui s'apparentait à une opération de plus en faveur de la survie d'un régime qui a mis la Nation dans un péril majeur.
Sitôt annoncée cette élection, le RCD a condamné l'irresponsabilité criminelle qui pouvait mener l'Algérie à une situation d'éclatement et de discrédit institutionnel irréversible. D'autres Algériens ont aussitôt exprimé les mêmes appréhensions.
Enfermé dans ses manœuvres clientélistes, le pouvoir a décidé de suivre la logique du pire.
La fuite en avant met, aujourd'hui, notre pays dans une position aussi incertaine que périlleuse.
Pour la première fois depuis l'indépendance, une partie du peuple algérien sera exclue de la représentation parlementaire. Gravissime situation qui ouvre la porte à tous les dérapages si des décisions patriotiques lucides, fortes et courageuses ne sont pas prises dans les tous prochains jours.
Au-delà de cette mutilation politique, l'APN souffrira d'un déficit de légitimité compte tenu d'un taux de participation qui, en réalité, n'a pas dépassé 20% dans le pays. Mais même relevé à 46%, il sera difficile de persuader l'opinion nationale et internationale de la crédibilité d'une assemblée, dont le pouvoir lui-même avoue qu'elle est rejetée par plus d'un Algérien sur deux.
Enfin et sur un plan qualitatif, l'assemblée, constituée des clientèles du régime, réduit l'expression populaire à la pensée unique qui a ruiné notre pays. Cette régression institutionnelle s'oppose à la ferme volonté du peuple algérien de s'installer dans la démocratie et la modernité.
Mutilation de la nation par l'absence de la Kabylie, absence de légitimité par une désaffection historique, régression politique par le retour au parti unique, cette élection est d'abord un danger pour l'Algérie.
L'avenir et l'honneur du pays exigent son annulation.
Du point de vue formel, le RCD a mobilisé son collectif militant pour être à l'écoute des populations et procéder à l'évaluation la plus fiable possible du déroulement du scrutin.
Pour avoir des résultats reflétant la sociologie du pays, le RCD a ciblé des villes du Sud, des agglomérations des Hauts plateaux et un certain nombre de cités du Nord. Ainsi, les militants ont été concentrés sur les villes de Biskra, Tolga, Ouargla,
Ghardaïa pour le sud ; Aïn Temouchent, Tiaret, Khenchela et Batna pour les Hauts-plateaux ; Tlemcen, Oran, Mostaganem, Blida, Tipaza, Alger et Constantine pour le Nord. La Kabylie, compte tenu du climat qui y régnait, a eu un suivi spécifique.
Les militants ont été instruits pour procéder au pointage devant des centres de vote en prenant en compte les diversités sociologiques des agglomérations.
Les évaluations auxquelles nous avons procédé, nous donnent une participation nationale qui avoisine les 18% avec des amplitudes importantes.
Le taux de participation à Khenchela dépasse les 45% alors qu'il n'atteignait pas 10% à Biskra. Tlemcen a connu une mobilisation qui approchait les 35% tandis que la moyenne sur Alger tourne autour de 12%.
La Kabylie n'a pas voté et les 2% revendiqués par le ministère de l'Intérieur sont, en fait, les voix des corps constitués qui auraient dû voter par procuration si la loi électorale avait été amendée.
L'émigration a voté à moins de 5%. Un pointage rigoureux sur Paris a révélé une participation de 1,85%, compensée par Marseille notamment qui a connu une affluence approchant les 9%.
Indépendamment de l'exaspération populaire qui a amené le citoyen à rejeter la fraude de trop, le RCD a aussi enregistré tout au long de la journée du 30 mai, la détresse des Algériens qui s'interrogeaient déjà sur le devenir de leur pays, à partir d'aujourd'hui.
Depuis des mois, le citoyen algérien, écrasé par la misère et la hogra, se défendait par l'émeute.
Ce boycott est le prolongement, par la protestation civique, d'une insurrection citoyenne qui interpelle la classe politique républicaine et démocratique, tenue de transformer ce rejet en projet. Le RCD y est plus que jamais disposé.
La situation est difficile. Les affrontements claniques risquent de précipiter le pays dans des perturbations violentes.
Il faut savoir que la tension actuelle peut déraper à tout moment.
Des citoyens, dont de nombreux militants du RCD, sont quotidiennement menacés. Ces agressions sont des signes d'affolement. Si elles commandent vigilance et solidarité, elles ne font que nous renforcer dans notre détermination à nous mobiliser.
|
|